Nous avons lu avec beaucoup d'intérêt le dernier né du Maître, Les Quatrains du Dégoût, paru chez NEI-CEDA en 2008. C'est une œuvre poétique de 238 pages regroupant 198 poèmes repartis en 6 livres avec un poème introductif intitulé «Suprême dégoût». Ce recueil tranche par la brièveté des poèmes - susurrée déjà par le titre - et leur heureuse docilité : ils se laissent facilement cueillir tels des jeunes filles complaisamment consentantes. Zadi, cette fois-ci, sort la poésie de sa tour étanche. Tous les poèmes ou presque sont sans masque. Cette flexibilité du ton pourrait procéder de la volonté du poète de se faire comprendre. Mais mieux, elle pourrait résulter d'une certaine impuissance (fatigue) due aux ravageuses épreuves du temps.
Et d'ailleurs point n'est besoin vraiment de prolixité luxuriante pour dire son mal-être. Le choix de la concision est merveilleusement en congruence avec l'expression du ras-le-bol qui ressort des poèmes.
[...] Mais au fil des pages la voix du poète se veut universelle. Elle traverse les frontières, traque toutes les formes d'injustices de tout temps et de tout lieu. L'occident et la grande Amérique n'échappent pas aux coups de poing rageurs de ses quatrains 179). L'occident qui se targue d'être le champion des droits de l'homme, d'être la terre des lumières est invité à ré-visionner ses crimes. L'Occident mérite simplement la couronne du bourreau sanguinaire : Mais qui civilisera qui ? [...]
[...] Les quatrains du dégoût auraient pu être intitulés Les Fleurs de la désillusion (paronymes de Les fleurs du Mal) car les poèmes du Maitre sont en réalité les larmes dorées d'un cœur désabusé. D'ailleurs, le livre 4 a un titre très évocateur : Quatrains des Fleurs des Douleurs et du Chagrin. Parlant toujours d'affinités : le recueil du poète français comprend, lui aussi sections (ou livres) précédées, lui aussi, d'un poème introductif intitulé Au lecteur. De plus, l'œuvre de Baudelaire, tout comme celle de Zadi, a poussé sur le terreau fertile des blessures, des déceptions et des échecs du poète. [...]
[...] Le seul livre 6 intitulé Harmonie, composé seulement de 11 poèmes fait brillamment office de contrepoids : l'espoir est permis. Malgré les gales, les lèpres et les pians, malgré la teigne la vie vaut la peine d'être vécue avertit déjà le poète à la page 3 dans son adresse aux lecteurs. Les poèmes alors deviennent chant et musique, les sonorités gaies dominent les poèmes du dernier livre. Et comment ne pas admirer la richesse du lexique du chant : goli, kouroubi, polihé, tambour, blues, murmure, hymne sacré, chantons à l'unisson, louons, poètes, hommage, sourates, psaumes, chants, carillons, tambours, muezzins, mélopées ? [...]
[...] Les quatrains du dégoût de Bottey Zadi Zaourou : les larmes dorées d'un coeur blessé Nous avons lu avec beaucoup d'intérêt le dernier-né du Maître, Les Quatrains du Dégoût, paru chez NEI-CEDA en 2008. C'est une œuvre poétique de 238 pages regroupant 198 poèmes repartis en 6 livres avec un poème introductif intitulé «Suprême dégoût». Ce recueil tranche par la brièveté des poèmes - susurrés déjà par le titre - et leur heureuse docilité : ils se laissent facilement cueillir tels des jeunes filles complaisamment consentantes. [...]
[...] Les quatrains du dégoût apparaissent dès lors comme une entreprise de catharsis, un exutoire pour transcender son mal-être. Zadi, devant tant d'épreuves, aurait pu choisir la voie de la révolte contre Dieu ou même celle de la Mort comme Baudelaire. Mais il a préféré vivre pour chanter comme un authentique aède. Il aurait pu aussi choisir le chemin de la rébellion ou le raccourci du suicide. Mais Zadi n'est pas un homme quelconque ; il est poète, un alchimiste capable de transformer les gouttes de larmes en pépite d'or. [...]
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