L'ouvrage
Le sacre du citoyen est un ouvrage issu des recherches de l'auteur qui mène une enquête sur l'Histoire de la démocratie française au travers de plusieurs de ses livres qui parurent ultérieurement : Le peuple introuvable (1998) et La Démocratie inachevée (2000).
De la Révolution à la fin du dix-neuvième siècle, la question du suffrage universel a été au centre des passions sociales, des affrontements politiques et des perplexités intellectuelles. Elle a noué ensemble toutes les interrogations sur le sens et les formes de la démocratie moderne : rapport des droits civils et des droits politiques, de la légitimité et du pouvoir, de la liberté et de la participation, de l'égalité et de la capacité. « Si la démocratie est à la fois un régime (le pouvoir du peuple) et une religion (la célébration d'une mythique société des égaux), elle trouve dans l'idée de suffrage universel sa double matrice ». L'auteur s'attache à reconstruire dans toute sa complexité l'histoire intellectuelle de cette conquête. La figure du citoyen reste, en effet, attachée à celle de l'individu moderne : la femme, le mineur, le domestique, qui symbolisent la dépendance sociale, se voient ainsi écartés des urnes en 1789 par ceux-là même qui célèbrent le culte de l'humanité. L'histoire sociale se double donc d'une perspective anthropologique : la citoyenneté ne peut être pensée que dans le prolongement du processus d'émancipation de l'individu.
Résumé
Introduction
Un homme, une voix : ce rapport est une évidence à l'heure actuelle, mais a suscité de nombreuses interrogations au dix-neuvième siècle. Le principe de l'égalité politique instaure un rapport nouveau entre les hommes : il marque un point de non-retour dans l'avènement de la société individualiste et constitue en cela une véritable rupture dans le processus de construction de la société. (...)
[...] Prolongeant les années 1790, la garde nationale reste une référence pour penser et agir la citoyenneté. En 1840, les deux figures sont complètement identifiées. Le 5 mars 1848, un décret institue le suffrage universel direct. Il est appréhendé comme une sorte de sacrement de l'unité sociale et fait l'objet d'une approbation générale. Ledru- Rollin apparaît comme son véritable fondateur. Le suffrage universel s'impose immédiatement dans sa simplicité et sa radicalité et apparaît pour la première fois comme une condition et un moyen de paix sociale. [...]
[...] La république utopique Pendant la Monarchie de Juillet, le thème du suffrage universel joue le même rôle que l'égalité civile pendant la Révolution, et commence à faire l'objet d'une revendication argumentée. Le suffrage censitaire est dénoncé comme prolongeant les injustices de l'Ancien Régime, alors que le suffrage universel permet de répondre à une demande d'inclusion sociale de la part d'une nouvelle classe ouvrière. C'est elle qui prend les qualificatifs de barbare et d'ilote et c'est à ce moment-là qu'apparaît, pour la première fois, le terme de prolétaire. [...]
[...] Selon la formule d'Alfred Fouillée : Si le suffrage universel suppose, en bas, des hommes capables de choisir, il suppose surtout en haut, des hommes dignes d'être choisis Il s'agit de former les instituteurs, de réformer l'université et de créer une classe politique et intellectuelle de la démocratie. Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que le suffrage universel cesse d'être remis en cause. Toutes les classes politiques l'acceptent dans son principe, y compris les socialistes qui l'avaient pourtant si durement dénoncé. [...]
[...] Si l'histoire du suffrage universel est terminée depuis longtemps, ce n'est pas le cas de l'histoire anthropologique. L'ultime clivage est celui qui existe entre les bons citoyens et les individus qu'une condamnation pénale prive de leurs droits civils et politiques. Selon l'auteur, il est impossible de séparer l'histoire de la citoyenneté du concept de nationalité. Pour cette raison, l'attribution du droit de vote aux indigènes des colonies postrévolutionnaires, notamment en Algérie a suscité des difficultés. Aujourd'hui, l'évolution du droit de suffrage montre qu'il est possible d'imaginer des formes de citoyenneté détachées du critère de nationalité par l'attribution du droit de vote local aux immigrés séjournant en France depuis un certain temps et par la citoyenneté européenne qui est totalement détachée de l'idée de nation. [...]
[...] Le travail de l'universalisation Seuls les hommes votaient dans la République du suffrage universel. Selon l'auteur, le siècle qui sépare le droit de vote des femmes (21 avril 1944) de celui des hommes ne s'explique pas tant par l'influence d'un facteur religieux ou par le blocage institutionnel du Sénat qu'il qualifie de symbolique, mais par la difficulté de considérer, à cette époque, la femme comme un individu. Les choses ont été beaucoup plus rapides dans les pays anglo-saxons parce que les femmes ont été intégrées dans la vie politique en raison même de leurs spécificités. [...]
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