I. Les questions sur le texte (4 points) doivent être rédigées au propre comme le résumé.
a) Quel est le thème du texte ? Justifiez en donnant des exemples. /2 points
b) Quelle est la thèse du texte ? Justifiez en donnant des exemples. /2 points
c) Quel est l'enjeu de ce texte ? /1 point
II. Résumez ce texte en en 210 mots (plus ou moins 10%).
Indiquez le nombre de mots à la fin de votre résumé. (15 points)
Indiquez le nombre de mots a la fin de votre résumé. Longueur admise entre 189 et 231 mots ; en deçà ou au-delà, 1 point en moins tous les 5 mots. 1 point en moins toutes les 5 fautes.
Texte à résumer
Au début du XVIe siècle, le philosophe florentin Nicolas Machiavel a ouvert la voie à la pensée politique moderne. On associe souvent son nom à l'action de gouvernants cyniques et manipulateurs. Forgée par ses détracteurs, cette « mauvaise réputation » cache en fait un authentique théoricien de la liberté et du pouvoir populaire.
En effet, en définissant la politique comme un champ d'action et de réflexion autonome sur lequel la morale n'a pas prise, Machiavel déclenche une « véritable révolution dans le mode de penser », qui débouchera plus tard sur la constitution de la science politique moderne. C'est cette innovation qui lui vaudra tant d'inimitiés . Les uns lui reprochent d'avoir mis au jour les mécanismes de la domination et enseigné aux gouvernés comment les gouvernants s'y prennent pour asseoir leur pouvoir ; les autres d'avoir détruit, au nom de l'efficacité de l'action, le lien intrinsèque existant selon eux entre la politique, la morale et la religion.
Machiavel développe cependant une autre problématique essentielle. Selon lui, chaque régime repose sur l'opposition fondamentale entre deux grandes classes sociales, qui en détermine la forme : le peuple, c'est-à-dire le commun des citoyens, et les grands, ceux qui constituent l'élite sociale, économique et politique. Les seconds, minoritaires, veulent la domination ; le premier, majoritaire, la conteste.
Or, aucun Etat ne peut faire l'économie de cette division sociale : le conflit entre les deux classes, qui recouvre des différences de rang, de richesse et d'aspirations, est universel, et sans résolution définitive possible. Pour diriger, il faut choisir un camp. Pour Machiavel, ce ne peut être que celui du peuple, car ses buts sont plus honnêtes que ceux des grands, les uns voulant opprimer, l'autre ne pas être opprimé. La monarchie, ce principe autoritaire que Machiavel voit également dans l'oligarchie, est incapable de résoudre la question sociale. Il faut donc lui préférer un régime républicain, seul système à même de garantir l'égalité des citoyens, la réalisation du bien public et l'indépendance du pays.
Mais cette république ne peut s'appuyer que sur l'institution de la discorde civile entre les élites et la plèbe, autrement dit sur la reconnaissance politique du conflit inhérent à la cité. L'idée d'une société pacifiée est un mythe, voire une aberration. Machiavel estime ainsi que la République romaine n'arriva à sa perfection que par les dissentiments du Sénat et du peuple.
Par là, il s'écarte radicalement du modèle classique, selon lequel l'Etat doit reposer sur des rapports de concorde. Pour lui, au contraire, l'institution de cette discorde civile est le fondement même de la liberté. Dans toute république, il y a deux classes sociales (…) et toutes les lois favorables à la liberté ne naissent que de leur opposition. C'est pourquoi il est essentiel de mettre en place un dispositif légal par lequel le peuple puisse faire entendre ses revendications et ses droits.
Une fois admise la participation commune du peuple et des grands au pouvoir par le biais de leur opposition, la question se pose de savoir à qui confier la « garde de la liberté » et le soin de veiller au bon fonctionnement des institutions. Ce problème est d'une importance capitale, car du contrôle de l'intérêt public par l'une ou l'autre de ces deux catégories dépendent la solidité et l'unité de l'Etat. Quelle forme la république doit-elle donc prendre : aristocratique ou démocratique ?
