Le ravissement de Lol V. Stein, Duras, deux crimes, vérité romanesque, écriture romanesque protéiforme
- Roman s'ouvre et s'achève sur deux crimes : la trahison du fiancé Michael Richardson et symétriquement, celle de Jacques Hold, l'une notoire, l'autre secrète.
- Personnages sont chacun leur tour des espions puis ils sont suivis à leur insu : Lol traque de loin le couple adultère et sera espionnée par la narratrice.
- Incipit : bilan informatif pour répondre aux questions de tout incipit. Il manque les dates : tout se passe comme si le personnage n'avait pas d'âge, elle échappe au temps humain. Elle est justement insaisissable, objet de curiosité et matière du roman.
[...] - appartient au domaine de l'incompréhensible, voire de l'indicible. - portrait jamais objectif car le personnage est construit par bribes, au fil des découvertes, modelé par le regard et le désir des autres. Pour sa mère elle reste une enfant asexuée et fragile, Jean Bedford en fait une description sensuelle. Elle est protéiforme, tantôt éternellement jeune, avec un corps de pensionnaire grandit tantôt prématurément vieillie pendant et après le bal. Elle ne semble par réelle, insaisissable car en elle se projettent les désirs et les peurs des autres. [...]
[...] Le ravissement de Lol V. Stein, Duras. Une écriture romanesque protéiforme. - Roman s'ouvre et s'achève sur deux crimes : la trahison du fiancé Michael Richardson et symétriquement, celle de Jacques Hold, l'une notoire, l'autre secrète. - Personnages sont chacun leur tour des espions puis ils sont suivis à leur insu : Lol traque de loin le couple adultère et sera espionnée par la narratrice. - Incipit : bilan informatif pour répondre aux questions de tout incipit. Il manque les dates : tout se passe comme si le personnage n'avait pas d'âge, elle échappe au temps humain. [...]
[...] - Insensiblement, les chapitres du roman s'allongent et les verbes au passé, sont remplacés par des verbes au présent pour évoquer les paroles, pensées, gestes La fiction, auparavant mise à distance et vue de manière rassurante avec recul, devient soudain étonnamment proche et familière. Le narrateur prend de l'épaisseur lorsqu'il sort de sa neutralité objective théorique. Il n'est plus comme dans la tradition romanesque du XIXe siècle, à l'extérieur dans une position surplombante, mais fait partie intégrante de l'histoire dont il est l'un des principaux acteurs. - Histoire sans commencement et sans fin. Lol n'a pas de destin. [...]
[...] - Lol V. Stein est au cœur d'une énigme à élucider et tous les personnages gravitent autour d'elle, liés par le sang ou le passé. - Marguerite Duras manipule la vérité romanesque avec des effets polyphoniques, un croisement des points de vue déjà expérimentés dans les romans épistolaires du XVIIIe siècle notamment, ou dans les récits enchâssés ; avec cependant une présence très forte du narrateur qui usurpe parfois la place de l'écrivain j'invente, je vois je crois ceci D'ailleurs à la fin du roman, le récit est scandé par j'invente l'imagination ayant supplanté la simple vision. [...]
[...] Le lecteur a l'impression de piétiner dans cette enquête à objet fuyant, dans un texte où les personnages radotent, s'enlisent dans leur propre discours. ( Point de vue morcelé et changeant. Duras fait varier les points de vue avec les témoignages de Tatiana Karl sur lesquels s'ouvre le roman, le narrateur omniscient, la prise de parole de Jacques Hold, qui avec ses révélations fracassantes a valeur de coup de théâtre et de relais. Focalisation internes sur Lol V. Stein : passe d'objet qu'on voit et dont on parle à celui de sujet actif. ( Dimension polyphonique grâce notamment au mélange des discours. [...]
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