En 1782, Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos publie son roman épistolaire "Les Liaisons dangereuses". En plein siècle des Lumières et peu avant la Révolution, il aborde dans son roman la question de l'éducation des femmes. Quelles images critiques en donne-t-il ?
[...] Quelle est donc la réponse de Laclos à la question de l'éducation des femmes ? Puisque ni l'éducation religieuse, ni l'éducation libertine ne sont valables, la seule éducation véritable est finalement la littérature. Laclos l'applique en mettant en garde les femmes du danger des liaisons car, malgré le scandale provoqué, par cette oeuvre accusée de nuire aux bonnes moeurs, c'est bel et bien un roman d'éducation que Laclos a signé. Son projet n'est d'ailleurs pas implicite : le titre complet est Lettres recueillies dans une société et publiées pour l'instruction de quelques autres Après avoir démontré l'inefficacité de la première image qu'il donne de l'éducation des femmes et la perversité de la deuxième, Choderlos de Laclos exalte donc la littérature en montrant ses bienfaits et son utilité pour les jeunes filles et plus largement, pour chaque personne de la société, puisque Danceny est également victime des roués. [...]
[...] Tout d'abord, à travers les personnages de Cécile de Volanges et de Madame de Tourvel, l'auteur expose l'éducation religieuse des femmes du XVIII° siècle. En effet, la jeune Cécile sort du couvent à l'âge de quinze ans où elle a passé plusieurs années, comme il était d'usage dans l'aristocratie. Mais elle n'a pas reçu de véritable éducation : elle n'a aucun savoir scientifique ou littéraire, sa formation s'est limitée à son futur rôle d'épouse et à la prière. La jeune Volanges est donc restée naïve et puérile, telle une très jeune enfant. [...]
[...] D'une intelligence supérieure et précoce, elle se forme également à travers la lecture des philosophes, moralistes et écrivains. Elle montre en effet son érudition tout au long du roman, au travers de nombreuses citations de Montaigne à Piron. Je suis mon ouvrage revendique-t-elle. De plus, éprise de liberté, elle refuse de se remarier alors qu'elle est encore jeune veuve. À maintes reprises, le lecteur remarque son habileté, mais c'est surtout lors de sa ruse qui piège Prévan que la Marquise affirme sa suprématie sur les hommes. [...]
[...] Sa bonté naturelle, entretenue par la religion, la rend cependant vulnérable et naïve : elle ne doute pas de la franchise des gens qui l'entourent, et surtout pas de celle du Vicomte, ce qui la poussera dans ses bras. Son retour au couvent à la fin du roman, comme celui de Cécile de Volanges, est éloquent : toutes deux préfèrent se retirer du monde pour lequel elles n'étaient pas préparées. Ensuite, Laclos montre dans son roman le modèle de l'éducation libertine, antithèse de l'éducation religieuse, à travers la Marquise de Merteuil. [...]
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