Sciences humaines et arts, Le pouvoir des mots : politique du performatif, Judith Butler, 2004, domaine de l'insulte, puissance d'agir, pouvoir performatif des mots
Judith Butler débute son analyse du pouvoir des mots en mettant au jour leur pouvoir performatif dans le domaine de l'insulte. Quelqu'un peut se dire blessé par un mot, et donc se rapporter au vocabulaire du corps. Dire qu'on est blessé par le langage, c'est lui donner une puissance d'agir. Être insulté (to be called a name), a dès lors une double signification : 1) recevoir un nom = condition de constitution d'un sujet (social) par le langage -> condition pour exister socialement 2) être injurié, blessé. Elle souligne donc la force des mots, qui peuvent constituer le sujet. Mari Matsuda comprend l'insulte en termes de subordination sociale : celui qui est insulté est, de fait, subordonné socialement à celui qui l'insulte. Dans cette perspective, on peut alors dire que le langage agit.
[...] En séparant un mot de son effet, on ouvre la possibilité d'une renégociation et d'un contre-discours performatif. Qui réglemente les discours de haine ? Souvent, on fait appel à l'Etat pour réglementer les discours de haine, pour déterminer ce qui relève, ou non, du discours de haine. D'une certaine façon, souligne Judith Butler, l'Etat peut donc être compris comme producteur de ces discours de haine, puisque la terminologie discours de haine n'existe pas sans l'aval de l'Etat, qui décide de ce qui est dicible ou non. [...]
[...] Les discours illocutoires opèrent donc à travers des conventions qui leur donnent le pouvoir d'agir par le discours (par exemple un maire qui marie deux personnes), et les discours perlocutoires opèrent par leurs conséquences. Mais à quelle catégorie de discours appartient le discours de haine ? Judith Butler entend contrer un déterminisme de l'insulte, qui voudrait que celle-ci soit toujours efficace, et qu'elle subordonne et détruise la personne insultée. De quelle manière le discours de haine pourrait-il devenir un performatif malheureux c'est-à-dire non suivi des effets escomptés ? [...]
[...] De ce fait, discours de haine et Etat sont indissociables. De plus, lorsque la justice doit réglementer des discours, cela peut aussi produire de nouvelles discriminations, car le pouvoir juridique a lui aussi une violence propre (p.97) : il peut faire souffrir ou tuer quelqu'un par son discours. Il y a une vraie mise en garde contre l'intervention étatique et juridique dans l'appréhension des discours de haine, car ils peuvent être le lieu de censures plus ou moins explicites. L'abandon de la distinction entre discours et conduite irait dans le sens d'une règlementation étatique et de la suppression du premier amendement sur la liberté d'expression. [...]
[...] Résumé du livre/fiche de lecture : Judith Butler, Le pouvoir des politique du performatif, Paris, Ed. Amsterdam p. Puissance d'agir du langage Judith Butler débute son analyse du pouvoir des mots en mettant au jour leur pouvoir performatif dans le domaine de l'insulte. Quelqu'un peut se dire blessé par un mot, et donc se rapporter au vocabulaire du corps. Dire qu'on est blessé par le langage, c'est lui donner une puissance d'agir. Être insulté (to be called a name), a dès lors une double signification : recevoir un nom = condition de constitution d'un sujet (social) par le langage (condition pour exister socialement être injurié, blessé. [...]
[...] Il demande une répétition dans le futur pour durer. Celui qui le prononce est donc responsable de sa répétition, mais n'en est jamais l'initiateur. Le pouvoir du discours injurieux est de ce fait toujours dérivé, de telle sorte que J. Butler interroge la possibilité de séparer l'acte de discours de son historicité, pour contrer son efficacité performative. Car l'acte performatif est l'endroit où signifier et agir coïncident. S'il perd sa signification, ou qu'elle change, les effets produits par le discours de haine pourront être contrés. Pour J. [...]
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