C'est autour des trois personnages principaux masculins du livre, le père Goriot, Vautrin et Eugène de Rastignac, que s'installe à la fois l'intrigue et les réseaux thématiques essentiels de l'œuvre. Je vais me concentrer sur les deux figures paternelles du roman : Goriot et Vautrin. En quoi ces deux personnages se complètent-ils ou divergent-ils ?
[...] Dans le père Goriot , le père a le rôle positif. C'est lui qui est la figure de conquête, d'affirmation, d'ouverture du monde Il y a un philosophe dans ce roman : celui qui naît en Rastignac, celui qui naît du déchirement de la conscience du père , celui aussi qui à la fois dans un coin et au centre du tableau, dit les choses et le monde : Vautrin. Pour conclure, je dirais que le couple Vautrin-Rastignac vient donc structurellement s'articuler avec le couple Goriot-Rastignac. [...]
[...] Archange déchu qui veut toujours la guerre poème infernal Vautrin distille comme un poison, dans la conscience de Rastignac, les vérités d'une morale où les sentiments ont moins de place que les comptes et les calculs. Et lui, qui est si peu un homme à femmes lui apprend à leur donner du plaisir pour construire, à son tour, à travers elles (Victorine ou Delphine) les chemins de sa fortune et de sa carrière. Vautrin est un héros de l'hypocrisie et de la clandestinité, du pouvoir tyrannique mais obscur. C'est un père, un Dieu mais toujours contraint à n'exister qu'à travers Rastignac, à survivre par procuration à travers Eugène qui lui échappe. [...]
[...] Vautrin discourt et raisonne sur le fond d'une expérience récente, vécue et comprise comme historique et politique. Il parle et s'adresse à tous, parce qu'il met en cause les fondements mêmes du monde. Dans la leçon d'existence que Vautrin donne à Rastignac, il cherche à déniaiser son protégé de tous les garde-fous de la morale sociale : il n'y a pas de principes, il n'y a que des événements, il n'y a pas de lois, il n'y a que des circonstances. [...]
[...] Goriot existe tellement par cette passion pour ses deux filles qu'il finit en réalité par n'exister que pour elles et par elles, oublieux de tous les autres sentiments ou calculs qui ne serviraient pas cette tendresse jalouse et égoïste. Généreux et indulgent à l'extrême dès qu'il s'agit de «Fifine ou de Nasie le père Goriot, aveuglé par son obsession paternelle, peut ainsi se montrer d'une indifférence totale à l'endroit d'autres souffrances comme celles de Victorine. La passion mortelle et usante qui l'habite est nourrie de folies et d'ambiguïtés. [...]
[...] Je vais me concentrer sur les deux figures paternelles du roman : Goriot et Vautrin. En quoi ces deux personnages se complètent-ils ou divergent-ils ? Nous montrerons comment chacun d'eux est l'intermédiaire d'une part original de l'important investissement affectif et intellectuel que Balzac a mis dans ce livre autour de la double idée de paternité et d'éducation. Nous verrons dans un premier temps comment Goriot incarne la paternité torturée, puis nous verrons comment Vautrin incarne, lui, la paternité diabolique. Personnage éponyme du roman, c'est-à-dire qui donne son nom au livre, Goriot est la figure sinon la plus complexe, du moins la plus explicite et la plus pathétique du thème de la paternité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture