Partir en Guerre, décideurs et politiques face à l'opinion publique, Natalie La Balme, German Marshall Fund of the United States, opinion publique, Martin Kriesberg, Walter Lippmann, Gabriel Almond, Philip Converse, dictature de l'opinion, fiche de lecture
Nathalie La Balme est docteur en Science Politique de l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Elle est maître de conférences à l'Institut d'Études Politiques de Paris et elle est responsable de programme au bureau parisien de la fondation américaine German Marshall Fund of the United States. Elle dirige le sondage "Transatlantic Trends", un baromètre annuel réalisé par cette fondation aux États-Unis et dans 10 pays européens.
Nathalie La Balme est l'auteur de nombreux articles, notamment L'influence de l'opinion publique sur la gestion des crises, publié en 1998 et The French and the use of force : public perceptions and their impact on the policy-making process publié en 2001. En 2004, elle a écrit L'influence des médias sur les décisions de politique étrangère en France, une mémoire de D.E.A de relations internationales, Université de Paris I, sous la direction de Samy Cohen.
[...] Le livre de Nathalie La Balme est très clair et facile à lire. La démarche argumentative est très solide. À chaque étape de la démonstration, un résumé succinct, mais précis des idées développées dans la partie permet de cadrer la démarche. L'auteur expose des analyses américaines sur la matière qui donnent une largeur de vues au propos du livre. De plus, les nombreuses analyses de cas (par exemple, l'envoi de forces françaises en Somalie, l'opération « force alliée » au Kosovo, l'opération Turquoise en Rwanda, l'engagement de la France en ex-Yougoslavie, l'action américaine en Afghanistan, les actions de François Mitterrand lors de la guerre du Golfe) permettent d'approfondir le sujet et d'éviter les approches argumentatives simplistes. [...]
[...] « Certains décideurs politiques peuvent faire référence à l'opinion publique et tirer argument de la sensibilité de l'opinion pour influencer leurs partenaires nationaux ou internationaux, pour justifier d'une action ou d'une inaction » L'existence d'autres facteurs déterminants du processus décisionnel. Pour Samy Cohen, l'analyse de la politique extérieure doit prendre en compte le rôle des acteurs étatiques (président, administrations . ) et non étatiques (médias, opinion publique, groupes de pression), ainsi que des facteurs organisationnels comme les luttes d'influence ou les débats au sein du gouvernement. Nathalie La Balme, expose aussi certaines variables qui permettent d'expliquer le degré d'influence de l'opinion et les modalités que prend cette influence : 1. [...]
[...] Il n'y a pas de décisions de politique internationale (surtout dans les domaines des interventions militaires) qui ne soient pas prises sans tenir compte de l'opinion publique, passée, présente et à venir. Cependant, ce poids du public n'est pas systématique et son l'influence est en fait « complexe et à géométrie variable ». III. Des freins à une possible « dictature de l'opinion » Nathalie La Balme, suggère que le comportement des décideurs français mélange la prudence et l'écoute de l'opinion, d'une part, et l'autoritarisme, de l'autre. Les décideurs politiques ne sont pas « esclaves » de l'opinion parce que certains freins s'imposent à son influence : 1. L'effet de l'information disponible. [...]
[...] De plus, les minimalistes remettent en cause les sondages comme outils révélateurs de l'état de l'opinion. Les tendances exprimées par les sondages ne seraient pas fiables parce que la probabilité de répondre ou pas à une question est socialement conditionnée. Ainsi, devant une question portant sur des sujets qui ne leur sont pas du tout familiers, la plupart des gens répugnent à dire « je n'ai pas d'opinion sur cette question » et préfèrent répondre au hasard ». Et pour Patrick Champagne, l'opinion publique, prétendument révélée par les sondages, n'est en réalité « qu'une construction ad hoc, résultante de la manipulation des opinions individuelles atomisées ». [...]
[...] La sensibilité à l'opinion du décideur politique variera selon la position qu'il occupe dans le système décisionnel. La dimension humaine, le volontarisme de tel ou tel décideur politique, ainsi que le consensus au sein de l'exécutif produisent aussi des effets sur la capacité d'influence du public. D'après Hubert Védrine, « l'impact des mouvements d'opinion sur la politique étrangère est comparable à celui des vents sur la course d'un voilier. Car tout coup de vent ne devrait pas déterminer la destination du bateau En politique étrangère, c'est la même chose ». [...]
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