1) Phèdre, une tragédie classique
Lorsque Racine écrit Phèdre en 1677, sa carrière est à son apogée : ses pièces précédentes ont rencontré un grand succès, il est entré à l'Académie Française en 1673, et il vient d'être nommé historiographe du roi, la fonction littéraire la plus prestigieuse de l'époque. Il a donc pour sa nouvelle pièce de grandes ambitions.
Pour écrire Phèdre, Racine va s'inspirer de nombreux auteurs grecs, latins, mais aussi contemporains. Pourtant, il va aussi s'en démarquer de plusieurs manières. D'abord par la façon dont il traite les confrontations directes entre Phèdre et Hippolyte : dans la demi mesure, pas comme Euripide qui évitait toute confrontation dans Hippolyte Porte Couronne, ou Sénèque, qui confrontait les deux personnages à outrance. Mais la spécificité de la pièce réside ici sur la présentation de Phèdre comme personnage tragique, et non Hippolyte. Phèdre, chez Racine, apparait comme une femme coupable, mais qui a lutté de toutes ses forces pour résister à cette passion, entièrement due à la malédiction divine. De plus, elle ne commet plus de mensonge, et ne dénonce pas Hippolyte directement, ce qui la rend moins odieuse au spectateur.
Phèdre est aussi une tragédie classique dans le sens où elle repose presque uniquement sur les passions des personnages, et très peu sur des événements extérieurs. Comme le disait Racine, une tragédie se doit d'être « une action simple, chargée de peu de matière, s'avançant par degrés vers sa fin, et qui n'est soutenue que par les passions et les intérêts des personnages. »
2) Racine, un auteur tragique
Jean Racine est né le 22 décembre 1639 dans une famille de la moyenne bourgeoisie. Très vite devenu orphelin, il est élevé par ses grands parents puis par sa tante, une religieuse, qui l'éduque selon les principes jansénistes à Port Royal. Il fait ensuite des études prestigieuses, lui permettant notamment de lire les grands auteurs grecs. (...)
[...] Influence du jansénisme Racine est un des principaux représentants de la philosophie janséniste au XVIIe siècle. Ainsi, il est naturel que toutes ses pièces, et en particulier Phèdre, soient influencées par cette morale propre à cette époque. On distingue deux grands aspects : la notion de grâce et de prédestination, et la morale austère et rigoriste. Comme nous l'avons vu dans l'étude du personnage tragique, Phèdre ne contrôle pas vraiment, voire pas du tout ce qui lui arrive. Cela relève de l'idée qu'il existe une force surnaturelle qui décide de nos actions et de notre libre arbitre, et qui détermine notre avenir : on appelle cela la prédestination. [...]
[...] Ceci montre l'existence, dans la pensée de Racine, qu'il faut être rigoureux dans ses actes, et avoir un mode de vie austère. L'attitude de Phèdre, tout au long de la pièce, pourrait être comparée à celle que l'on observe dans La Princesse de Clèves. Les vers 307/308/309 en sont tout à fait représentatifs : J'ai conçu pour mon crime une juste terreur J'ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire. [...]
[...] Racine, un auteur tragique Jean Racine est né le 22 décembre 1639 dans une famille de la moyenne bourgeoisie. Très vite devenu orphelin, il est élevé par ses grands parents puis par sa tante, une religieuse, qui l'éduque selon les principes jansénistes à Port Royal. Il fait ensuite des études prestigieuses, lui permettant notamment de lire les grands auteurs grecs. En 1658, Racine entre au service du duc de Luynes, connu pour être janséniste, tout en fréquentant la société mondaine et lettrée. [...]
[...] Phèdre, tout au long de la pièce et de manière croissante, perd également le contrôle d'elle-même. A un tel point que nous ne savons parfois si ce qu'elle fait est volontaire ou non. Par exemple, à la scène 5 de l'acte II, scène de confrontation entre Hippolyte et Phèdre elle-même où avant de lui parler, elle dit, à part : Je le vois, je lui parle, et mon cœur je m'égare, Seigneur : ma folle ardeur malgré moi se déclare L'aliénation de Phèdre se fait progressivement tout au long de la pièce. [...]
[...] Pourtant, il va aussi s'en démarquer de plusieurs manières. D'abord par la façon dont il traite les confrontations directes entre Phèdre et Hippolyte : dans la demi mesure, pas comme Euripide qui évitait toute confrontation dans Hippolyte Porte Couronne, ou Sénèque, qui confrontait les deux personnages à outrance. Mais la spécificité de la pièce réside ici sur la présentation de Phèdre comme personnage tragique, et non Hippolyte. Phèdre, chez Racine, apparait comme une femme coupable, mais qui a lutté de toutes ses forces pour résister à cette passion, entièrement due à la malédiction divine. [...]
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