Alors que la grande majorité des penseurs républicains de son époque prônent une oligarchie, le Florentin préconise l'instauration d'une république populaire fondée sur l'autorité suprême d'une assemblée au sein de laquelle le peuple peut participer, au même titre que les grands, à la direction des affaires de la cité. Il considère que c'est une bonne chose le fait qu'un conseil général ait autorité sur les citoyens, parce que c'est un frein efficace contre les ambitions de certains. (…) Le grand nombre sert à sévir contre les grands et contre l'ambition des riches. Est plus à même de protéger la liberté et l'égalité, celui qui a intérêt à les voir se maintenir. Machiavel soutenait l'idée qu'il fallait toujours confier « le dépôt de la liberté » à ceux qui ont le moins le désir de la violer.
En revanche, quand ce ne sont pas ceux qui ont le plus de mérite, mais ceux qui ont le plus de puissance qui occupent les fonctions élevées de l'Etat, un autre conflit apparaît : la division entre groupes d'intérêts rattachés le plus souvent à des clans familiaux, à des systèmes clientélistes ou à des monopoles financiers — ce que Machiavel range sous le nom de sette. Dès lors que les riches seuls et les puissants proposent des lois, bien moins en faveur de la liberté que pour l'accroissement de leur pouvoir, l'Etat est miné à sa racine même, corrompu. C'est ainsi que la République romaine se perdit, comme la République florentine.
Que faire alors ? Comme l'énonçait Machiavel, les citoyens doivent examiner la force du mal, et, s'ils se sentent capables de le vaincre, l'attaquer sans considération
[...] Il existerait une dualité entre la masse des citoyens et une minorité favorisée, corps sociaux opposés. La thèse machiavélienne suppose que le dirigeant effectue un choix entre ces instances et recommande de se placer du côté du peuple. Il ne s'agit pas de s'illusionner en pensant pouvoir résoudre ce conflit, Machiavel anéantit l'idéal d'une paix sociale; pourtant, ce système serait à l'origine de la liberté, cette lutte permettant des revendications. Ce constat amène une interrogation fondamentale : qui sera capable de garantir la pérennité/ liberté de cet Etat? [...]
[...] Si Machiavel a exclu la monarchie, reste à savoir quel type de République sera instaurée, s'appuyant sur le peuple ou confiant le pouvoir à une élite. Le philosophe recommande la solution démocratique avec l'institution d'une assemblée populaire, dont les revendications modestes favoriseront le maintien de la liberté. Dans une oligarchie, au contraire, de petits groupes défendent leurs intérêts et menacent cette liberté, système que les citoyens devront combattre. [...]
[...] c)L'enjeu majeur de ce texte consiste à extraire la pensée de Machiavel des préjugés dont elle fait généralement l'objet, et qui feraient de son auteur un philosophe aux thèses immorales, voire même abjectes, dans la mesure où celui-ci a souhaité exclure toute dimension morale de sa pensée politique. Il s'agit donc, à l'inverse, de redéfinir cette exclusion de la morale comme véritable révolution qui aurait contribué à l'autonomisation, à la libération du domaine politique et même, à la défense de la liberté des masses sociales, plutôt qu'à la volonté de favoriser une élite corrompue. d)L'auteur définit la pensée machiavélienne à l'aune de la révolution qu'elle a amorcée en matière de pensée politique. [...]
[...] ») , sur ses institutions («l'autorité suprême d'une assemblée » ) et sur les dérives possibles d'un Etat oligarchique (« sette »). Enfin, une thématique majeure du texte renvoie à la défense de la liberté du peuple (« garde » ou « dépôt de la liberté »). b)La thèse de Machiavel est la suivante : le fonctionnement de toute société repose sur un conflit entre deux corps sociaux, une minorité favorisée dans les domaines sociaux, politiques et économiques et qui tente d'instaurer sa domination, à laquelle s'oppose la masse populaire (« Les seconds, minoritaires, veulent la domination ; le premier, majoritaire, la conteste ») . [...]
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