Les quarante-huit principes de vie du « Hagakuré » - Yukio Mishima

Résumé du document

Le livre que l'on appelle couramment le « Hagakuré » était à l'origine intitulé « Recueil des paroles du Maître Hagakuré ». La version moderne courante est donc un titre abrégé. Le titre d'origine est celui qui figurait sur l'édition originale de la version élaborée par le transcripteur et éditeur, Tsuramoto Tashiro. On a beaucoup glosé depuis lors sur la signification du terme « Hagakuré ». Littéralement, « Hagakuré » veut dire « caché dans la feuillée ». La plupart des hypothèses semblent assez fallacieuses. L'une des hypothèses stipule que le mot fut choisi pour évoquer l'atmosphère d'un poème du prêtre Saigyô, un moine-poète qui vivait à la fin de la période Heian et au début de la période Kamakura. Né en 1118 et mort en 1190, ce religieux itinérant écrivit des poésies autour de ses deux thèmes de prédilection : la fugitivité de la vie et de la beauté, symbolisée par la fleur de cerisier. Le poème concerné figurait dans le « Sanka wakashu », un ensemble de poèmes provenant de la collection personnelle du moine-poète.

Extraits

[...] Il s'est fermé à l'infinie diversité de l'émotion humaine et a perdu sa capacité d'idéaliser l'objet de son affection L'épicurisme L'épicurisme n'est pas un hédonisme, mais une philosophie proche du stoïcisme. La philosophie d'Epicure rejette l'hédonisme charnel, le plaisir qui conduit à la désillusion et la satisfaction qui dégénère en vide spirituel. La satisfaction est l'ennemie du plaisir et ne débouche que sur la désillusion. Le plaisir est le principe suprême d'une existence heureuse et vertueuse. Mais le but du plaisir est l'ataraxie la calme divin auquel accède celui qui a renoncé à tout désir. [...]

[...] La morale japonaise est une morale de la honte. L'essentiel est donc de ne pas donner l'impression que l'on faiblit ou que l'on perd courage. Abattement, épuisement peuvent survenir. Il faut maîtriser le découragement et la lassitude pour n'en laisser rien voir. Une conception enracinée dans la vanité spécifique des hommes, forme suprême de la morale masculine Une philosophie de l'excès Une fois admise l'énergie comme principe moteur de l'action, on suit les lois de la physique énergétique. Pousser aux extrêmes est pour Jôchô un tremplin spirituel précieux L'éducation des enfants L'éducation du samouraï consiste à stimuler son courage sans jamais le menacer ni le tromper. [...]

[...] C'est là un secret de métier qui risque de s'avérer nuisible si on l'interprète mal et que j'ai donc décidé de ne pas transmettre aux jeunes gens. 1. L'éloge de l'énergie Jôchô fait un éloge véhément de la vertu de modestie, mais avance l'idée que l'énergie humaine a un potentiel considérable en termes de physique énergétique. L'excès d'énergie n'existe pas. Le sol disparaît sous le lion qui court. Jôchô prescrit la plus grande confiance en soi même. Il faut prendre en charge les intérêts du clan de son seigneur. [...]

[...] Il sonde chaque instant de la vie pour en saisir le sens, mais il reste en même temps convaincu que ce n'est guère plus qu'un songe L'objectivité de la rectitude morale Le Hagakuré pressent la doctrine politique de la démocratie. Si l'on veut s'assurer de la rectitude de ses convictions, on doit attendre le jugement d'une tierce personne. La pureté de l'action est la pureté de la subjectivité. Mais pour pouvoir fonder l'action sur des principes moraux, il faut être en mesure de soumettre à un autre critère la pureté de ces principes : à un critère objectif. [...]

[...] Un samouraï ne peut par définition pas se conformer aux principes du shintoïsme. Il est donc vraisemblable d'avoir remplacé par la mort l'eau qui purifie les souillures. Si les dieux sont d'une essence telle qu'ils restent sourds à mes prières pour la seule raison que j'ai reçu la souillure du sang, je sais que je n'y peux rien, aussi continué-je à leur rendre mes devoirs sans tenir compte de la souillure. Jôchô rejette donc les interdits shintoïstes dans sa volonté de rester fidèle à la Voie du samouraï L'épicurisme, à nouveau La vie humaine ne dure qu'un instant. [...]