Comment les Grecs ont-ils pu croire aux mythes et y ont-ils vraiment cru ?
Les mythes sont des légendes qui relatent la mise en place du monde existant, ses origines, ses anecdotes, ses personnages, au temps où les hommes, les héros, et les Dieux se côtoyaient. Ce sont les récits des anciens qui, dans un premier temps, ont été transmis oralement de génération en génération, puis de façon écrite, grâce aux récits d'Homère et Hésiode (VIIIème siècle avant J-C). Pendant longtemps les Grecs y ont véritablement cru et ne se posaient pas de questions sur la crédibilité du locuteur : il répétait ce qu'il avait entendu, « la tradition était là et c'était la vérité ». Il existait une confiance parfaite entre le locuteur et ses lecteurs : on ne vérifiait pas ses dires. Il importait peu pour l'historien de croire ou non en ce qu'il relatait, son devoir était de transmettre les légendes. Hérodote (historien grec du Vème siècle avant J-C) avoue donc « mon devoir est de dire ce qu'on m'a dit, mais non de déclarer; là vaut pour tout le reste de mon ouvrage ».
Les mythes sont remis en cause à partir de la période hellénistique (IV ème - I er siècle avant J-C). Les historiens ont en effet voulu rendre ces légendes vraisemblables puisqu'une partie de la population, l'aristocratie, est devenue incrédule face à ces mythes. Ils ont donc ôté des légendes de ce qui était physiquement incroyable (comme les Gorgones) et de ce qui était historiquement impossible, la coexistence des Dieux et des mortels par exemple. L'idée de Pausanias (IIème siècle), de Thucydide (IIIème siècle avant J-C) et d'autres, est que tout ce qui n'existe pas aujourd'hui, ne pouvait exister avant et ne peut donc être vrai, et est donc à écarter des mythes (on ne voit pas les Dieux aujourd'hui, c'est donc qu'ils n'existent pas). Cette volonté d'ôter aux mythes tout ce côté irréel traduit l'envie des historiens antiques de transformer ces mythes en histoire.
Malgré cette « purge » des mythes, ceux-ci n'ont pas perdu leur côté incroyable et fictif. Les écrivains ont continué à raconter les mythes tels quels, en émettant parfois quelques doutes sur la réalité de tel ou tel fait, ou en supprimant quelques détails. (...)
[...] Il en arrive à conclure que les Grecs ont bel et bien cru à leurs mythes malgré les contradictions existantes entre ceux-ci. Il conclut également que, nous, nous avons également nos mythes et que nous y croyons même si ceux- ci ne sont ni vrais, ni faux, mais simplement parce qu'ils sont le fruit de notre imagination constituante A chaque époque sa vérité et ses critères du vrai et du faux pour la déterminer. Son travail est fortement illustré par de nombreux exemples tirés de la mythologie grecque. [...]
[...] Nous croyons tous en des choses qui peuvent paraître fausses pour d'autres. Il n'y a pas de vérité générale, universelle. La vérité est historique et donc relative. [...]
[...] Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? est l'un des premiers ouvrages de Veyne qui a trait à la philosophie même s'il a jugé a posteriori cet ouvrage philosophiquement ( . ) d'une maladresse extrême Comment les Grecs ont-ils pu croire aux mythes et y ont-ils vraiment cru? Les mythes sont des légendes qui relatent la mise en place du monde existant, ses origines, ses anecdotes, ses personnages, au temps où les hommes, les héros, et les Dieux se côtoyaient. [...]
[...] Pendant longtemps les Grecs y ont véritablement cru et ne se posaient pas de questions sur la crédibilité du locuteur : il répétait ce qu'il avait entendu, la tradition était là et c'était la vérité Il existait une confiance parfaite entre le locuteur et ses lecteurs : on ne vérifiait pas ses dires. Il importait peu pour l'historien de croire ou non en ce qu'il relatait, son devoir était de transmettre les légendes. Hérodote (historien grec du Vème siècle avant avoue donc mon devoir est de dire ce qu'on m'a dit, mais non de déclarer; là vaut pour tout le reste de mon ouvrage Les mythes sont remis en cause à partir de la période hellénistique (IV ème - I er siècle avant J-C). [...]
[...] Historien- philosophe, il se revendique de Nietzsche et de Foucault, et s'est particulièrement intéressé à l'épistémologie des sciences historiques comme en témoigne son premier livre, Comment on écrit l'histoire : essai d'épistémologie (1971). Provocateur à la plume caustique, il défend une certaine forme de scepticisme en histoire, voire de relativisme. Outre ses travaux d'histoire et d'épistémologie, on lui doit un décryptage de la poésie de René Char (René Char en ses poèmes, 1990), ainsi qu'un livre d'entretiens où il revient sur son parcours personnel et intellectuel, Le Quotidien et l'Intéressant (1995). [...]
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