Le rêve s'exprime dans l'écriture même avec le concept de « Récit en rêve », mis au point par Yves Bonnefoy lui-même dans Rue Traversière. Il ne s'agit pas d'un récit de rêve qui marquerait une coupure entre le récit et le rêve lui-même. Le « récit en rêve » adopte le présent pour mieux restituer les images, pour « vivre » le rêve grâce à la poésie. On retrouve ainsi ce concept dans le poème Les Planches courbes
Dès le premier poème on constate que cette thématique est déjà omniprésente. En effet le poème n'est qu'un long rêve avec un champ lexical très prononcé (« sommeil, rêve de la nuit, songe, éveil,… »). Le rêve prend ici un sens didactique, voire formateur avec la strophe 8 : « à l'éveil, /Peut être que nos vies seront plus confiantes ». Le rêve est sans cesse en mouvement, un processus avec différentes fins comme le montre l'anaphore de « aller » aux pages 72-73. Par le rêve le poète cherche à accéder à toujours plus de vérité : « au-delà des images », au-delà du « mensonge des souvenirs », « au-delà » du langage, car ces trois éléments nous trompent sans cesse. Il en est de même pour La Maison natale qui, composée de douze poèmes, semble signifier une nuit où chaque fois un nouveau rêve survient, avec de nouvelles images, avec chaque fois la recherche de plus de vérité. Dans le premier l'atmosphère est très confuse bien que le poète entende déjà « presque les rumeurs de l'autre rive » p.83. Il s'interroge d'emblée sur son enfance, puis sur son père mort quand il était jeune avec cette éternelle question « Qui était-il » p.90. Finalement dans le douzième poème qu'il entame par l'hémistiche « beauté et vérité », il en arrive au présent, à sa condition d'octogénaire et se demande « comment faire pour que vieillir, ce soit renaître ». La question du vivre, de l'existence avec l'expression « boire avidement au vide de l'espérance » conclut cette section. On observe ainsi une progression, un processus de recherche, une avancée des souvenirs les plus lointains (la petite enfance) au présent.
[...] L'eau L'eau apparaît en permanence dans Les Planches courbes avec toujours cette métaphore du dynamisme, de la progression, car c'est bien dessus que peut circuler la barque. Elle est ainsi assimilée au rêve : l'eau du rêve p.73, où navigue la barque de la poésie qui cherche à atteindre l'autre rive p.79-80. La maison natale est envahit par l'eau, il pleut dans les pièces, elle jaillit par tout, elle bouleverse les sens du poète, le submerge complètement. L'eau amène les souvenirs par le rêve et l'inconscient jusqu'à la conscience, mais les efface aussi p.84. [...]
[...] Cette autre rive est celle du retour à l'enfance (p.83), de l'arrivée dans un monde sensible, de vérité, de plénitude, et non de leurre Yves Bonnefoy ne cherche pas à accéder à l'intelligible mais bien de retrouver cette sensibilité des rires d'enfants cette communion avec la nature, les sens, comme le montre l'omniprésence des quatre éléments dans Les Planches courbes. IV- Temporalité On ne distingue pas de réelle temporalité dans les Planches courbes. Néanmoins on peut d'abord constater que le présent est associé aux réflexions du poète. En effet tout ce qui est lié à cette volonté de retrouver quelque chose, de revenir sur son enfance, de dresser peut être un bilan puisque le poète atteint les 80 ans. [...]
[...] Il mène une carrière universitaire internationale de Yale à Aix en Provence. Il publie l'arrière-pays en 1972, un essai sur les peintres italiens et sur son rapport avec l'image, le réel, sur sa poésie. Puis Dans le leurre du seuil en 1975, considéré aujourd'hui comme son chef-d'œuvre, écrit dans sa demeure de Valsintes. Yves Bonnefoy tente de passer dans le monde sensible grâce à la poésie, mais en conclut qu'on est toujours leurrer lorsque l'on veut passer dans un ailleurs ; le poème doit ainsi détruire des illusions pour être dans le vrai, dans le réel. [...]
[...] VI- Extrait choisi et commenté La Maison natale II Ce poème est le deuxième de la section La Maison natale. Nous verrons que ce texte répond à la logique d'un rêve, puis qu'il instaure un rapport compliqué entre l'image, le réel, et le poète. On peut constater que l'utilisation de m'éveillai au vers 1 est paradoxale car, si le poète se réveille, c'est uniquement dans un rêve. En effet le lieu qu'il décrit, la maison natale est totalement étrange, oniriste. [...]
[...] Ainsi en 1948 il obtient une licence de philosophie avec un mémoire sur Baudelaire et Kierkegaard. En 1950 il effectue son premier voyage en Italie et à une révélation pour la peinture du quattrocento notamment à Florence ; à Ravenne il découvre les tombeaux romains. Il deviendra critique d'art et consacrera un essai en 1953 sur les tombeaux : il élabore ainsi le refus du concept, dire la vérité telle qu'elle est, sans être enfermé par les mots eux-mêmes, puis l'adhésion totale au monde sensible, et enfin une réflexion sur la mort. [...]
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