« Oh poisson, petit poisson, prends bien garde à toi ! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde », telle est la traduction proposée du proverbe nahuatl qui débute l'ouvrage. Jean-Marie Gustave Le Clézio a fait de ce livre un conte initiatique. Considéré comme l'un des meilleurs écrivains contemporains, l'auteur vient d'être récompensé par le Prix Nobel de littérature 2008, en tant qu'« écrivain de nouveaux départs, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, explorateur d'une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante ». Au fil de ses œuvres, Jean-Marie Gustave Le Clézio traita de différents thèmes en passant de la douleur, l'angoisse au début de sa carrière puis de la méditation et des voyages, comme échappatoire à la société urbaine. En s'inspirant de grands auteurs tels qu'Albert Camus, Ernest Hemingway ou encore Michel Butor, la trame commune de ces ouvrages reste l'esprit de révolte et de contestation.
Tel est le parcours de la jeune héroïne de Poisson d'or, paru en 1997. En effet, le roman retrace l'histoire de Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde alors qu'elle n'avait que six ans. Elle sera ensuite vendue à une dame qu'elle va considérer comme sa maitresse et sa grand-mère. Le jour du décès de la vieille dame, Laïla va devoir se confronter au monde qu'elle va parcourir tout en gardant un regard plein d'humanité mais aussi de révolte.
[...] A cette occasion, elle fit le bilan de sa vie à Paris : il s'était passé tellement de choses. Je me sentais très vieille maintenant, pas réellement vieille mais différente, plus lourde, avec de l'expérience. Maintenant, je n'avais plus peur de mêmes choses. Elle explique alors qu'elle n'a plus peur des hommes mais de leurs victimes. Par là, elle veut faire comprendre sa volonté de ne pas se comporter de façon passive et qu'elle a conscience qu'elle doit aller de l'avant, quitte à passer devant les gens qui, de toute façon, choisissent tous leur propre bonheur avant celui des autres, révélant un profond individualisme. [...]
[...] Poisson d'or, Jean-Marie Gustave Le Clézio Oh poisson, petit poisson, prends bien garde à toi ! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde telle est la traduction proposée du proverbe nahuatl qui débute l'ouvrage. Jean-Marie Gustave Le Clézio a fait de ce livre un conte initiatique. Considéré comme l'un des meilleurs écrivains contemporains, l'auteur vient d'être récompensé par le Prix Nobel de littérature 2008, en tant écrivain de nouveaux départs, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, explorateur d'une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante Né en 1940, le romancier étudia les lettres à Londres et fut remarqué dans le milieu littéraire dés 1963 grâce à sa première œuvre : Le Procès-verbal, qui lui valut le prix Renaudot. [...]
[...] Cette situation la rappela à sa propre histoire. Au lieu d'un total rejet, Laïla trouva des parents adoptifs à cet enfant mais j'ai dit ça avec la gorge serrée, parce que je pensais en même temps que quelqu'un avait dû dire la même chose autre fois, quand j'avais été volée Elle participa donc à la vente mais refusa de connaître le prix que valait cet enfant et en reniant totalement son nouveau nom. En continuant à l'appeler par son nom gitan, Laïla voulait lui préserver cette identité qu'elle-même n'avait pas. [...]
[...] Mais, même en Amérique, elle se confronta au racisme, étant à nouveau rejetée et personne ne savait ce que c'est d'être d'Afrique A ce moment, elle connut une période de dérive entre la drogue, deux relations amoureuses simultanées, une grossesse non désirée puis une fausse couche avec de gros ennuis de santé. Lors d'un séjour à l'hôpital, elle apprit à prendre possession de son corps, de son image et fit revivre sa passion pour la musique. C'est la musique qui m'a sauvée Ayant déjà appris les bases du piano, elle se remit à jouer et y trouva une sorte d'échappatoire à la réalité. Elle réussit même à se produire sur scène, sa musique remplie d'émotion conquit les foules. [...]
[...] Voilà, je suis arrivée. Je ne peux pas aller plus loin. Elle retrouve alors une partie de son audition, peut- être en raison de l'écoute de ce langage maternel et se sent proche des gens, alors qu'ils n'ont jamais quitté leur terre, qu'ils ont un véritable chez eux contrairement à elle. Puis, au détour d'une rue, elle croise une vieille femme qu'elle reconnaît immédiatement ainsi que les lieux de son enlèvement. C'est ici que j'ai été volée, il y a quinze ans, il y a une éternité, par quelqu'un du clan Khriouiga, un ennemi de mon clan des Hilal Grâce à ce retour aux sources, Laïla se déclare prête à entrer dans l'âge de l'amour Ce contact avec ses racines ne semble pourtant pas être un arrêt des voyages car elle sous-entend qu'elle ne reviendra plus dans son village : avant de partir, j'ai touché la main de la vieille dame, lisse et dure comme une pierre du fond de la mer, une seule fois, légèrement, pour ne pas oublier Telle est la dernière phrase de l'ouvrage et qui confirme le besoin de savoir d'où l'on vient pour pouvoir se construire sa propre histoire. [...]
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