[...]
L'étonnante ascension du nombre de brevets en Angleterre, à partir de 1760, a été interprétée par Christine McLeod, Inventing the Industrial Revolution. The English Patent System, 1660-1800, 1988, comme le signe non pas du démarrage de l'industrialisation, mais plutôt de la "conscience croissante de l'existence du système de brevets et comme une réaction défensive, ou opportuniste, à son égard".
L'accélération du progrès technique génère quant à elle un débat historiographique. L'Europe du XVIIIe siècle voit un glissement de l'attention du domaine spirituel vers celui des choses matérielles. La curiosité est favorable à la nouveauté. L'homme du XVIIIe siècle a lui-même la conscience de franchir le seuil d'un "âge scientifique". La collaboration entre industriels et savants est favorisée par le contact au sein des sociétés savantes (qui sont les institutions de diffusion du savoir en Europe au XVIIIe siècle), comme la Royal Society, la Society of Arts ou la Lunar Society de Birmingham.
Mais le regroupement de ces hommes ne signifie pas pour autant que le savoir scientifique aide au développement des techniques. Le progrès est plutôt le résultat de tâtonnements empiriques (savoir-faire plutôt que formation abstraite). Les inventions sont rarement le fruit du hasard, mais répondent bien à un besoin économique.
Une fois certains processus lancés, le progrès technique peut manifester une capacité de se développer de manière autonome, stimulus de nouveaux progrès. Par exemple en Grande-Bretagne la construction ferroviaire peut s'appuyer sur les capacités productives déjà installées dans la sidérurgie. On peut aussi adapter un procédé déjà appliqué avec succès dans un secteur techniquement proche (par exemple la mécanisation de la filature du coton qui s'inspire du travail de la laine et du lin).
[...]
Jusqu'au dernier tiers du XIXe siècle, la production était peu organisée par des institutions officielles de recherche ou des laboratoires d'entreprises. Bien qu'au milieu du XIXe siècle s'amorce peut-être une évolution d'un patron "commerçant" vers un patron plus "technicien". Cependant, jusque dans les années 1840 il n'existe pas en Grande-Bretagne de cursus spécifique pour la formation d'ingénieurs : ils acquièrent leurs savoirs "sur le tas".
Vers 1850 la Révolution industrielle est un processus encore inachevé, la mécanisation n'est que partielle, la machine à vapeur ne s'est pas imposée dans tous les secteurs et la majorité des travailleurs industriels travaillent dans des ateliers plutôt que dans des usines. On parle alors de secteurs "révolutionnés" et de secteurs "non révolutionnés" (ces derniers ne sont cependant pas restés entièrement imperméables au progrès technique) (...)
[...] Révolution agricole en Angleterre : une réalité ? Il s'agit d'un processus lent qui remonte au moins au milieu du XVIIe siècle pour s'étendre jusqu'au milieu du XIXe siècle. C'est le fait d'un passage d'une agriculture de subsistance à une agriculture capitaliste caractérisée par de grandes exploitations. Les enclosures ne sont qu'une étape préalable et n'entraînent pas forcément un progrès de la production et de la productivité. Cette lente transformation caractérisée par l'intensification du travail, le recul de la jachère n'est pas étrangère à ce qui se passe en Flandres dès le XVIe siècle. [...]
[...] Il atteint son maximum entre 1750 et 1830. Avant 1750, ce sont surtout le cas de grands propriétaires qui convertissent leurs terres en prairies pour y pratiquer l'élevage. L'enclosure suppose un remembrement préalable des parcelles de la propriété. Les cottagers (paysans sans terre cultivant sur les communaux) sont les plus touchés. Les enclosures par consentements mutuels font place de plus en plus aux enclosures par act, ratifiées par le Parlement (avec un pic durant les guerres napoléoniennes). La principale raison du propriétaire d'enclore est la valorisation de ses terres par des améliorations telles le passage de la culture à l'élevage ou la suppression de la jachère. [...]
[...] La théorie de la proto-industrialisation Théorie avancée par F. Mendels : le passage à l'industrie moderne est une forme précise d'organisation mixte, à la fois rurale et urbaine, en plein développement au XVIIIe siècle. Elle est caractérisée par une imbrication complexe entre le travail à façon rural et celui effectué dans des ateliers urbains, sous la direction d'un entrepreneur de la ville, par une commercialisation de la production a un niveau national (voire international), ainsi que par sa complémentarité avec d'autres régions d'agriculture commerciale. [...]
[...] L'industrie cotonnière est le premier secteur industriel en 1811-1813 ( du revenu national), tandis que les productions de la sidérurgie (soutenue par les besoins de la marine de guerre) ont été multipliées par quatre entre 1788 et 1810. Le moteur de la croissance britannique est le fait des exportations (le marché américain gagne en importance). Face au Blocus, la Grande- Bretagne diversifie ses marchés vers l'Amérique latine, le Brésil et le Levant. L'industrialisation jusqu'à l'ère des chemins de fer en Grande- Bretagne Le progrès de la production industrielle s'explique par la hausse de sa productivité. L'industrie progresse plus par élargissement que par intensification. [...]
[...] (Mezzogiorno italien, Balkans). Il a souvent été répété que révolution industrielle était une expression impropre, d'abord parce qu'il ne s'agit pas d'une révolution et aussi parce qu'elle ne concerne pas que l'industrie. Le caractère progressif a été mis en avant. Un grand mouvement de croissance des activités manufacturières s'affirme et se confirme dès la fin du XVIIe et le début du XVIIIe, avec des nuances chronologiques selon les pays, faisant apparaître l'Europe comme débordante d' industries d'activités très différenciées, riche d'innovations, saisie par un esprit nouveau du progrès, d'industrialisme et de consommation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture