Le travail présenté a pour objet de rendre compte de la lecture de l'ouvrage Le racisme, une introduction de Michel Wieviorka. Il nous présente de manière exhaustive l'ensemble des comportements et des pratiques que peut revêtir le racisme.
Bien que l'emploi du terme, « racisme » soit récent, car apparu dans l'entre-deux-guerres dans nos sociétés occidentales, le phénomène et les pratiques auxquels il renvoie sont bien antérieurs à son utilisation dans le vocabulaire courant et pourraient se généraliser à d'autres sociétés, d'autres civilisations.
Toutefois, Michel Wieviorka ne fera reposer son étude que sur les sociétés occidentales de l'ère moderne, dans un souci d'éviter de possibles anachronismes, interprétant des pratiques, des idées anciennes, au regard d'un concept nouveau.
Ainsi, le racisme est selon lui « un attribut des sociétés modernes, individualistes » (page 16), entendant bien que l'ère moderne dans nos sociétés occidentales a débuté avec la renaissance. À la forte hiérarchisation sociale existant dans les sociétés « post-modernes » succède, dans les sociétés « égalitaires », l'idéologie raciste, comme moyen de distinction procédant à son tour d'un nouvel ordre hiérarchique. (...)
[...] On observe alors la mise en place, par certains établissements, de stratégie relevant de la ségrégation sociale, celle-ci débouchant sur une ségrégation raciale. Un constat similaire peut être effectué pour les institutions en charge de la solidarité, l'ordre et les services publics. Ainsi, si en Europe nombre de systèmes d'assurance sociale rencontrent d'importantes difficultés en raison du vieillissement de la population, de l'accroissement des demandes de santé, de la hausse du chômage, il est fréquent (et commode) d'attribuer ces difficultés (pourtant structurelles) aux immigrés, taxés de profiteurs qui pervertissent le système en abusant de celui-ci. [...]
[...] Par ailleurs, Michel Wieviorka alimente aussi notre réflexion en analysant l'évolution du traitement de la différence par les médias, qui est lui aussi fortement lié à la dualité du traitement de l'information précédemment évoqué. Ainsi, il nous fait remarquer que jusque dans les années 70, la différence était abordée sur le registre de l'infériorisation, confinant le groupe victime au rôle social (restreint) qui lui était attribué. Quand le groupe racisé n'était pas tout simplement largement sous représenté dans les médias, il pouvait apparaître dans des publicités du type : Y'a bon banania Cependant, pour aussi condamnables qu'ait été ce type de pratiques, elles présentaient néanmoins l'avantage d'une grande visibilité quant aux préjugés auxquels elles se référaient. [...]
[...] Or, dans des sociétés qui sont de plus en plus le théâtre de revendications identitaires, ce racisme semble appelé à perdurer voire à s'accentuer. Aussi, au delà de politiques antiracistes volontaires et affirmées, il me semble qu'un travail d'éducation, d'information est indispensable pour invalider les représentations, échapper aux stéréotypes qui constituent l'essence même du préjugé, forme la plus élémentaire du racisme (et la plus répandue). Ceci implique de la part des acteurs qui se revendiquent de l'antiracisme ou tout simplement de ceux qui ne sont pas racistes une vigilance et une implication quotidienne, de la rigueur et surtout l'intime conviction qu'en dehors de tout jugement ethnocentrique, voire égocentrique aucune hiérarchisation, aucune classification, aucun jugement de valeur n'a de sens appliqué à l'espèce humaine. [...]
[...] En revanche, si la ségrégation peut être raciale, elle peut également être sociale et/ou économique mais aboutira de fait à une séparation raciale. En outre, si la ségrégation peut être le fait du groupe raciste dominant, elle peut également l'être du groupe infériorisé qui trouve dans cette mise à l'écart, dans ces espaces communautaires des ressources culturelles, voire économiques, dont il ne dispose pas ailleurs (page 62). C'est ce que tend à prouver L Wirth de l'école de Chicago quand il fait état de la ségrégation urbaine symbolisée par le ghetto où, selon lui, ceux qui y résident, y trouvent des ressources, une protection et la possibilité de se constituer une vie politique propre avec sa culture, ses règles et lois, son économie au sein d'une communauté vivante. [...]
[...] D'autre part, la poussée des idées néo-libérales qui, prônant le désengagement de l'État, mettent à mal l'idée de solidarité nationale qui selon eux, en offrant des aides et des garanties aux immigrés attireraient de l'étranger des nouveaux arrivants qui ne penseraient qu'à bénéficier indûment des fruits de l'activité et du travail des nationaux (page 101). Paradoxalement, ces mêmes néo-libéraux prônent l'ouverture des frontières dans une perspective libre-échangiste pure. À partir de là, le racisme sous-jacent au discours n'est plus à démontrer. [...]
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