Cette étude vise à présenter et analyser les différents personnages de la pièce, dans l'ordre de leur entrée en scène. Électre, flanquée de son jeune frère, apparaît entre deux groupes de personnages: contre elle, le couple Égisthe-Clytemnestre et son double dérisoire, Le Président-Agathe; pour elle, Le mendiant, La Femme Narsès. Mais le pour et le contre s'inversent à la réflexion: les premiers retenaient Électre sur la pente tragique où elle s'engageait, les seconds la poussent à aller jusqu'au bout de son personnage. On notera en particulier l'inversion des positions respectives d'Égisthe et de Clytemnestre, puisqu'au départ Égisthe seul voulait imposer à Électre ce mariage scandaleux avec le Jardinier, dont heureusement Clytemnestre la protégeait, tandis qu'à la fin Égisthe se retrouve proche d'Électre, et Clytemnestre la plus éloignée.
[...] et mais parce que Oreste s'est substitué au Jardinier 5). Ainsi, ce jardinier n'aura été que l'occasion d'un cortège folklorique (à la scène il arrive en costume de fête, accompagné des invités villageois), puis de très jolis couplets sur l'amour et la sagesse des humbles l. 1023-1080) : il est le contraire du héros tragique et c'est pourquoi, rejeté de l'action, il lui appartient à l'entracte de venir la commenter devant le rideau, opposant la résignation et la foi de son personnage élégiaque et bucolique à la fierté pure et due des héros tragiques. [...]
[...] Sa sœur le prend au mot : Va pour une heure Il dort encore auprès d'elle au début de l'acte II, mais Électre va bientôt l'éveiller et désormais il est pris dans l'engrenage tragique. Les Euménides l'enchaînent et le bâillonnent (II l. 2847-2848), jusqu'à ce que les Mendiants, sur l'ordre d'Égisthe (l. 3271), le délivrent (II l. 3279). Il entre en scène pendant le premier récit du Mendiant, apprend ainsi qu'Égisthe et sa mère sont les meurtriers d'Agamemnon. Sous le coup de cette révélation, il sort l'épée à la main et nous apprenons par le second récit du Mendiant qu'il a frappé les yeux fermés, atteignant par hasard sa mère avant d'achever Égisthe. [...]
[...] Ils l'ont tué, elle et son amant, et depuis sept ils continuent de cacher leur liaison. Elle avait chassé son fils, sa fille ne l'aime pas, son amant la trompe, et la voilà peu à peu désignée comme la criminelle, traquée et saignée comme une bête (II l. 3430-3433), alors qu'elle était d'abord une victime. Électre. Qui est-elle ? Son nom pourrait signifier : la lumineuse. Elle veut faire toute la lumière, elle la fera, jusqu'à cette aurore de sang, d'incendie et de victoire. [...]
[...] Que tout devient clair à la lampe d'Agathe ! (II l. 2810-2811) Le Président est un cousin éloigné du jardinier. Second président du tribunal, mérite-t-il son nom de Théocathoclès gloire des Dieux d'en bas selon certains commentateurs) parce qu'il pourvoit les enfers en condamnés à mort ? Son caractère le porte plutôt à l'indulgence et il lui en faut beaucoup pour supporter sa femme, Agathe. Parfait représentant de l'humanité moyenne, à défaut de clairvoyance il a du bon sens, à défaut de courage de la prudence tout le contraire d'Électre qu'il se trouve avoir à décrire pour Oreste 2). [...]
[...] Le Femme Narsès, désignée comme on désigne une délinquante dans les tribunaux, porte le nom de son mari, l'homme le plus bête du monde (narkè en grec signifie engourdissement, torpeur). Le Mendiant annonce son arrivée dès la scène 3 (l. 675-676) et nous prévient : ce n'est pas une beauté ! Elle n'entrera qu'à la fin de l'acte II, pour les deux dernières scènes, avec les mendiants, les infirmes, les aveugles, les boiteux, - renfort décisif pour Électre, qu'elle appelle ma fille avec son consentement. Personnages anonymes. [...]
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