Créée au théâtre Marigny par la Compagnie Madeleine Renaud -Jean-Louis Barrault, le 27 octobre 1950, dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault, La Répétition ou l'amour puni de Jean Anouilh a suscité dans les milieux de la critique dramatique des réactions mitigées : on y apprécia une pièce brillante dans laquelle Anouilh a réécrit avec beaucoup de brio et de fantaisie la Double inconstance de Marivaux, mais on déplora aussi que la comédie ait basculé si brutalement, dans les deux derniers actes, dans le mélodrame. Anouilh serait passé ainsi et sans transition de la comédie italienne au théâtre de boulevard, de Marivaux à Henry Bernstein, rompant l'unité de ton de sa pièce. « J'ai bien cru que j'aurais à saluer la Répétition comme un chef-d'œuvre… », écrit Francis Ambrière dans L'Opéra. Mais la seconde partie de la pièce formée des actes IV et V, l'en a empêché. De son côté Paul Abram a évoqué ce changement d'inspiration qui caractérise la seconde partie de la pièce comme « un virage brusque qui ramène au ton néo ou post-romantique du mélodrame(…) ».
Rappelons que dans cette pièce, du moins dans les trois premiers actes, l'action se déploie selon deux lignes de force qui finissent par se croiser et à plus d'un moment.
La pièce raconte l'organisation par le Comte, prénommé Tigre, dans son château de Ferbroques d'une fête dont le clou est la représentation de la Double Inconstance de Marivaux: ce sont sa femme, lui-même et leurs amis qui sont invités à jouer cette comédie. On trouve donc réunis au château de Ferbroques, la Comtesse et son amant Villebosse, Hortensia, la maîtresse du Comte, et un ami de celui-ci, Héro. Ce sont tous des mondains désabusés. Pour jouer le rôle de Silvia, l'ingénue de Marivaux, Tigre a choisi une jeune fille pauvre et pure, Lucile, nièce de M. Damiens, l'homme d'affaires de la Comtesse. Lui-même joue le rôle du Prince. Mais très vite, le Comte tombe amoureux d'elle et la répétition des duos amoureux de Marivaux, devient pour lui l'occasion de déclarer sa flamme à la jeune Lucile. L'amour de Tigre pour Lucile gêne l'entourage, et en particulier son épouse et sa maîtresse. La Comtesse est particulièrement inquiète devant la tournure que prend cette nouvelle aventure galante de son époux, éperdument amoureux de Lucile. Pour éloigner la jeune fille, la Comtesse la fait d'abord soupçonner d'avoir dérobé une émeraude, mais ce stratagème est vite déjoué par le Comte qui oblige sa femme à faire des excuses à la jeune fille. A la fin de l'acte trois, après avoir réussi à éloigner son époux, elle fait part à son ami Héro de son projet de vengeance.
C'est l'exécution de ce projet à l'acte IV et ses conséquences morales et dramatiques à l'acte V, qui ont suscité les réserves des critiques qui y ont vu « une farce grinçante » indigne du charmant « divertissement » qu'offre la répétition de la comédie de Marivaux.
[...] Si tu manques d'argent, je t'en donnerai. Si tu veux oublier je t'apprendrai à boire. Mais amuse-toi comme moi je t'en supplie. C'est que ce visage signifie pour Héro sa vie ratée et le bonheur désormais inaccessible. Amer parce qu'il a perdu le grand amour de sa vie et qu'il passe son temps à noyer son chagrin dans l'alcool, Héro est dégoûté par la métamorphose de son ami Tigre sous l'effet de l'amour de Lucile : " Et ne prends pas ce visage-là", lui crie-t-il . [...]
[...] Il faut tout faire pour écarter Lucile, sans compromettre la fête dont le Comte et elle attendent un grand succès mondain. L'intérêt dramatique se porte maintenant sur l'ensemble des moyens qu'elle va mobiliser pour arriver à ses fins. La Comtesse devient ainsi au milieu du IIIe acte le nouveau meneur de jeu dans la pièce; jusque -là, ce rôle était joué par le Comte. Le premier stratagème imaginé par elle est de faire peser des soupçons sur la moralité de la jeune fille pour blesser son orgueil et la forcer ainsi à quitter le château : Recevant la jeune fille, après avoir fait fouiller sa chambre et la rendant ainsi suspecte, la Comtesse va jusqu'à lui souffler indirectement la décision qu'elle devrait prendre: " Oui, c'est toujours désagréable, pour tout le monde, les soupçons. [...]
[...] Dès que Lucile se rend compte des sentiments du Comte à son égard, elle prend conscience que cet amour ne peut que susciter l'hostilité de leur entourage. Ils sont seuls face aux autres : "Lucile: Vous savez que nous sommes censés répéter notre scène et qu'ils écoutent aux portes, très certainement. " Elle ajoute un peu plus loin : " ( . ) J'ai simplement peur qu'ils nous écoutent, c'est vrai." Le Comte craint aussi que ses invités ne surprennent sa conversation avec Lucile: " " Je vous pose une question. [...]
[...] La vengeance d'un ami ou le jeu de Héro "Il y a eu un ange dans ma vie ( . L'amitié est souvent trahie dans l'univers d'Anouilh. Elle n'est pas suffisamment forte pour endiguer les effets dévastateurs de la jalousie. Dans Le voyageur sans bagage (1937), Gaston amnésique apprend que Jacques avec lequel on l'a identifié, a par jalousie, poussé son meilleur ami du haut de l'escalier, lui causant une fracture de la colonne vertébrale qui l'a rendu infirme[31]. Et dans Pauvre Bitos ou le dîner des têtes (1956), il est reproché André Bitos, Substitut, de n'avoir pas hésité à faire exécuter son camarade de collège. [...]
[...] L'amour de Tigre pour Lucile gêne l'entourage, et en particulier son épouse et sa maîtresse. La Comtesse est particulièrement inquiète devant la tournure que prend cette nouvelle aventure galante de son époux, éperdument amoureux de Lucile. Pour éloigner la jeune fille, la Comtesse la fait d'abord soupçonner d'avoir dérobé une émeraude, mais ce stratagème est vite déjoué par le Comte qui oblige sa femme à faire des excuses à la jeune fille. A la fin de l'acte trois, après avoir réussi à éloigner son époux, elle fait part à son ami Héro de son projet de vengeance. [...]
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