Dans Le Propre et le Sale, Georges Vigarello tente de cerner l'un des « processus de civilisation » qu'ont connu les hommes et les sociétés depuis le XIVème siècle jusqu'au XIXème sous l'angle de l'un de ses aspects fondamentaux : l'hygiène, ici envisagée dans son sens le plus large c?est-à-dire l'ensemble du corps ainsi que tous les objets susceptibles d?entretenir des liens avec la propreté. Pour ce faire, il entreprend donc une analyse à la fois physique, sociale et culturelle de ce rapport particulier des hommes à leur corps. C'est donc là que se trouve l'intérêt principal de l'ouvrage, annoncé clairement dans d'introduction « faire taire nos propres points de repères » afin de suivre cette histoire de l'évolution des sensibilités au « propre et au sale » (...)
[...] Car la représentation de l'eau au à l'âge moderne est très différente de la nôtre. Selon eux, la peau est poreuse et donc vulnérable. La chaleur et l'eau la fissurent. La peste n'a plus qu'à s'infiltrer. Et outre l'air pestilent, d'autres peurs sévissent, comme la transmission syphilitique, la grossesse d'étuves dues à l'imprégnation du sexe féminin par quelque sperme itinérant dans l'eau, les pertes d'humeurs. [...]
[...] L'enveloppe corporelle L'apparence externe focalise l'attention et notamment le linge qui le pare: d'où une brève histoire du vêtement L'habit c'est une ligne ni trop long ni trop court pour respecter la décence, et de préférence, de couleur grise ou noire. L'habit est aussi une structure l'agencement de différents tissus est témoin des différences sociales. La fréquence du changement de linge n'est pas précisée : ce qui importe, c'est ce qui se voit Apparences XVIIème siècle Le linge a un rôle central dans cette logique du visible: Le linge lave et montre car seul compte le visible. La lingerie (postiche, tissu fin, blanc, garni de dentelle) est une matière noble, c'est un ustensil d'apparat. [...]
[...] Cet accessoire est envisagé sous l'angle d'une révolution du linge qui, dès le XVème siècle est promu objet de propreté par excellence, tant par l'utilité qu'il offre que par l'imaginaire de propreté qu'il alimente par sa blancheur 3. Ce qui recouvre et ce qui se voit XIVème siècle L'épouillage est une pratique courante et un signe de tendresse; la vermine touche toute classe sociale confondue: les maîtresses épouillent leurs amants, les servantes épouillent leurs maîtres, les filles leur mère XVème siècle L'évocation de tels insectes (puces, poux, punaises) explique que la propreté personnelle soit mise en parallèle avec celle du linge, infesté ou non de puces . [...]
[...] XVIIème siècle Mais il n'y a encore aucun lien entre ces parasites et l'entretien du corps, si ce n'est que les deux proviennent de l'extérieur. Par exemple, la vermine est naturelle et banale, tout comme la présence de vers émergeant de cadavres en décomposition: car la mort est déjà présente en chacun. On se focalise donc sur l'intérieur en préconisant des régimes pour rééquilibrer les humeurs: l'enfant est plus souvent victime car il est trop plein d'humeurs 0. Le lavage des mains et du visage Avant que ne s'installe le rapport à une eau qui s'infiltre et corrompe le lavage du visage et des mains est un code de société essentiel chez les nobles, au sein de la cour seigneuriale, ou des institutions religieuses (les moines font l'ablutorium avant le repas). [...]
[...] Le rejet de l'eau n'efface pas la pratique de propreté elle existe mais restreint l'ablution et se déplace vers d'autres objets ou pratiques moins inquiétantes: le linge blanc, l'insistance sur l'essuyage et la fragilité du corps Il est indéniable que ce changement de perspective a entraîné la disparition de certaines pratiques 2. Une disparition de pratiques Dès le XVIème siècle L'étuve, ancrée dans les mœurs des nobles essentiellement, s'efface en quelques décennies sans être jamais remplacée! L'iconographie témoigne de cet effacement des étuves publiques. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture