Le Procès est le deuxième roman de Kafka, écrivain juif, tchèque et rédigeant en langue allemande. Kafka est l'auteur d'une œuvre abondante (la Métamorphose, le Château, etc.) qui témoigne de son angoisse devant l'absurdité et devant sa condition de juif qui se cherche vainement. Le Procès a été rédigé à partir de la deuxième moitié de 1914, soit au début de la première Guerre Mondiale, premier conflit total et d'une violence jamais égalée. Kafka abandonna son projet en 1915. Le Procès est donc une œuvre inachevée mais a pourtant un début et une fin cohérents : le livre s'ouvre sur l'arrestation de Joseph K et se termine par son " exécution ". Seuls quelques chapitres demeurent incomplets
[...] Le totalitarisme s'inscrit ici à la fois sur le présent et sur l'avenir : même dans la mort Joseph K ne réussit pas à y échapper La machine bureaucratique Si la justice occupe une place centrale dans l'étude qu'on peut faire du totalitarisme dans le Procès, il ne faut pas pour autant négliger la machine bureaucratique dans son ensemble. En effet, celle ci contribue à éliminer l'homme dans un monde transformé en univers opprimant et incompréhensible. C'est ce qui amènera Joseph K à accepter son exécution sommaire et totalement injuste. Les règles de la machine bureaucratique doivent rester mystérieuses. Faut-il en conclure que l'œuvre de Kafka est celle d'un visionnaire, qui a su prévoir qu'elle serait l'évolution de la société d'après-guerre ? On peut en douter. En réalité Kafka s'est basé sur les germes de ces phénomènes. [...]
[...] En effet, l'oncle de Joseph loin d'être véritablement inquiet quant à la façon dont son neveu vit l'épreuve de son procès, ou quant à son innocence, s'inquiète de la possibilité que tout cela s'ébruite et ne salisse la renommée de la famille. " Veux-tu donc perdre ton procès ? Cela voudrait dire simplement que tu serais rayé de la société et toute ta parenté avec ; en tout cas, ce serait la pire humiliation La peur de la honte sur la famille est la plus forte. Il ne faut pas que les choses s'ébruitent, et pour cela, il convient de prendre le meilleur avocat possible, c'est-à-dire le plus discret. Block lui aussi présente ce trait de la petite bourgeoisie allemande. [...]
[...] Par exemple, il pouvait commencer à dégager le fossé qui se creusait dans le monde moderne entre l'humanité et la machine bureaucratique, mais ne pouvait vraisemblablement pas le préfigurer. En forçant les traits de ce qui se passait autour de lui, il a abouti à la description d'un état de choses qui allait exister par la suite. B. La préfiguration de la condition juive sous le nazisme De même qu'il ne pouvait pas prévoir l'évolution de l'appareil étatique vers le totalitarisme, Kafka ne pouvait pas prévoir ce qu'il adviendrait aux juifs sous le régime hitlérien. [...]
[...] La place du contexte dans l'œuvre de Kafka : une réalité dont il ne peut se dégager. Il est difficile pour tout auteur de nier la réalité qui l'entoure dans son œuvre et d'arriver à en faire parfaitement abstraction. Le problème est d'autant plus aigu chez Kafka qu'il est juif et dont toute l'œuvre reflète cet aspect, caractéristique de l'époque. Ainsi, Kafka écrit pour tous les hommes mais peut être encore plus pour les Juifs, qui comme lui sont rejetés de toutes parts par l'évolution de la société. [...]
[...] Dans cette critique, on ne perçoit pas seulement la parodie du vieux système austro-hongrois, avec ses lenteurs et ses injustices. L'absurdité de la justice est celle de toute justice, quelle qu'elle soit. Kafka dénonce l'appareil étatique moderne, anonyme et réifié, ce qui est marqué par son omniprésence. Kafka tend à montrer que la société dans laquelle évolue son personnage principal est à réformer, parce qu'elle est incohérente Une justice contestable et contestée. Sa critique la plus ardente s'adresse à la justice de son époque. [...]
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