Robert castel est sociologue, formé à l'école de Pierre Bourdieu et Michel Foucault. Il est l'auteur des ouvrages suivants : Les métamorphoses de la question sociale ; Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi (avec C. Haroche), L'insécurité sociale et La discrimination négative.
Dans son ouvrage La métamorphose de la question sociale, R. Castel explique que l'émergence d'une société salariale a engendré une civilisation du travail au sein de laquelle la position de l'individu est subordonnée à son emploi et à la protection sociale qui en découle. Selon lui la modernité se caractérise par une précarisation croissante de la société salariale qui a des conséquences non seulement dans la formation d'exclus mais aussi dans la fragilisation du lien social et du rôle intégrateur de l'Etat. L'Etat est le seul alors capable de limiter les effets du marché et de l'individualisme négatif, qui, certes ont libéré l'individu de ses anciennes dépendances, mais qui le conduisent aujourd'hui à subir une instabilité professionnelle et sociale destructrice.
L'ouvrage Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi retrace l'histoire de l'affranchissement de l'individu vis-à-vis des grands groupes sociaux dont il était dépendant. La condition de l'émergence de l'individu moderne est ici présentée comme le droit à la propriété privée, pour devenir le droit à une propriété sociale, le travail devenant le fondement de l'autonomie. Finalement, l'individu moderne est un individu par défaut puisqu'il a toutes les difficultés du monde à rester autonome et indépendant dans une société du risque et de la précarité (...)
[...] L'emploi est alors segmenté entre catégorie relativement stable en CDI protégée par les règles de licenciement et une fraction instable en contrat temporaire. J. Gautié[1] relève également trois grands maux français de la protection sociale en France dont le dualisme, la rigidité et l'insécurité, et ses analyses rejoignent celles de Castel. Il explique la chose suivante: le niveau global de protection de l'emploi est particulièrement élevé en France, les licenciements économiques individuels et collectifs y sont encadrés de façon stricte. [...]
[...] Castel, le meilleur moyen d'aider une personne à devenir un individu indépendant à part entière est de l'aider grâce à une protection sociale et juridique à travers le droit, mais cet aspect fera l'objet d'une analyse plus tard. La ré-individualisation de l'aide sociale renvoie à l'individu la responsabilité principale d'assumer lui-même les aléas de sa trajectoire professionnelle, or les différents groupes sociaux sont inégalement armés pour faire face à des exigences nouvelles, les moins qualifiés, ceux qui possèdent le moins de capitaux financiers mais aussi culturels seront désavantagés. Cette transformation obéit en fait à une critique de l'Etat social et de sa façon de dépenser l'argent. [...]
[...] C'est l'apparition alors des zones grises de l'emploi, hybrides qui voient se mêler travail et non travail, assurance et assistance, intégration et désaffiliation, ce qui multiplie la prise en charge des risques par l'Etat social. Or, cet Etat social est contesté d'une part par le phénomène de mondialisation des échanges qui amenuise alors l'autonomie de l'Etat et sa capacité à mettre en œuvre des politiques macroéconomiques d'emploi et de protection sociale, d'autre part, l'Etat est contesté dans sa manière de protéger puisqu'il procède par des régulations générales qui concernent de grandes catégories homogènes de population, ne prenant pas ainsi en compte l'hétérogénéité des situations et des trajectoires individuelles. [...]
[...] Maurin est un phénomène qui s'exprime principalement dans les sociétés dite à statut dont fait partie la France. Une société à statut résulte d'une politique mettant en place un droit du travail protecteur ainsi qu'une protection sociale développée. En France, cette politique n'a été possible que dans la mesure où la France connaissait une croissance économique forte et régulière et un chômage très faible. Mais le choc de 1973-1974 qu'a connu l'économie française ébranle les dispositifs de protection alors mis en place dès l'après-guerre dans le contexte de reconstruction et de modernisation de la France, mais curieusement, la crise économique ne remet pas directement en cause ces statuts, puisque ce n'est pas le démantèlement des statuts qui a précédé les montées du chômage mais au contraire l'émergence du chômage de masse qui a entraîné un renforcement des protections des salariés, les mesures d'après crise se caractérisent donc par une protection du salariat, plutôt que de mettre en œuvre des politiques de soutien et de formation à ceux qui n'ont pas d'emploi. [...]
[...] Celui-ci ne doit plus être passif en assurant une garantie de revenus distribuée automatiquement. Le nouvel impératif social est l'activation de dépenses passives qui consiste à mobiliser les individus, elles doivent les inciter à agir, la contrepartie de l'aide sociale réside en fait dans la participation de l'individu, c'est pourquoi Castel explique qu'elle obéit à une logique de marché, il s'agit d'un donnant-donnant Or, selon Castel, la protection sociale est un service public et non un service marchand dans l'emploi, La France réalise la combinaison de deux modèles en la matière, celui du workfare anglais dont la philosophie relève du principe pas de droit sans devoir et l'activation danoise. [...]
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