L'œuvre se présente comme un triptyque, en trois parties égales, savamment pondérées. L'œuvre s'ouvre sur un cadre tragique, le personnage, un inconnu, est au bord du suicide, puis il se voit offrir un talisman magique, une Peau de chagrin qui réalise tous les souhaits du possesseur dont l'espérance de vie est symbolisée par la surface de la Peau qui se réduit au gré des désirs. L'espoir renaît, et la première partie (Le talisman) se conclut par une agape, un banquet fastueux, lieu de profusion même d'excès. Le héros, Raphaël de Valentin, emporté par le vin dans une orgie de paroles, raconte ses jeunes années, son ambition et surtout ses amours déchirantes pour la comtesse Fœdora, La femme sans cœur, tandis qu'il se refuse à aimer Pauline, jeune fille sans beaucoup de moyens à qui il donne des leçons. La seconde partie est ce monologue romantique, achevée par l'accomplissement du premier grand souhait de Raphaël, qui permet d'arriver à la troisième partie, L'agonie, la chute fatale du personnage
[...] Et quand Raphaël veut se suicider dès le début du roman, ce n'est pas non plus la première fois, il avait déjà entrepris un projet de débauche suicidaire avec Rastignac, il voulait une mort digne, grandiose et les deux amis avaient commencé une vie vouée à l'excès, dilapidant l'argent qu'ils avaient gagné au jeu. Aussi La femme sans cœur permet-elle à la maestria balzacienne de s'exprimer à travers la bouche d'un poète ivre, lyrique tour à tour déchiré et exalté. [...]
[...] Puis l'émotion grandit encore quand il la rencontre. Sa voix est mélodieuse elle sourit avec grâce Mais quand Pauline était caractérisée par l'ingénuité, la candeur, Fœdora est une femme sure d'elle, qui selon Raphaël avait dû jadis être fort passionnée elle préparait son regard avant de le poser sur un homme. Certes la première description de la comtesse est passionnée, presque apologétique, mais Raphaël est conscient que le personnage est double et qu'il se cache en elle une seconde femme. [...]
[...] Partout et toujours se produit le même rétrécissement de l'espace vitale et du temps à vivre, symbolisés par le talisman de Raphaël de Valentin Balzac qui s'est toujours intéressé à la science, a été initié aux problèmes physiques tels que le mouvement, la presse hydraulique d'après Pascal et les fluides impondérables, ces problèmes même qui sont abordés dans La Peau de chagrin. Les problématiques du roman 13 Pauline / Fœdora Ange / Démon Lors de son récit, Raphaël fait état de deux femmes, l'une à qui il donne des leçons et qu'il se refuse à aimer, Pauline. L'autre, une comtesse russe, riche de qui il tombe éperdument amoureux, Fœdora. Raphaël rencontre une jeune fille discrète, fine et naïve, puis une femme sophistiquée qui se révèle être un cœur de pierre, une femme sans cœur. [...]
[...] Si on ne peut rien faire à cette Peau, c'est parce qu'elle est un symbole du destin qui s'acharne sur Raphaël, quoi qu'il fasse, la Peau ne se modifie pas, comme son existence, une fois le pacte passé, est condamnée. Aussi lui reste-t-elle attachée, il ne peut s'en débarrasser, faire fi du contrat signé avec la mort : il jette la Peau au fond d'un puits dans un inexprimable mouvement de rage croyant pouvoir rompre la malédiction, mais bien vite le jardinier lui ramène l'inexorable Peau de chagrin qu'il a trouvée en allant chercher un seau d'eau. [...]
[...] Cela permet de comprendre l'emploi du terme générique chagrin, qui désigne aussi la tristesse, la peine, la souffrance, que le héros connaît, notamment dans la dernière partie au titre explicite : L'agonie. Raphaël lorsqu'il choisit de franchir le Rubicon, exalté à l'idée de vivre dans l'excès et l'orgie quotidienne, signe un pacte avec la mort, et son talisman n'est plus que l'appeau du chagrin Eléments biographiques Certains éléments de la vie de Raphaël sont tirés de la vie de l'écrivain. [...]
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