Le récit policier: Edgar Allan Poe

Résumé du document

A la fin du XIXème siècle, sous le Second Empire, un nouveau genre littéraire se constitue : le policier. Mais dès son apparition, ce genre a mauvaise réputation et se voit exclu du champ de la « vraie » littérature. Pourtant, Edgar Allan Poe fera de ce genre l'un des plus grands et des plus appréciés. Ainsi, en 1841, il écrit Double Assassinat dans la rue Morgue, considéré comme le premier récit policier moderne. Son narrateur annonce le bon docteur Watson et le personnage de Dupin devance le célèbre détective, Sherlock Holmes. Cette première nouvelle sera suivie de deux autres : Le Mystère de Marie Roget en 1842 puis, deux ans plus tard, La Lettre volée. Dans le Journal des Goncourt, il est dit : « Après avoir lu Poe. Quelque chose que la critique n'a pas vu : un monde littéraire nouveau, les signes de la littérature du XXème siècle. Le miraculeux scientifique, la fable par A + B ; une littérature maladive et lucide ». Nous allons donc voir en quoi cette succession de remarques correspond à la complexité de l'œuvre de Poe tout en étudiant le personnage de Dupin. On s'intéressera aussi au contexte dans lequel ce dernier a été créé sans omettre de nous pencher sur l'auteur et la dualité qu'il entretient avec son personnage.

Extraits

[...] (p.517) Cela illustre donc l'idée que ce qu'il fait ne relève pas de l'irrationnel ou du merveilleux mais que cela reste logique. Il est dit un peu plus loin : La faculté d'analyse ne doit pas être confondue avec la simple ingéniosité ; car, pendant que l'analyste est nécessairement ingénieux, il arrive souvent que l'homme ingénieux est absolument incapable d'analyse. (p.519) Ici, Dupin qui est ingénieux mais surtout analyste nous met en garde de ne pas confondre ces deux termes qui sont pour lui loin d'être indissociables. [...]

[...] Il cite donc différents journaux de l'époque comme L'Etoile, Le Moniteur ou encore Le commercial pour comparer leurs dires. Il est d'ailleurs surprenant de voir la précision avec laquelle ces journaux parlent des faits. On a plus l'impression que ce sont des rapports d'expertise faits par la police. De plus, le récit s'arrête net sans qu'on sache qui est le meurtrier. On sait juste que les hypothèses de Dupin mènent à la résolution du mystère mais Poe ne nous fait pas part de cette résolution. [...]

[...] Cette duplicité dont nous fait part l'ami de Dupin semble très révélatrice à la fois pour notre enquêteur mais aussi pour son créateur, Edgar Allan Poe. Cette idée peut aussi rejoindre l'expression dont nous avons déjà parlé le miraculeux scientifique ainsi que la formule une fable par A + B Sans s'arrêter là, on pourrait même ajouter qu'elle a un lien direct avec les derniers mots de notre citation : une littérature maladive et lucide Si on examine chacune de ces expressions, on voit bien qu'elles sont antithétiques d'où la richesse de l'œuvre de Poe. [...]

[...] Puis, nous étudierons l'importance de la science dans les nouvelles de Poe à travers le Chevalier Dupin. Enfin, dans une dernière partie, nous montrerons en quoi Poe a crée une œuvre complexe, voire paradoxale. En 1841, avec Double Assassinat dans la rue morgue, on peut véritablement dire que Poe a donné naissance à un nouveau genre : le récit policier. En ce sens, Poe est considéré comme le précurseur de la littérature du XXème siècle. Edgar Allan Poe a écrit ses nouvelles au XIXème siècle, pourtant on peut y voir les signes de la littérature du XXème. [...]

[...] Il n'existe pas de récit policier sans un enquêteur. C'est Edgar Poe qui l'invente, puis Conan Doyle l'améliore. L'enquêteur vit des aventures intellectuelles : ce sont les aventures d'un esprit. Ce personnage est une nouveauté dans le monde littéraire. Tous les historiens du roman policier s'accordent à reconnaître qu'Edgar Allan Poe a inventé un archétype littéraire : le détective amateur, l'homme qui collectionne les énigmes comme d'autres collectionnent les objets. Parmi tous les détectives qui vont exister par la suite, Auguste Dupin restera le seul à connaître une activité aussi brève. [...]