« Le mérite vaut bien la naissance » écrit Marivaux dans La double inconstance. Cette phrase aurait pu se trouver dans la bouche de Jacob, le paysan devenu bourgeois dont Marivaux retrace l'histoire dans Le Paysan parvenu.
Ce roman décrit l'histoire de Jacob, un paysan qui a réussi une fulgurante ascension sociale en douze jours. Ecrit à la 1ère personne du singulier, on jouit d'une narration à double perspective dans la mesure où le Jacob qui narre l'histoire a le recul des années -puisqu'il est maintenant installé richement à la campagne-; grâce aux insertions du discours direct, nous pouvons également percevoir l'histoire du point de vue de Jacob paysan.
[...] lancé par Bel Ami. Aucun signe de conquête à venir, le regard de Jacob se porte vers le sol, là d'où il vient. La dynamique de cet excipit est portée par un mouvement descendant, comme si la terre rappelait à Jacob ce qu'il était : un paysan. La clôture de ce roman est l'effet de surprise qui était absent du titre : aux portes du théâtre, le lieu où porter un masque est le seul moyen de vivre, Jacob peine à jouer ce qui devrait être son propre rôle. [...]
[...] Ici, la superbe de Jacob qui a marqué le récit, un Jacob superbe qui n'a pas honte de lui et qui dissimule avec habileté, s'effrite. On voit les failles dans sa carapace. si petit : par la taille, mais aussi par la naissance. Dans le monde des grands, Jacob se sent petit car il sait qu'il n'a pas le port d'un aristocrate. Le maintien désigne un port de tête, une attitude > même son physique, son attitude, le trompent. Il est trompé par son allure, qui n'est pas celle d'un prince par exemple. si gauche, si dérouté vs. [...]
[...] Le masque tombe. 2ème partie : regard rétrospectif sur un parcours rapide et nuances sur son succès Il est vrai aussi que je n'avais pas passé par assez de degrés d'instruction : 1ère fois que Jacob reconnaît avoir sauté trop vite le pas, selon ses propres termes. Passé par : idée d'étapes, d'une progression qui est progressive justement. Or, si on regarde le parcours de Jacob, très peu d'étapes puisqu'on a une compression temporelle > ce qui se fait normalement sur plusieurs décennies est ici ramassé en 12 jours. [...]
[...] Jacob abaisse sa contenance vers le sol, il la tire au sol, la pousse à terre. Ces courbettes sont ridicules et en fait la risée des bourgeois. Il ne faut pas ici voir Jacob comme un imbécile qui fait des courbettes sans se rendre compte à quel point son geste est risible. pas un qui ne me fît des compliments pour avoir la sienne : devient réellement le dindon de la farce pour employer une expression de Feydeau. Personnage ridicule, il ne se rend même pas compte qu'il provoque les rires : les Monsieurs en question se pressent pour avoir des compliments afin de le voir effectuer ses courbettes ridicules. [...]
[...] Le verbe venir de suppose quelque chose de récent, comme quelque chose d'à peine achevé. En effet, ascension sociale de Jacob est à peine réalisée, il se retrouve quelque peu précipité dans cette société d'aristocrates à la Comédie Française. Or, il n'a pas cette éducation cad qu'il n'a pas l'office qui fait de lui quelqu'un de bourgeois. On voit alors ici une dimension d'inachevé, quelque chose qui n'est pas entièrement terminé. En effet, il y a un manque, que Jacob définit comme le manque d'éducation mais en tant que lecteur, on sent bien qu'il s'agit d'autre chose. [...]
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