Dans « Froid d'Islande », le texte préfaciel à son livre Le Nom sur le bout de la langue, Pascal Quignard énonce son projet d'écriture : « Je racontai le rudiment d'un conte dans lequel la défaillance du langage était la source de l'action. Ce motif me paraissait le destiner, mieux que toute autre légende, à la musique. Les musiciens, comme les enfants, comme les écrivains, sont les habitants de ce défaut » (p.9-10). On voit au travers de ces quelques lignes les différentes facettes du projet littéraire qui meut l'ensemble de son œuvre.
Il apparaît en effet que les formes d'expression qu'il emprunte appartiennent souvent à la fiction. Pensons à ses romans comme Les Escaliers de Chambord, et à ses courts récits, de véritables contes, dont Tous les matins du monde et Le Nom sur le Bout de la langue – en tout cas en partie pour ce dernier texte - sont deux exemples. Il les considère comme les formes privilégiées dans la transmission des messages et des idées qu'il souhaite formuler. On verra donc en quoi la diversité formelle de l'expression de Pascal Quignard est vectrice de richesse, ce à travers la forme brève du conte qui mêle registre merveilleux et habileté narrative, à travers le symbolisme mythique et religieux, mais aussi au travers de l'ambiguïté entre fiction et réalité.
[...] In Le Nom sur le bout de la langue, p.85. In Tous les matins du monde, p.55. In Le Nom sur le bout de la langue, p.14. In Tous les matins du monde, p.80. In Le Nom sur le bout de la langue, p.10. In Le Nom sur le bout de la langue, p.73. In Le Nom sur le bout de la langue, p.73. In Tous les matins du monde, p.66. In Tous les matins du monde, p.67. [...]
[...] Quignard s'interroge donc bien sur la question de l'écriture, mais également sur la question de l'écrivain en tant que figure. On verra que se dessine, comme en filigrane, au long de ses œuvres, une écriture de l'indicible et de l'indécidable. Comme la musique et le langage des enfants (les infans, ceux qui ne parlent pas encore), l'écriture habite le défaut de la langue : Un écrivain se définit d'ailleurs simplement par ce stupor dans la langue La position de Quignard face à l'écriture est celle du désir. [...]
[...] Sa réflexion à ce sujet est sous-jacente ou explicite dans ses œuvres. Chez Quignard, la plupart des personnes respectent des temps de silence et, quand elles parlent, leurs voix respectives ne sont qu'éclat, fracas assourdissant, explosion tonitruante comme s'ils étaient incapables de communiquer. Monsieur de Sainte-Colombe restreint au minimum les contacts de parole avec son élève Marin Marais. Il répète le même impératif : Jouez ! Jouez et Marin Marais ne sait que lui répondre : Non ! ( ) Non ! [...]
[...] C'est ainsi que le conçoit Marin Marais quand il répond à Sainte-Colombe qui lui demande ce qu'est pour lui la musique : Je cherche les regrets et les pleurs (p.112). Selon Sainte-Colombe, la musique est ce qui vient pallier à la défaillance de la parole, ce qui peut exprimer l'indicible : La musique est simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut pas parler (p.113). Elle est un petit abreuvoir pour ceux que le langage a désertés (p.114). [...]
[...] In Le Nom sur le bout de la langue, p.71. In Le Nom sur le bout de la langue, p.94. Comme le note Bruno Blanckeman dans Les récits indécidables, P.U. du Septentrion, coll. Perspectives p.149. In Le Nom sur le bout de la langue, p.104. In Le Nom sur le bout de la langue, p.106. In Tous les matins du monde, p.114-115. In Le Nom sur le bout de la langue, p.52. [...]
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