Fiche de lecture sur le roman de Georges Rodenbach, Bruges-la-Morte. Elle présente un résumé du livre ainsi que les éléments nécessaires à l'élaboration d'une fiche de lecture complète.
[...] Pendant de longues minutes, il la regarde, avec une joie douloureuse, emmagasinant ses lèvres, ses cheveux, son teint, les décalquant au fil de ses yeux stagnants. Pour s'illusionner aussi avec sa voix, il baisse parfois les paupières, il l'écoute parler, il boit ce son, presque identique à s'y méprendre, sauf par instant un peu de sourdine, un peu d'ouate sur les mots. C'est comme si l'ancienne parlait derrière une tenture. Hugues Viane devient l'amant de Jane. En la regardant, il songe à la morte, aux baisers, aux enlacements de naguère. [...]
[...] Il n'a plus cette impression de solitude dans un vide immense. Jane voudrait bien voir la maison d'Hugues, parce qu'elle a depuis un certain temps decidé d'en hériter. À l'occasion d'une procession religieuse, qui passera sous ses fenêtres, elle s'invite pour dîner chez lui. Lorsque Jane voit la tresse toujours conservée de la femme morte, elle la prend, riante et la met autour de son cou. [...]
[...] Il lit un peu - des revues, de vieux livres fume beaucoup et rêvasse devant la fenêtre ouverte, perdu dans ses souvenirs. Hugues Viane mène à Bruges avec Barbe, sa pieuse servante, une vie calme et retirée, cultivant soigneusement sa douleur et ses souvenirs. Il ne parvient pas à se faire à son veuvage, se répétant à lui-même : Veuf ! Être veuf ! Je suis le veuf ! mot irrémédiable et bref, d'une seule syllabe, sans écho, mot impair et qui désigne bien l'être dépareillé. Ce n'est certainement pas par hasard qu'il a choisi cette ville. [...]
[...] Miracle presque effrayant d'une ressemblance qui va jusqu'à l'identité, il retrouve sa femme morte dans l'inconnue. Et tout - sa marche, sa taille, le rythme de son corps, l'expression de ses traits, le songe intérieur du regard - lui restitue l'image vivante de celle qu'il a aimée. Mais, marchant comme un somnambule, suivant toujours l'inconnue, machinalement, sans savoir pourquoi et sans plus réfléchir, il finit par la perdre de vue à un carrefour, où plusieurs directions s'enchevêtrent. Hugues garde de cette rencontre un grand trouble. [...]
[...] Il espère reposséder l'autre, en possédant celle-ci. Et il ne tromperait même pas l'Épouse, puisque c'est elle encore qu'il aimerait dans cette effigie et qu'il baiserait sur cette bouche telle que la sienne. Mais, la ville austère lui reproche sa liaison . Hugues installe Jane dans une maison riante qu'il a louée pour elle au long d'une promenade qui aboutit à des banlieues de verdures et de moulins. En même temps, il l'a décidée à quitter le théâtre. Il s'abandonne désormais à l'enivrement de cette ressemblance de Jane avec la morte, comme jadis il s'exaltait à la ressemblance de lui-même avec la ville. [...]
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