Avec son recueil de poèmes en prose achevé en 1938 et intitulé Le parti pris des choses, Francis Ponge nous offre une œuvre discrète et rédigée avec beaucoup d'humilité. Ces textes sont le reflet de sa conception de la parole poétique. En effet, nous pouvons nous intéresser à la dimension métapoétique de ce recueil. En écrivant Le Parti pris des choses, l'auteur compose également sur la poésie elle-même. Quelle part de responsabilité Ponge s'attribue-t-il vis-à-vis de ses poèmes et du langage ? Avec ses trente-trois poèmes en prose, grand tableau fragmentaire et leçon de choses, écrits avec beaucoup d'humilité mais aussi de révolte, Ponge se pose comme tenant d'une tradition littéraire très forte tout en gardant une place dans la modernité. Il s'applique à montrer le drame de l'expression en faisant le choix d'un langage « non-littéraire », en se démarquant du poétique. Notre auteur serait-il le premier du côté de l'existentialisme, du réel ? Ou du côté de l'avant-garde littéraire par son travail sur la langue ? Peut-être s'adonne-t-il à une double démarche en travaillant à la fois sur l'objet et le langage, noyau même de sa poésie.
[...] Cependant, la cosmologie pongienne tire son originalité du fait qu'elle ne possède pas de dieu. Le lecteur passe directement des objets concrets à la langue, à l'univers verbal. Quel sens peut- on attribuer au mot choses ? Le lecteur peut le comprendre dans un sens très large. Les choses seraient pour le poète des paysages Bords de mer des animaux Le papillon des objets du quotidien La bougie le minéral et le végétal La mousse ; Le galet des êtres humains Le gymnaste Tout ce qui peut être décrit intéresse l'auteur. [...]
[...] D'autre part, le poète s'amuse avec les titres de ses poèmes. Il arrive que l'incipit d'un texte provoque une anaphore avec le titre qui le précède à l'exemple du premier poème nommé Pluie : La pluie, dans la cour où je la regarde tomber De plus, le lecteur doit demeurer attentif à la graphie, aux lettres employées dans les titres. Une lettre peut renvoyer à une image et illustrer par elle-même l'objet que le poète tente de décrire. Ponge joue alors avec des mots-valises, entreprend une propagation phonétique et graphique à l'intérieur de ses poèmes C'est le cas pour Le gymnaste La lettre Y contenue dans le mot gymnaste s'apparente également à une figure acrobatique : Moulé dans un maillot qui fait deux plis sur l'aine il porte aussi, comme son la queue à gauche Ainsi, le poète aimerait laisser à la postérité des formules qui mimeraient le jaillissement de la chose inventer une forme de rhétorique pour chaque objet. [...]
[...] Ils essaient également de définir leur rôle, le statut même de poètes. Avec son recueil de poèmes en prose achevé en 1938 et intitulé Le parti pris des choses, Francis Ponge nous offre une œuvre discrète et rédigée avec beaucoup d'humilité. Ces textes sont le reflet de sa conception de la parole poétique. En effet, nous pouvons nous intéresser à la dimension métapoétique de ce recueil. En écrivant Le Parti pris des choses, l'auteur compose également sur la poésie elle-même. [...]
[...] Notre poète lui, perçoit ces choses en dehors de l'utilitaire et comme faisant partie physiquement de la nature. Il crée une véritable psychologie de l'objet. Dans Le cageot le poète use d'une personnification amusante durant la description de l'objet : légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques. En effet, il ne faut pas se fier aux apparences des choses Toutes portent en elle une richesse que le poète tente de nous révéler. [...]
[...] L'anti-lyrisme de Ponge L'auteur du Parti pris des choses récuse la vulgarité lyrique n'appréhende en aucun cas son œuvre affectivement et prétend dresser l'objet contre le sujet. Nous l'avons constaté, le monde de l'inanimé, du muet se pose comme son principal site d'élection. En revanche, comme l'énonce Michel Collot, Ponge fait preuve dans son œuvre d'un lyrisme inattendu Dans certains poèmes, au moment où l'objectivité parait parfaitement établie, une pointe de subjectivité apparait. Avec son poème intitulé De l'eau l'auteur se trahit plus que de coutume : Plus bas que moi, toujours plus bas que moi se trouve l'eau. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture