Résumé et analyse des principaux thèmes du roman de Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck, lequel plonge ses lecteurs dans un petit petit village, quelques années après la guerre et quelques jours après qu'un meurtre collectif a été commis.
[...] Pour les autres, la méfiance l'emporte sur toutes considérations. L'exposition de portraits est vécue comme une agression. Non seulement les habitants ont été représentés, mais ils ont été regardés au plus profond de leur âme. C'est ce qu'ils sont qui figure sur les feuilles accrochées, la façon dont tous les autres, du moins les plus perspicaces, les perçoivent mais qu'ils s'efforcent de dissimuler car la vérité est rarement flatteuse. L'étranger a attaqué le premier. Le corps social ne peut que réagir, l'empêcher de nuire davantage, d'exposer plus avant la réalité des uns et des autres. [...]
[...] Ici, tout est possible et surtout le pire. La faim, les coups, la mort sont le quotidien d'êtres qui ne se préoccupent que de leur survie, au-delà de l'acceptable. Brodeck en est un exemple, qui renonce à dignité, se prête à ce que ses bourreaux attendent de lui, dort dans une niche aux côtés de dogues mieux traités que lui. Il est avili, soumis, mais en même temps totalement détaché de ce monde abject, réfugié au plus profond de sa misère dans le souvenir d'Emélia, dans son désir de la retrouver. [...]
[...] Ils ne sont pas très différents des autres, mais ils ont une conscience, une connaissance aussi du Mal, qu'ils savent distinguer du Bien, sans porter de jugement, simplement en s'interrogeant. Ce n'est qu'une lueur ténue, mais elle rassure. Malgré un certain pessimisme, ou peut-être grâce à cette vision sombre de la condition humaine qui peut aussi s'apparenter à du réalisme et à cette petite flamme qui subsiste Philippe Claudel est un humaniste. C'est aussi un très bon conteur, sachant construire ses romans jusqu'à ce que la dernière pièce du puzzle se mette en place. [...]
[...] Ils commettent le pire sans trop se poser de questions, mais ensuite, ils ne peuvent plus vivre avec le souvenir de ce qu'ils ont fait. Il faut qu'ils s'en débarrassent. Alors ils viennent me voir car ils savent que je suis le seul à pouvoir les soulager, et ils me disent tout. Je suis l'égout. Je ne suis pas le prêtre, je suis l'homme-égout. Celui dans le cerveau duquel on peut déverser toutes les sanies, toutes les ordures, pour se soulager, pour s'alléger. [...]
[...] L'homme est grand, mais nous ne sommes jamais à la hauteur de nous-même Le rapport de Brodeck est un roman à la fois prenant, oppressant et complexe. Le narrateur conte une histoire, mais sur plusieurs registres, ce qui permet de passer rapidement du présent (le temps de la rédaction du rapport) au passé, ce dernier se partageant entre ce qui concerne directement l'Anderer, soit un passé proche, et tout le reste, qu'il s'agisse de l'histoire personnelle de Brodeck ou des secrets des villageois. [...]
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