Pour ma fiche de lecture, j'ai choisi une œuvre de l'un des plus grands (si ce n'est le plus grand) auteur suédois, tant en quantité qu'en qualité : August Strindberg (1849-1912). Il vécut à la deuxième moitié du XIXe - début XXe siècle, à l'époque de la percée moderne et s'inscrivit donc dans le courant naturaliste, avant de passer au mysticisme, puis à l'expressionnisme, influencé tour à tour par les goûts populaires en Europe. Strindberg est connu en dehors de la Suède surtout pour ses romans dramatiques, mais il a touché à beaucoup d'autres genres littéraires : autobiographies, récits historiques, articles de journaux, nouvelles, pièces de théâtre… Strindberg a d'ailleurs marqué un tournant dans la littérature, notamment avec Le songe (1902), qui marqua tout le théâtre moderne.
J'ai choisi La plus forte, la plus courte de ces pièces, mais non moins riche en sens, et qui s'inscrit dans le naturalisme. Y est illustré l'un des thèmes récurrents de Strindberg : la lutte des cerveaux, autour du mariage, ici entre deux femmes, bien qu'il s'agisse en fait d'un monologue, puisque l'une des deux ne dit aucun mot.
[...] ; le mariage et la famille font-ils vraiment le bonheur ? (D'autant plus que Strindberg est en pleine contradiction avec ce qu'il a toujours proclamé) ; ne faut-il pas faire des concessions et pardonner ? ; nos erreurs nous enseignent-elles vraiment la vie ? ; la première impression est-elle toujours la bonne ? ; nos sentiments n'empêchent-ils pas l'objectivité de notre jugement ? Etc. [...]
[...] Strindberg les a nommées Mme X et Mlle Y probablement pour montrer leur interchangeabilité et pour ne pas les marquer d'une classe sociale, d'une nationalité, etc. Cette pièce est une réflexion qui s'adresse à toutes les femmes, n'importe qui doit pouvoir s'identifier à elles, d'où l'importance de ne pas en faire des archétypes. La seule différence entre les deux jeunes femmes, c'est le mariage, symbole et expression du bonheur dans cette pièce, puisque celle qui gagne, celle qui a tout, celle qui est heureuse, c'est la femme mariée. [...]
[...] Il faut donc noter cette forte contradiction de l'auteur avec ses propos antérieurs. Conclusion La plus forte, bien que très courte, est une pièce avec de forts retournements de situation : d'abord, on hait Mme puis on a pitié d'elle, pour finalement l'admirer ; et vice versa : d'abord, on soutient Amélie, on la déteste ensuite, pour finalement la plaindre et/ou se dire qu'elle n'a que ce qu'elle mérite. Les deux protagonistes étant deux jeunes femmes banales et interchangeables, le lecteur ne doit avoir aucun mal à se reconnaître en elles et alors réfléchir à sa condition/situation. [...]
[...] C'est pourquoi j'apprécie vraiment beaucoup cette pièce naturaliste, de lutte de cerveaux, qui nous fait méditer sur la vie en société. [...]
[...] Mlle Y (Amélie) est célibataire tandis que Mme X mariée et a deux enfants. Mme dès son arrivée insiste sur la solitude de Mlle lui rappelle qu'elle a perdu son fiancé, qu'elle a laissé partir, alors qu'elle rêvait d'avoir une famille. Mme X lui montre alors les cadeaux de Noël qu'elle a achetés à ses enfants. Mais lorsque Mme X braque le pistolet pneumatique sur Amélie, celle-ci panique. Mme X ne comprend pas, d'après elle, ce serait plutôt Amélie qui aurait voulu la tuer, pour se venger, car elle lui aurait fait perdre son engagement au grand théâtre. [...]
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