La Peste - Albert Camus : l'oeuvre et le message

Résumé du document

La Peste présente, dans l'histoire des lettres, un cas singulier : tout se passe comme si, en même temps que l'écrivain, l'époque y avait travaillé. Les circonstances viennent faire évoluer, au jour le jour, un projet qui, sans elles, serait peut-être resté simplement une sèche dissertation philosophique.

En 1938 paraissent La Nausée, de Jean-Paul Sartre, et en 1939 Le Mur: deux chefs-d'oeuvre qui vont faire beaucoup pour la célébrité du jeune écrivain et pour la vogue de l'existentialisme. Camus, qui les admire, ne peut pourtant s'empêcher de réagir dans ses articles de L'Alger républicain: il se sent éloigné du pessimisme de Sartre et il affirme que, si l'existence n'a pas de justification, il nous appartient précisément de lui imposer nos propres valeurs.

Extraits

[...] Les faux remèdes la dévolution de la personne à la collectivité (danger de la tyrannie stalinienne) ; l'assujettissement de l'homme à une domination céleste : le premier sermon du Père Paneloux et son erreur; les idéaux arbitraires (l'idéal de paix de Tarrou) Le vrai remède : C'est l'action. Action qui ne réclame pas seulement du courage spectaculaire (défiance de Camus à l'égard de l'héroïsme), mais de la prudence et de la patience. Dans cette action, nous sommes tous embarqués. Même Rambert ne peut y échapper. Dépassement, chez Camus, de l'attitude de révolte solitaire (L'Étranger) et passage à la reconnaissance d'une communauté dont il faut partager les luttes. Mais sauvegarde de la liberté individuelle au sein de cette lutte collective. C. [...]

[...] Au même moment, l'œuvre connaît une orientation nouvelle. Place est faite au médecin intrépide. Le journaliste Rambert, qui s'est voulu étranger à la ville endeuillée, rallie l'effort commun. Tarrou vient offrir à Rieux de constituer, pour l'aider, des formations sanitaires volontaires. Et il n'est pas jusqu'au bureaucrate (Grand) qui ne puisse rendre des services au secrétariat. Les phases de lutte et de découragement, les étés où la violence redouble et les hivers où elle ne relâche pas son étreinte, les habitants de la France occupée ont bien connu cela La Libération, ou le temps de la solitude La Peste recule, puis disparaît, non sans qu'après coup il y ait des victimes encore (la mort de Tarrou, celles des rescapés des camps de concentration). [...]

[...] Le projet d'Albert Camus. Un existentialiste insatisfait. En 1938 paraît La Nausée, de Jean-Paul Sartre, en 1939 Le Mur: deux chefs-d'œuvre qui vont faire beaucoup pour la célébrité du jeune écrivain et pour la vogue de l'existentialisme. Camus, qui les admire, ne peut pourtant s'empêcher de réagir dans ses articles de L'Alger républicain: il se sent éloigné du pessimisme de Sartre et il affirme que, si l'existence n'a pas de justification, il nous appartient précisément de lui imposer nos propres valeurs. [...]

[...] Il est ce voyageur limpide et ravagé qui feint l'indifférence. En 1940, il achève précisément L'Étranger. Mais ce sont bien des étrangers qu'il met en scène dans les ébauches de La Peste qu'il rédige alors. Dans un canevas daté d'avril 1941, un philosophe écrit une anthologie des actions insignifiantes» et tient, sous cet angle, le journal de la peste. Autre journal rédigé par Stéphan etc L'engagement dans la lutte Mais bientôt Camus s'engage dans la Résistance. C'est l'époque aussi où il est le prodigieux éditorialiste de Combat. [...]

[...] Le salut : la confiance en l'homme Je n'ai pas de goût pour l'héroïsme et la sainteté dit Rieux. Ce qui m'intéresse, c'est d'être un homme C'est donc une leçon d'humanisme que donne Camus dans La Peste. I. Espérer dans la condition humaine La perpétuelle confrontation de l'homme et de l'absurde est un signe de grandeur Espérer en l'homme Rieux s'assigne pour tâche de dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes «plus de choses à admirer que de choses à mépriser Mais un espoir lucide Il ne s'agit pas de faire de l'homme un dieu, mais de tenir compte de ses faiblesses pour en mieux cerner la grandeur. [...]