La publication en 1550 du recueil de Du Bellay "Un petit traité intitulé l'Olive" désigne par son propre titre, la nature théorique et pratique de l'ouvrage uniquement composé de poésie. Mais la première édition de 1549, précédée de "La Défense et illustration de la langue française", fait apparaître au second plan comme le veut l'usage, la pratique poétique comme « art de seconde rhétorique ». Or, la théorie première explique l'ambition poétique et politique du poète visant à donner ses lettres de noblesse à la langue française.
Grâce à la métaphore filée de l'olive, il exprime la nature de cette figure polysémique qui désigne l'amante mais avant tout la plante, symbole de Minerve qui peut rivaliser avec le laurier d'Apollon décerné à Pétrarque, et également objet de fertilité qui image la croissance de la langue française. Et si la réédition en 1550, permettra au poète de mettre l'accent sur son projet en travaillant sur la structure et les développements thématiques, il est important de noter que l'ajout le plus important est greffé à la suite des cinquante sonnets originels dont la composition ne change pas.
Il existerait donc dans la première version du recueil, une structure interne déjà si bien établie, qu'elle ne nécessite pas de transformation véritable. Le sonnet XXVII "Quand le soleil lave sa tête blonde", qui se trouve presque au milieu du premier recueil, serait alors susceptible d'occuper une place stratégique. Sans rentrer plus avant dans l'analyse, il serait possible de considérer la célébration de la beauté de la dame enfin nommée dans le sonnet XXIV, comme le motif dominant d'une grande première partie. Le thème suivant aborde la douleur provoquée par l'absence de l'objet aimé jusqu'au sonnet XXX à partir duquel l'élégie acquiert une dimension plus abstraite.
[...] - De plus, la répétition syntaxique de deux groupes nominaux un coit sommeil un doux repos sans bruit dont la signification est identique et pourraient être remplacés par une seule unité le calme renforce cette accentuation. - Il s'agit donc ici pour le poète, de mettre en valeur l'absence de sa dame sans laquelle le monde, à l'image de lui-même apparaît comme privé de vie, endormi. Mais l'objectif peut être également de montrer la prééminence du travail poétique sur l'objet aimé. [...]
[...] Elle est d'ailleurs à la différence du sonnet 27, présente dans les poèmes de même thématique, ce qui renforce cette volonté. - Le sonnet 24 la nomme : Olive Le sonnet 26 est fondé sur une longue plainte désignant un amour cruel une prison qui lui donne tourment et blessure mais qui réclame directement à l'aide du pronom votre la grâce de sa belle aux vers 3 et 9. Le sonnet 28 répète à trois reprises le pronom vous - En outre, le travail anaphorique qui reprend à l'identique les sonorités des rimes embrassées du premier quatrain, comme chez Pétrarque, met ici en relief un lien particulier entre la nuit et le verbe nuire grâce à la figure de la paronomase (lexie proche et sens différent). [...]
[...] Cependant, le travail de Du Bellay sur ce vers permet une amplification particulière de cette image. - En effet, la structure même du vers montre la mise en valeur du complément circonstanciel en l'Océan au vers 2 grâce à un procédé de rejet, mais également par la majuscule qui lui est donnée. - Or, à l'époque où les poètes cherchent à établir une perfection formelle grâce à la structure rigide du sonnet, la séparation du verbe et de son complément circonstanciel coupant le rapport entre mètre et syntaxe est porteuse d'un sens précis. [...]
[...] - Pétrarque lui-même va même jusqu'à confronter les deux soleils et donner avantage au soleil terrestre je les ai vus certains jours se lever en même temps ; et sur un point, et à la même heure, celui là fit disparaître les étoiles et disparut lui-même devant celui-ci livre sonnet 164. - Ronsard reprendra cette image dans les amours, livre sonnet 5 : je parangonne au soleil que j'adore / L'autre soleil : celui là de ses feux / Enlustre, enflamme, illumine mes yeux / Et cestuy-ci toute la terre honore. Cependant, la proposition relative qui suit, attire l'attention sur une particularité propre à un autre symbole. [...]
[...] - Ainsi que le déclarent Emmanuel Buron et Nadia Cernogora dans Du Bellay p.67 l'amour humain fait éprouver à l'amant, la force qui organise le monde. - Or, dans ce vers, le poète déjà privé de sa dame ainsi que le monde est privé de feu, éprouve l'angoisse du déséquilibre du monde à cause de l'absence d'un des quatre éléments qui empêche les étoiles de luire. - La figure du métagramme, variante de la paronomase (la différence des deux lexies ne porte que sur un phonème), réunit par la rime deux substantifs opposés nuit et luit provoquant un effet oxymorique qui marque fortement cette perturbation. [...]
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