Ida évoque sa vie difficile au camp où, malgré tout, la chance ne la quittera pas. La chance d'être toujours auprès de ses compagnes d'infortune ? à plusieurs, cela est plus facile : quand l'une flanche, les autres sont là pour la soutenir ? la chance de paraître plus âgée ? ainsi, à l'arrivée, elle échappe à la sélection ? et de pouvoir travailler, la chance de ne pas tomber malade ? celles qui partaient pour l'infirmerie partaient invariablement vers la mort -, la chance d'avoir été mieux nourrie que d'autres avant son arrestation et donc d'être plus résistante. La chance aussi de parler yiddish, une langue, dit-elle, proche de l'allemand, et de ce fait de comprendre les ordres des kapos (...)
[...] Les gens ne voulaient pas en entendre parler (p. 112). Mettre des mots sur l'horreur qu'ils ont vécu a sans conteste aidé plusieurs auteurs à continuer à vivre. Une façon de se délivrer de ces démons et d'essayer de vivre un tant soit peu normalement. Pour Ida Grinspam, c'est différent. Ida a réussi à reprendre le cours d'une vie normale, si l'on peut dire. Dès son retour de Suisse, la jeune fille travaille aux côtés de son frère, puis en 1953, elle se marie et devient couturière. [...]
[...] II Motivations du récit Ida est tenaillée par le besoin de témoigner : Si vous rentrez, il faudra leur dire lui confiera une de ses compagnes sur le chemin de la mort (cf. préface). Après avoir accompagné plusieurs groupes scolaires dans leur travail de mémoire, Ida a ressenti la nécessité d'écrire noir sur blanc ce qu'elle avait vécu, comme tant d'autres qui ne sont pas revenus des camps de la mort, sous peine qu'il n'en reste que des traces périssables (p. 11). Nombreux sont ceux qui n'ont pas pu parler à leur retour de captivité. [...]
[...] III Portrait de la protagoniste Ida a quatorze ans lorsqu'elle est arrêtée par la gendarmerie française puis déportée à Auschwitz. A cet âge, la sentence est sans appel : sélection immédiate, ou plus clairement, la mort. Les nouveaux arrivants sont triés dès leur descente du train : les plus jeunes, les enfants, les vieillards sont mis à part et attendent. Les hommes et femmes valides sont conduits à l'intérieur du camp. Après une période de quarantaine, ils seront affectés à des travaux plus pénibles les uns que les autres. [...]
[...] Seuls un wagon commémoratif ainsi qu'un monument dédié à la mémoire des victimes trônent au milieu de la cité de la muette (cf. www.camp-de-drancy.asso.fr). La déportation Ida est ensuite convoyée vers Auschwitz (cf. carte page suivante), où elle passera onze mois de sa vie. A l'arrivée des Alliers, les Allemands ouvrent le camp et conduisent les déportés vers Ravensbrück (le voyage se fait à pied pendant 70 km puis en train, dans des wagons à plate-forme, découverts, et qui servent probablement au transport du charbon (p. 91). Trois semaines plus tard, Ida prend le train pour Neustadt où l'infirmière Wanda s'occupera d'elle. [...]
[...] Tous les prisonniers font route vers Ravensbrück, un autre camp de concentration situé à 80 km au nord de Berlin ; c'est la marche de la mort au cours de laquelle les plus faibles périront. Ida arrive le 25 ou le 26 janvier, et repart le 14 février pour Neustadt, en train cette fois-ci. La jeune fille a les pieds gelés et est immédiatement conduite au Revier où Wanda, une infirmière polonaise, la soigne avec l'amour d'une mère. C'est sans conteste grâce à elle qu'Ida fera partie des rescapés. Elle tentera de la retrouver en avril 2001, mais elle ne pourra pas lui parler : Wanda est dans le coma, elle se meurt. [...]
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