La scène 3 du premier acte est marquée par l'entrée en scène de Phèdre. Cette entrée a largement été préparée durant les scènes précédentes. On la sait en effet être « une femme mouvante qui cherche à mourir » et qui est « atteinte d'un mal qu'elle s'obstine à taire ». Oenone, la nourrice et confidente de Phèdre, elle-même, pleure son impuissance (v 146). L'héroïne semble porter en elle le thème de la mort. Le début de cette scène fait enfin éclater la lumière sur le mal caché de la jeune fille. Ainsi, la lumière de l'aube met la scène sous le signe du dévoilement. Nous assistons avec cet extrait à l'une des scènes les plus réussies du théâtre à travers l'intensité que nous ressentons à sa lecture. En effet, la tension entre le secret et l'aveu transporte le lecteur dans une dramatisation contribuant à la mise en scène tragique de l'héroïne.
Nous verrons par ailleurs dans un premier temps comment l'aveu est théâtralisé. Puis, nous étudierons dans un second temps la tragédie de l'aveu. Enfin, nous mettrons en relief le silence de l'aveu.
[...] Ce qui devait arriver est arrivé. Il s'agit bien d'un destin inéluctable contre lequel personne ne pouvait lutter. Comme toutes les pièces de théâtre tragique, cette scène vise à éveiller chez les spectateurs à la fois de la pitié et de la terreur. Son but est la catharsis, c'est-à-dire la purgation des passions. Et en effet, le lecteur se retrouve parfaitement entre ces deux sentiments. On a d'une part pitié de Phèdre qui semble être le jouet de son hérédité et des dieux. [...]
[...] Elle semble ainsi constater le poids des voiles et des secrets Puis, au fur et à mesure que le soleil se lève, son secret, lui aussi est en train d'apparaître. Par Oenone, la nourrice Oenone signifie nourrir. Etymologiquement donc, celle-ci fait accoucher Phèdre de la vérité. En effet, elle commence tout d'abord à implorer sa maîtresse : Madame, au nom des pleurs que pour vous j'ai versés dit- elle au vers 243. Puis, elle se met à la questionner du vers 255 à 258. [...]
[...] Refrain de douleur que Phèdre et sa famille semblent bien connaître. La tragédie divine O haine de Vénus : Cette interjection au vers 249 marque une persécution divine. Par ailleurs nous noterons que la scène entière est parcourue par le nom de Vénus. On retrouve en effet sa mention à plusieurs reprise, au vers 257 Puisque Vénus le veut au vers 277 Je reconnus Vénus et ses feux redoutables au vers 285 Quand ma bouche implorait le nom de la déesse ou encore au vers 306 C'est Vénus tout entière à sa proie attachée Nous remarquerons que ce dernier vers présente Vénus à l'image d'un vautour. [...]
[...] Phèdre tremble et frissonne (vers 262). Son corps est ainsi ravagé par la grandeur de sa faute et de sa culpabilité. Le corps et la confession : C'est cette fois un corps qui semble revivre après son aveu. C'est un corps qui n'est plus envahi par la faiblesse. Toutes ses fonctions ont repris. Elle voit de nouveau Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; un trouble s'éleva dans mon âme éperdue. dit-elle aux vers 273-274. Son corps semble être réanimé : Je sentis tout mon corps et transir et brûler (vers 276). [...]
[...] Le dilemme de l'aveu : Phèdre se trouve devant un dilemme. Elle est en effet déchirée entre deux choix impossibles : soit elle parle et elle meurt, soit elle se tait et là encore elle meurt. Elle doit donc faire face à un questionnement tragique qui semble être sans issue. La résolution de se taire : Je meurs pour ne pas taire un aveu si funeste dit Phèdre. Cette phrase est révélatrice des paroles d'horreur et de culpabilité que l'héroïne ressent. [...]
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