C'est en effet dans le dernier tiers du XVIIIe siècle que le mouvement philanthropique se développe, à une période à la fois d'un ralentissement de la croissance qui semble révéler certains processus de déséquilibres sociaux, et d'assimilation consensuelle de l'enseignement des Lumières. Les « philanthropes » sont donc ces hommes qui, souvent techniciens ou financiers, et fondant sur leur « esprit de citoyen » un devoir d' « utilité » sociale, se penchent sur divers thèmes de la question sociale et multiplient les propositions humanitaires.
En particulier, la réflexion se centre sur la réforme de l'assistance (où l'on oppose notamment à la réclusion hospitalière les mérites des soins à domicile), la mendicité, la justice criminelle qu'il s'agit d'humaniser, les systèmes de prévoyance inspirés des progrès de la statistique... Si cette réflexion est dense et les projets nombreux, Catherine Duprat insiste sur la complémentarité, dans la démarche philanthropique, des versants théorique et pratique ; ainsi, des expériences concrètes voient alors le jour, comme les « bureaux de charité » de Turgot.
[...] Cette conquête de l'espace public est alors également modèle de vie citoyenne, élément précurseur des engagements politiques de la Révolution. Grâce à cette prise en main de la question sociale par des notables liés aux instances dirigeantes, la philanthropie se traduit par une législation dont les principes, et notamment celui du secours à domicile, seront amenés à durer. La bienfaisance, qui s'épanouit avec la Révolution dans des voies d'expression à la fois privées et publiques, semble ainsi s'introduire dans l'horizon politique, érigeant au rang de préoccupation civile cet amour de l'humanité qu'elle entend promouvoir. [...]
[...] POUR L'AMOUR DE L'HUMANITE - Catherine DUPRAT - Le temps des philanthropes : La philanthropie parisienne des Lumières à la monarchie de Juillet tome Éditions du C.T.H.S, Paris 485p. I. PRESENTATION : De l'auteur : De l'ouvrage : 2 II. LECONS D'HUMANITE : Lumières et bienfaisance : Naissance des œuvres : 3 III. REVOLUTION ET PHILANTHROPIE : Philanthropes et patriotes à l'aube de la Révolution : Patriciens et législateurs : Amis des hommes et compagnies d'amis des hommes : La bienfaisance nationale : La Révolution et les œuvres : 7 IV. [...]
[...] Cependant, lorsqu'en 1791 sont établies, dans le cadre de la mise en place officielle des secours publics révolutionnaires, des commissions paroissiales, les comités fraternels devenus comités sectionnaires dénoncent leur tutelle ecclésiastique ; ils obtiennent gain de cause par la loi du 19 mars 1793 qui laïcise l'assistance, et se trouvent ainsi officialisés (ils resteront l'organe principal des secours publics jusqu'à l'aube du XXe siècle). Dans ces comités, le personnel bénévole finit par se démocratiser ; ce sont désormais les moyenne et petite bourgeoisies qui sont prépondérantes. Le militantisme philanthropique atteint ainsi son apogée en l'an II, la générosité du peuple, expression de solidarité de classe (p.172), s'inscrivant au cœur des pratiques civiques. [...]
[...] Ainsi dans les premiers mois de la Constituante, Catherine Duprat estime à une petite soixantaine d'individus le groupe (politiquement hétérogène) des députés patriotes et philanthropes parisiens qui réclament l'examen de certaines questions humanitaires, comme la réforme pénale ou le sort des Noirs. Cependant hors de l'Assemblée, on assiste également à une exceptionnelle fécondité des propositions réformatrices Patriciens et législateurs : Ainsi, la cause des pauvres en particulier est mise en avant et suscite la première souscription patriotique peu après la prise de Bastille. [...]
[...] Les philanthropes sont donc ces hommes qui, souvent techniciens ou financiers, et fondant sur leur esprit de citoyen un devoir d' utilité sociale, se penchent sur divers thèmes de la question sociale et multiplient les propositions humanitaires. En particulier, la réflexion se centre sur la réforme de l'assistance (où l'on oppose notamment à la réclusion hospitalière les mérites des soins à domicile), la mendicité, la justice criminelle qu'il s'agit d'humaniser, les systèmes de prévoyance inspirés des progrès de la statistique . [...]
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