Le temps de notre histoire est tout d'abord ordonné, il a une origine et une direction; il permet une classification cohérente et commune des évènements. Son unification s'est faite autour d'un élément fondateur, la naissance du Christ. Au terme d'une lente conquête, la généralisation de l'ère chrétienne s'est faite (...)
[...] Au terme d'une lente conquête, la généralisation de l'ère chrétienne s'est faite. Elle implique l'intégration des temps cycliques par le calendrier chrétien. Cela relève d'une volonté d'harmoniser les divers temps, c'est la prise d'une conscience de l'unité de l'humanité, relayée par les historiens. C'est aussi la nécessité de faire correspondre le calendrier solaire, hérité des Romains, avec le calendrier lunaire, hérité du judaïsme, qui organisait la vie liturgique. Cette insertion du calendrier liturgique et civil dans l'ère chrétienne marque une rupture importante. [...]
[...] La démarche d'Antoine Prost, par le biais de son ouvrage Douze leçons sur l'Histoire, s'inscrit dans ce cadre. Revenons quelques instants sur l'auteur. Né en 1933, Antoine Prost est ancien élève de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm et agrégé d'histoire. D'abord maître de conférence à l'Université d'Orléans, avant d'être nommé en 1979 professeur à l'Université de Paris il est un éminent spécialiste de l'histoire de la société française au XXème siècle. Sa thèse de troisième cycle portait d'ailleurs sur La CGT à l'époque du Front Populaire (1963), et sa thèse de doctorat d'Etat, soutenue en 1975, sur les Anciens combattants et la société française (1914-1939). [...]
[...] Ce travail sur le temps m'autorise, me semble-t-il, une comparaison avec les travaux philosophiques et scientifiques menés tout au long des siècles. Emmanuel Kant, Norbert Elias et Albert Einstein, pour ne citer qu'eux, permirent de révolutionner notre vision du temps. Par exemple, la théorie de la relativité générale d'Einstein de 1915 rend caduque la conception newtonienne du temps absolu ; le temps est désormais une quantité dynamique qui affecte l'univers tout autant que ce dernier l'affecte. Tout comme en histoire, le temps n'est plus l'arène figée qu'il était. [...]
[...] Nous verrons d'abord l'histoire du temps, puis la construction historique du temps. Le travail de l'historien se révèle singulier, car il se pare d'une dimension diachronique, c'est-à-dire qu'il envisage les changements dans le temps de son objet d'étude. Ce travail porte donc sur le temps ; qui se veut tel un prisme aux nombreuses facettes. Mais quelles en sont ses caractéristiques ? Il s'agit dans une première étape, de comprendre son histoire. Pour cela il faut identifier le temps historique ; celui de nos sociétés et non le temps physique ou physiologique. [...]
[...] De ce fait cet objet scientifique s'articule autour de la chronologie ; qui consiste à ranger les évènements. Mais ce rangement implique une périodisation cohérente, dans le sens où une période correspond à une rupture. Par ce travail, l'historien rend donc sa matière intelligible. Malgré tout, périodiser comporte un risque, celui de rendre la période monolithique. Elle se veut ainsi le produit des réflexions des historiens précédents, et représente donc aussi un objet historique à part entière. Paradoxalement, la période permet d'articuler des éléments interdépendants tout en créant une unité entre des éléments différents. [...]
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