L'Heptaméron est un ouvrage auquel son auteur, Marguerite de Navarre, a consacré sept années de sa vie, de 1542 à 1549. Il se divise en sept journées comportant dix nouvelles, soit au total soixante-douze récits que se racontent à tour de rôle les dix personnages. Les thèmes sont multiples et variables. Sont évoqués l'amour, la religion… Chaque nouvelle, qu'elle ait une tonalité triste ou gaie, amène ensuite à un débat entre le narrateur et son auditoire. Les avis divergent et s'affrontent mais tout est mené dans un climat de bonne entente. Mais l'Heptaméron est-il pour autant un ouvrage destiné à faire rire et à divertir agréablement les lecteurs ?
Un critique contemporain écrit à propos de cet ouvrage : « On rira donc, coûte que coûte, parce que tristesse est maladie, joie est santé. Comme dans les Mille et une nuits, la succession des récits éloignera la mort ; le vide du temps qui passe sera meulé par le « passe-temps » des nouvelles qu'on se racontera sur fond de gaité obligée ».
[...] Evidemment, une fois ces voyages effectués, elle les abandonne à leur sort et aux rires de la foule : estre moquez et huez d'hommes et femmes Dans les récits de l'Heptaméron, on rit donc car on voit être joyeux et se divertir pour se protéger, en quelque sorte, de la dureté de la réalité. Mais derrière ces rires, se cache souvent un aspect plus sérieux. Les nouvelles peuvent en effet être considérées comme des histoires éducatives. On met en scène des gens qui agissent mal ou qui évoluent au sein d'un entourage mauvais. [...]
[...] C'est le curé qui fait pression sur elle pour qu'elle se taise et qui l'entraînera jusqu'à leur châtiment. Pour finir, on remarquera que le critique parle de l'Heptaméron comme d'un ouvrage où l'on rit sans cesse, or il semble passer sous silence toutes les nouvelles où le rire est loin d'être présent. Dans ces nouvelles, les personnages évoqués s'entretuent et meurent parfois dans les plus grandes souffrances. Que dire de la nouvelle numéro deux où une femme résistera à un valet jusqu'à ce qu'il la tue ? [...]
[...] Le rire n'est donc commun à toute l'œuvre, il y a aussi des points tragiques, moins nombreux, il est vrai, puisque que ces personnes semblent avoir pour but premier celui de se changer les idées : Ceulx qui avoient délibéré de dire quelques follye avoient desja les visages si joyeux, que l'on esperoit d'eulx l'ocassion de bien rire En définitive, dans l'Heptaméron, on rit beaucoup mais on rit avant tout de folie des hommes. Cette folie est un motif de divertissement mais pas seulement, puisque le rire peut avoir un but plus spirituel. Le nombre important de nouvelles permet à l'auteur de varier aussi bien les thèmes que les enseignements. [...]
[...] Les personnages rient souvent des tactiques des époux afin de cacher ou de découvrir le secret. Dans ces nouvelles on oublie, le temps d'une anecdote, la morale qu'on se devrait d'adopter et ceci pour ne réfléchir qu'à l'aspect comique des situations. Dans l'Heptaméron on peut donc rire de tous sujets, mais le rire peut avoir une autre dimension, il permet aussi aux personnages de se détacher de toute idée de mort, de panique ou de souffrance. Dans les journées, au fil des nouvelles, notamment dans les prologues qui les précèdent, on voit s'organiser la vie de ces dix personnes. [...]
[...] Nomerfide va se servir de deux cordeliers pour faire rire son auditoire. En général, même si les cordeliers ont une mauvaise réputation, ce sont des hommes de dieu et ce statut leur confère un certain respect. Ici Nomerfide veut avant tout rire d'eux, elle le dit elle-même : Et vrayment, dist Nomerfide, puisque vous avez envie de rire, je vous en voys prete l'occasion Elle commence alors l'histoire de ces cordeliers qui, passant la nuit chez un boucher et écoutant aux portes, entendent les époux parler de tuer un de leur cordelier. [...]
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