Le dernier des poèmes maudits : il emploie cette expression dans une lettre qu'il adresse à Victor Hugo à l'âge de 14 ans. Son œuvre n'aura pas la brièveté et la fulgurance d'un Rimbaud ou d'un Lautréamont, mais sa poésie connaît une longue trajectoire avec des rythmes d'écriture sans cesse changeants.
La lecture anthologique : les ressources « musicales » appartiendraient plutôt aux œuvres de la première manière, mais on les trouve dans le demi-bruit mystique de Sagesse, dans le didactisme de Bonheur et dans les violences charnelles de Parallèlement. On a trop tendance à vouloir sacraliser les œuvres de jeunesse, sans voir que Romances sans paroles amorce un tournant qui annonce le phrasé de Sagesse.
Déjà du vivant de Verlaine, les courants littéraires qui se succèdent valorisent Romances sans paroles et Fêtes galantes, car ce sont des textes qui conjuguent l'expérimentation et l'innovation. Ils sont en cela proches des préoccupations des « avant-gardes ». Pourtant, le poète détient une capacité à varier et à perpétuer sa manière. Il refuse d'être un poète stationnaire et figé, ce n'est pas un conformiste du rythme et de la rime comme ceux qui habitent l'ancien cénacle parnassien. Sa dynamique assimile la création à un geste critique avec une conscience de la modernité. Son évolution personnelle va à contre-courant des interprétations contemporaines.
[...] Le poème devient à lui seul une antiphrase. Le mouvement du texte mêle l'allure linéaire à l'intensité décroissante de la voix : je chanterai puis je louerai puis je dirai La rime fosse//fausse symbolise l'éraillement et l'acidité que le locuteur assume avec provocation. C'est au nom de la dissonance que Verlaine retravaille l'horreur baudelairienne des sépultures et des caveaux. Dissonance et atonie La dissonance décale la manière de Baudelaire et se revendique elle-même comme manière décalée. Elle apparaît en contrepoint dans le quatrain monorime de Nevermore I avec des variations autour de la même base grecque (tonos). [...]
[...] La voix et la manière Deux notions essentielles dont parle Verlaine : la voix et la manière Le propre de la manière est de se traduire par l'avènement d'une voix, garante d'une subjectivité. Elle est l'indice du je-ne-sais-quoi que l'œuvre possède en propre, et que le style a pour effet de réduire sous l'angle positif et concret d'une série de formes. La manière et le style Le mot manière a servi aux moralistes de l'âge classique et est inséparable de la théorie de l'art en Europe (cf. solidarité quasi mythique établie entre peinture, musique et poésie chez Verlaine). [...]
[...] La statue a une fonction substitutible, elle cristallise les vestiges de l'émoi, c'est un simulacre. Même la permanence qu'elle est censée incarner s'évanouit, le plâtre s'écaille La porte é'troi'te (contrairement à l' avenue finale) est celle par où fuit le temps (cf. titre). Trois ans : le laps de temps écoulé est suffisamment long pour une réminiscence, mais trop court pour en tirer des effets tragiques. Contrairement à Hugo, Verlaine tient à distance les blessures (Hugo) du personnage éponyme. Sa poétique de l'intime se dérobe à l'extension rhétorique du monologue hugolien : Ô douleur ! [...]
[...] Poèmes saturniens, Fêtes galantes et Romances sans paroles, Verlaine Introduction : L'orageuse carrière de la poésie Le dernier des poèmes maudits Il emploie cette expression dans une lettre qu'il adresse à Victor Hugo à l'âge de 14 ans. Son œuvre n'aura pas la brièveté et la fulgurance d'un Rimbaud ou d'un Lautréamont, mais sa poésie connaît une longue trajectoire avec des rythmes d'écriture sans cesse changeants. La lecture anthologique Les ressources musicales appartiendraient plutôt aux œuvres de la première manière, mais on les trouve dans le demi-bruit mystique de Sagesse, dans le didactisme de Bonheur et dans les violences charnelles de Parallèlement. [...]
[...] Le sens de la poétique du mineur réside dans cette conjonction entre modernité et secondarité. Dans la manière de Verlaine, il y a deux versants conflictuels - écrire, c'est écrire à la manière de romantiques et autres parnassiens (ne se réduit pas au pastiche). - un dialogue d'ordre éthique : une authentique réappropriation qui organise le passage d'une manière (Hugo, Banville) à une autre. Verlaine critique l'imitation, mais montre qu'une imitation critique est possible, fondée sur la pratique de l'assimilation. [...]
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