Récit d'une enseignante française affectée au Maroc. Vécus, expériences et souvenirs s'entremêlent tout au long de ces 45 pages, écrites en rétrospection mais parlant des faits toujours d'actualité.
[...] C'est un peu comme ces pharmacies que l'on voit s'ouvrir dans des garages, dans des espaces où l'on se demande comment le médicament peut être bien conservé, et pourtant ces pharmaciens ont bien du avoir une autorisation du bureau de l'hygiène ? Comment peut-on se faire de l'argent sur la confiance, la crédulité de gens peu informés vois des écoles dans des immeubles, des cours de récréation en hauteur privé ne devrait être que l'alternative indiscutablement meilleure, apportant réellement un plus à l'enseignement public ; Il ne doit en rien lui être inférieur, ni en pédagogie, ni en espace, ni en confort ; Ma seconde fille(29 ans actuellement !ce qui prouve que les choses ne sont pas nouvelles était dans une garderie privée de type français, tenue par des françaises : l a seconde année les frais augmentent subséquemment et de plus est demandé un certain montant pour le renouvellement des jouets : Je suis allée demander des explications et vérifier les stocks de jouets : la directrice me reçut en ces termes , gravés à jamais dans ma mémoire : quand on n'a pas l'argent pour mettre son enfant chez nous, on ne le met pas, vous êtes la seule à venir demander des comptes ! [...]
[...] Le problème des salles classe était déjà aigu : une ancienne élève, institutrice dans la campagne environnante de Casablanca m'avait raconté en riant son aventure : Elle se fait inspecter ; Tout se passe formidablement bien sauf qu'un nombre certain d'élèves étaient assis à même le sol, par manque de tables en classe ;L'inspecteur en eut de la peine et promit un très rapide envoi de tables : ce qu'il fit dans les jours suivants : Hélas, il en envoya pour que chaque élève eut sa place assise certes, mais elles ne rentrèrent pas toutes dans la classe : Mon ancienne élève, qui avait le sens de l'humour le remercia chaleureusement (car , en effet, qu'un inspecteur prit ainsi sa tâche à cœur et tint ses promesses c'est formidable), mais elle ajouta un post-scriptum pour lui demander si elle pouvait repousser les murs de sa classe ! [...]
[...] On fait avec ce qu'il y comme si on voulait ignorer que c'est justement ce qui est qui entrave le développement ; Je reste toujours interloquée de voir combien de gens sont républicains, démocrates, audacieux dans leur pensée politique quand ils s'agit de la conduite de pays étrangers et combien ils restent non pas timorés, mais très prudents, disons conservateurs à propos du Maroc, cherchant à conserver ou à acquérir un statut social, à se rapprocher des centres de pouvoir, mais en ayant malgré tout cherché et obtenu une autre nationalité ! Par ailleurs le fait que les élèves n'apprennent pas à argumenter, à dissocier l'information de la manipulation fait qu'ils restent toujours dépendants du bon plaisir des puissants qui, du coup, leur octroient des «droits ; Or depuis des lustres, on sait que les droits ne se donnent pas, mais qu'ils se conquièrent, et pas forcement dans le sang ! [...]
[...] C'est , certes, par l'entrecroisement des lectures, par la comparaison des points de vue, par l'étude des strates d'une pensée que l'analyse littéraire peut être enrichie quand on est jeune et que l'on n'a pas encore en soi cette densité qui nous met, plus tard, avec le sel et l'amertume de la vie, en contact profond et direct avec l'auteur : Car, avec l'âge (et l'acquis implicite, avec, comme le dit si bien Montaigne, le miel qui est devenu mien du pollen collecté) j'aime aborder un livre, libre de tout angle décidé par autrui ; Et quand je relis un livre, je ne le relis jamais de la même façon ; je découvre des profondeurs non sondées au préalable, comme si certains voiles qui m'aveuglaient étaient alors tombés. [...]
[...] Je ne cessais de me demander comment ce jeune avait pu être entraîné ainsi, ce qui avait crée la dérive, quel était son destin. Aujourd'hui, je lis le témoignage de son épouse : Cette femme voilée, déjà photographiée, ne m'avait inspiré que de la froideur : Comment pouvait-on faire le choix de se déguiser ainsi, de devenir un hibou effrayant ; Mais cette interview , donnée à Tel Quel m'a mis les larmes aux yeux, : Cette femme, anonyme, terrible car dans les parages de terroristes n'était que cette jeune assistante de direction dont on m'avait tant raconté une partie de l'histoire, quand j'ai pris mes fonctions de directrice pédagogique à l'Institut de commerce IMM : Une jeune femme vive, moderne, maquillée qui du jour au lendemain avait , non seulement mis le voile, mais portait des gants et ne serrait plus la main aux hommes ; J'avais également eu droit à l'explication, aussitôt justifiée par le sentiment du devoir accompli et du bon droit et du bon sens ,des propriétaires : Que veux-tu, c'est un institut de commerce, on ne pouvait pas accepter cette tenue antédiluvienne, il y a une image à respecter ! [...]
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