Pierre, Nora, lieux, mémoire, 1984, 1992
Les lieux de mémoire est un triptyque regroupant des articles de plus d'une soixantaine d'historiens. Le premier volume, La République, publié en 1984, fait l'inventaire des lieux inévitables connus et inconnus de la mémoire républicaine (des symboles aux monuments en passant par les commémorations tel que le 14 juillet ou les funérailles de Victor Hugo). Le second Tome, La Nation, publié en 1986, traite notamment des grandes constructions historiographiques ainsi que des symboles de l'Etat, et de la notion de patrimoine. Enfin, le troisième volume, Les Frances, publié en 1992, s'intéresse aux diversités politiques, sociales, religieuses et régionales.
Dans cette œuvre, dense et complète, Pierre Nora porte le constat de la disparition de notre mémoire nationale qui s'est en contrepartie incarnée dans certains lieux ou certains événements devenus symboles : fête, emblèmes, monuments, commémorations, musées etc. Ces événements ou symboles qui ont marqué notre histoire constituent la problématique centrale de l'œuvre « les lieux de mémoire ». Nous nous sommes intéressées à l'introduction du premier volume « Entre Mémoire et Histoire », au bilan de 1992 intitulé « l'ère de la commémoration » ainsi qu'à deux séries d'articles. La première série d'articles porte sur les lieux de mémoire incarnés dans les monuments. Lourds de symboles républicains, nous évoquerons successivement le Panthéon, la mairie et le monument aux morts.
La seconde série d'articles est consacrée aux hauts lieux de mémoire parmi lesquels la grotte de Lascaux, Notre Dame de Paris, les châteaux de la Loire et la Tour Eiffel.
[...] L 'entretien des souvenirs du passé n'a plus d'impact sur le présent et plus de sens pour l'avenir Désormais, les monuments aux morts ne sont que des mémoriaux de la guerre abandonnés par la ferveur populaire qui les avait crées Les hauts lieux L'historien Jean-Paul Démoulé, dans son article intitulé Lascaux relève que si tout lieu de mémoire n'est qu'un perpétuel bricolage sur les traces mémorielles, le bricolage ne semble pas possible sur les lieux préhistoriques puisqu'ils ne joueraient aucun rôle dans la mémoire nationale. Ces lieux sans parole ne sont pas liés à notre société contemporaine par une chaîne de l'écrit tenant lieu de mémoire. [...]
[...] L'auteur dresse ensuite une typologie des monuments aux morts en France. Il distingue trois types de monument : le monument civique qui se caractérise par son dépouillement et sa laïcité, le monument républicain ou patriotique orné de symboles et de devises, et le monument funéraire situé à proximité d'une église ou dans un cimetière qui évoque le sacrifice des soldats tout en se gardant de glorifier la partie victorieuse. L'auteur se penche alors sur le sens des cérémonies dédiées aux soldats tombés pour la France. [...]
[...] La Constituante en 1791 avait décidé de consacrer un lieu de mémoire collective pour commémorer les personnalités ayant contribué à l'avènement de la République française. Le premier Grand Homme qui a trouvé place au Panthéon, est le comte de Mirabeau. Sa dépanthéonéisation en 1794, marque le début de nombreuses polémiques dues au fait qu'il est difficile de se mettre d'accord sur une définition du Grand Homme Tout d'abord, le Grand Homme doit être distingué du monarque, car contrairement à celui-ci, il n'est pas un héritier. Il est sa propre origine. [...]
[...] L'auteur présente finalement ces lieux préhistoriques comme le degré zéro de notre mémoire nationale, pures formes vides prêtes à accueillir ce qu'on veut bien y déposer, de concepts . ou de symboles Notre Dame de Paris elle aussi, selon Alain Erlande-Brandenburg, perdu sa signification première au profit d'une nouvelle que lui donnent les foules de visiteurs qui l'envahissent chaque jour sans vouloir y rechercher un lieu de culte. A la signification religieuse qui était la sienne à son origine, le dix-neuvième siècle a contribué à l'émergence d'une symbolique nouvelle succédant à celle d'origine et qui est celle de notre temps. [...]
[...] Ainsi, alors que la nation historique confiait à des lieux précis, à des dates fixes, à des monuments classés le soin d'entretenir l'histoire, la nation mémorielle a investi tout l'espace. Tout a son histoire. L'histoire de France est devenue plutôt celle des France, elle s'est personnalisée. De cette transformation de la nation, le patrimoine qui, autrefois se cristallisait sur les monuments historiques, s'est considérablement élargi. Tout est devenu patrimonialisable Le lavoir d'un village est devenu justiciable de la même ardeur défensive qu'un chef d'œuvre de l'art national. Le patrimoine n'est plus représentatif du corps social dans son entier mais d'une certaine catégorie sociale. [...]
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