Ce roman, que l'on pourrait plutôt qualifier de témoignage, décrit dans les moindres détails la vie d'un « häftling », c'est-à-dire d'un détenu, à Auschwitz. Son style, assez épuré et sans aucun « pathos », se veut condensé car l'auteur ne parle que de ce qu'il a vu. Son objectif n'est pas de faire naître la pitié chez ses lecteurs : il n'évoque aucun chiffre et son récit n'est que le fruit de sa propre expérience. Elément surprenant : il n'éprouve aucune haine à l'égard des SS qui d'ailleurs étaient très peu visibles dans le camp, au contraire de Jorge Semprun, dont la haine est facilement perceptible tout au long de L'Ecriture ou la vie (...)
[...] Mai 1939 : signature du pacte d'acier c'est-à-dire d'une alliance offensive entre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste : les lois anti-raciales interdisent aux Juifs d'exercer des professions libérales, de travailler dans l'administration ou dans l'armée. Les écoles et les mariages mixtes leur sont également interdits : création d'un comité antifasciste auquel adhère Primo Lévi : Mussolini est démis de ses fonctions et arrêté. Le parti est dissout. Le maréchal Badoglio lui succède et signe l'armistice avec les Alliés. Il déclare la guerre à l'Allemagne. [...]
[...] Néanmoins, il tentera toute sa vie de comprendre. Tout au long de notre lecture de ce témoignage, nous n'attendons qu'une chose : la libération de tous ces prisonniers réduits à l'état de bêtes farouches. Nous n'avons qu'une hâte, les voir enfin libres et pouvant se nourrir librement, n'étant plus obligés de défendre leur pitance et leur peau. Et enfin ce moment tant attendu survient : les Allemands sont partis, mais l'euphorie ne s'empare pas de ces hommes pour autant. Impassibles, ils continuent à s'organiser, tentant de régler un à un les problèmes qui se dressent devant eux : la faim, le froid, survivre malgré la maladie. [...]
[...] Les prisonniers arrivaient par wagons entiers et étaient répartis dans les différents camps selon leur âge, leur sexe, leurs aptitudes au travail. Les femmes et les enfants étaient directement conduits à Birkenau. En août personnes furent gazées en une seule journée. Pour en savoir plus sur ce camp, lisez La Mort est mon métier de Robert Merle, qui nous offre la vie romancée de Rudolf Hoess, le commandant du camp d'Auschwitz ( à partir d'une interview qu'un journaliste avait obtenue du protagoniste). [...]
[...] II Le roman Si c'est un homme est paru en 1947. Les motivations de l'auteur étaient doubles : comprendre et témoigner. Pour Primo Lévi, l'écriture est une formidable thérapie ; en effet, ce travail sur soi par l'écriture vise à se libérer de ce que les camps ont fait de lui et lui permet de redevenir un être réel libre et vivant. Dès son retour, le besoin de raconter revêtait la violence d'une impulsion immédiate qui, une fois assouvie, lui a permis de se libérer intérieurement. [...]
[...] Primo Lévi, alors à l'infirmerie, nous explique comment chaque petit groupe s'entraide, comme avant. La faim les tenaille toujours autant. Seules différences à présent : chacun peut dormir à son aise et personne n'est contraint à travailler. Mais la mort plane toujours au dessus d'eux, attendant d'emporter les malades qui n'auront pas la chance d'attendre les libérateurs. Le thème de l'optimisme : Pour Lévi, le Lager a un sens : ne jamais se dérouler de nouveau. Tout au long de sa vie au camp, l'auteur a sous les yeux des exemples d'hommes qui le portaient à espérer : Lorenzo, cet ouvrier italien qui travaillait à l'usine de caoutchouc de la Buna. [...]
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