Dans sa célèbre lettre à Paul Demeny, plus connue sous le nom de "Lettre du Voyant", Arthur Rimbaud exprimait son désir de rejeter "la poésie subjective" et exposait son projet poétique dans lequel il se voulait "voyant" par un "long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens". En effet, Rimbaud est un poète particulier. D'abord fortement influencé par la Parnasse et son chef de file, Théodore de Bandeville, il s'émancipe totalement et entre dans une phase de réflexion sur la poésie, sur son rôle de poète et le statut de celui-ci en général. Quel est le but de la poésie ? Quel statut revêt le poète ? L'"enfant poète" qu'il est révolutionne totalement l'art poétique par sa façon de concevoir la poésie, son écriture, son interprétation (...)
[...] Ce dernier dira d'ailleurs de la poésie de Rimbaud que ce n'est pas une philosophie, c'est un ciel. Chacun s'en arrange, il n'a qu'à lever les yeux pour en être ébloui. Véritable ode à l'œuvre de l'enfant-poète, cette phrase symbolise l'héritage que laisse cette œuvre à la littérature poétique avec notamment, un poème tel que Après le déluge qui ouvre le recueil est constitue en fait une véritable initiation au surréalisme par la succession d'images non sans rappeler l'écriture automatique Ainsi, déçu de ne pas avoir réussi à changer la vie comme il l'explique dans Une saison en Enfer, Rimbaud cherche un recours par le langage dans Les Illuminations. [...]
[...] D'abord fortement influencé par la Parnasse et son chef de file, Théodore de Bandeville, il s'émancipe totalement et entre dans une phase de réflexion sur la poésie, sur son rôle de poète et le statut de celui-ci en général. Quel est le but de la poésie ? Quel statut revêt le poète ? L' enfant poète qu'il n'est révolutionne totalement l'art poétique par sa façon de concevoir la poésie, son écriture, son interprétation. Ainsi, Apollinaire ne s'est-il pas influencé de la poésie rimbaldienne lorsqu'il s'exclame, dans La Femme assise Douce poésie ! [...]
[...] Ce monde, tel est l'originalité de l'œuvre de Rimbaud ici, un monde nouveau qui révolutionne finalement la poésie, notamment dans son expression. Il existe en effet une confusion entre le monde naturel et le monde théâtral qui renforce cet univers féérique : Dans Scènes on ne sait plus si c'est le paysage réel qui devient décor ou l'inverse. Le monde nous est présenté comme un théâtre un décor factice tandis que le théâtre ouvre tout un espace imaginaire et sensible. [...]
[...] Cependant, même s'il est un poète à part dans l'histoire de la littérature française, Rimbaud reste le plus souvent associé à une poésie symboliste, notamment par sa quête d'un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens R. Lalou émettait par exemple ce bilan du symbolisme : Si l'on considère l'évolution générale de notre littérature, on n'hésitera même pas à dire que la révolution symboliste fut plus profonde que l'insurrection romantique. Car les symbolistes ont compris que le problème fondamental était celui du langage. [...]
[...] Hourra pour l'œuvre inouïe Cependant, à force de vouloir rivaliser avec Dieu, de voler le feu à Prométhée par un langage au symbolisme exacerbé, Rimbaud n'encours-t-il pas le risque de se distancier du lecteur quitte à ne plus se faire comprendre de lui ? En effet, Rimbaud semble persuadé ici qu'il existe un monde qui dépasse la réalité des choses, un au-delà accessible seulement au poète voyant que seul le langage permet de tendre vers. Ainsi, qu'en est-il du lecteur dans ce constat ? Est-il condamné à ne pas accéder à cet au-delà que seul le poète voyant peut connaître ? [...]
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