Qu'est-ce que la philosophie antique ? Le terme de « philosophie » signifie littéralement « l'amour (philo) de la sagesse (sophia) ». On perçoit tout de suite l'écart entre la définition première de la philosophie, conçue comme une mode existentiel, et la philosophie telle qu'elle est enseignée de nos jours.
L'ouvrage de Pierre Hadot se donne pour mission de renouveler notre définition de la philosophie en revenant aux sources. Ce philosophe français contemporain, grand spécialiste de la période antique, a toujours placé au centre de ses préoccupations la philosophie comme métamorphose totale de la manière de voir le monde.
Dès le préambule, l'auteur expose très clairement sa thèse : il veut souligner dans cet ouvrage la différence entre la conception antique et la conception moderne de la philosophie : « J'ai l'intention de montrer dans mon livre la différence qui existe entre la représentation que les anciens se faisaient de la philosophie et la représentation que l'on s'en fait de nos jours, habituellement, de la philosophie, tout au moins dans l'image qui est donné aux étudiants à cause des nécessités de l'enseignement universitaire. »
L'idée qu'il défendra tout au long du livre est que la philosophie antique associe un mode de vie et un discours théorique à la fois différents et indissociables, le choix de vie étant toujours premier.
Au cours de l'exposé de cette thèse, Pierre Hadot aura l'occasion de décrire les caractéristiques des grands courants de pensée de l'antiquité, ce qui donne à son essai un caractère particulièrement riche et didactique. Il pourrait d'ailleurs apparaître tout d'abord comme un livre d'histoire de la philosophie offrant au lecteur un vaste contenu informatif. Mais le texte va au-delà de toute érudition pour s'offrir à nous comme une longue réflexion sur la philosophie elle-même, qui cherche à se redéfinir en retrouvant la dimension existentielle et vitale qui la caractérisait chez les anciens.
L'auteur choisit de diviser son exposé selon un découpage cohérent et logique. Il aborde d'abord le problème de la définition du terme philosophia par les Anciens. Il décrit ensuite les caractéristiques des différentes écoles de l'Antiquité, pour démontrer qu'elles ont toutes pour point commun de pratiquer la philosophie comme un mode de vie et d'action avant tout. Enfin, il tente d'expliquer pourquoi la philosophie a perdu ce lien avec la vie concrète à partir du Moyen-âge.
[...] Enfin, l'exposé se termine sur la figure de Kant, dont le programme philosophique est dominé par l'idée de sagesse, qui lie un choix de vie au discours théorique. Pierre Hadot ajoute que la liste n'est pas exhaustive et que bien d'autres philosophes, comme Descartes, Kierkegaard, Marx ou Nietzsche ont conçu la philosophie comme une transformation de la manière de vivre ou percevoir le monde. Pierre Hadot conclut son ouvrage en ouvrant d'autres pistes de réflexion, comme l'interpénétration de la philosophie et du christianisme jusqu'à nos jours. [...]
[...] Le rapport à la nature Le rapport à la nature et la recherche scientifique sont un élément important des philosophies de l'antiquité. Chez Platon et Aristote, les sciences sont intensément pratiquées mais de manière désintéressée. Les sciences mathématiques sont étudiées à l'Académie dans une finalité éthique, pour purifier l'esprit des représentations sensibles ; de même, au Lycée, la recherche a pour but le savoir sans considération utilitaire. Les deux écoles de l'épicurisme et du stoïcisme accordent elles aussi aux sciences une place importante puisqu'elles fondent dans la nature la raison du choix existentiel. [...]
[...] Durant la période hellénistique, les stoïciens prennent part activement à la vie sociale car ils ont le souci d'agir au service de la communauté humaine ; ce n'est pas le cas des épicuriens, qui vivent retirés de la cité. On voit donc finalement que l'importance de l'action politique est perçue à des degrés très divers selon les différentes philosophies. D'autres caractéristiques cependant marquent plus fortement les points de jonction entre elles. Le lien entre discours et mode de vie Toutes ces philosophies opèrent un choix de vie initial qui correspond à une certaine conception de la sagesse. Leur discours théorique et leurs exercices pratiques ne sont que l'expression de ce choix de vie originel. [...]
[...] Pierre Hadot, Qu'est-ce que la philosophie antique ? Qu'est-ce que la philosophie antique ? Le terme de philosophie signifie littéralement l'amour (philo) de la sagesse (sophia) On perçoit tout de suite l'écart entre la définition première de la philosophie, conçue comme une mode existentielle, et la philosophie telle qu'elle est enseignée de nos jours. L'ouvrage de Pierre Hadot se donne pour mission de renouveler notre définition de la philosophie en revenant aux sources. Ce philosophe français contemporain, grand spécialiste de la période antique, a toujours placé au centre de ses préoccupations la philosophie comme métamorphose totale de la manière de voir le monde. [...]
[...] Enfin, il s'attarde sur les écoles de philosophie à l'époque impériale en montrant qu'elles commencent à s'écarter de cette conception de la philosophie comme mode de vie Les écoles philosophiques de Platon à l'époque hellénistique L'enjeu politique Platon croit à la possibilité de changer la vie politique pour l'éducation philosophique des hommes, par une éducation à l'amour du bien. Hadot souligne cependant le risque que cette intention politique soit oubliée durant les études et la pratique spirituelle puisque le milieu éducatif est séparé de la cité, et il rappelle la remarque de Platon selon laquelle il faudra forcer les philosophes à être rois L'auteur semble ainsi nous rappeler que la philosophie, dès ses débuts, comporte en elle le risque de s'éloigner de la vie. Aristote distingue quant à lui la vie philosophique de la vie politique. [...]
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