Henri Charrière dit Papillon (né le 16 novembre 1906 et mort le 29 juin 1973), est aux cotés d'Alfred Dreyfus, le bagnard français le plus connu. Cet ancien transporté a gravé son nom dans l'histoire à coups d'évasions et de best-sellers. Le 27 octobre 1931, « Papi » est condamné aux travaux forcés à perpétuité au bagne français de Guyane pour « homicide sans préméditation », crime qu'il aura toujours nié. En 13 ans, il organisera plusieurs cavales dont la première seulement 43 jours après son arrivée à Saint-Laurent du Maroni.
Son premier livre "Papillon", raconte ses multiples évasions et décrit les terribles conditions de détention et l'absurde horreur du système pénitencier français. Très vite, Henri Charrière devient une personnalité aussi mystérieuse qu'incontournable du monde artistique et littéraire français.
Son livre fut rapidement adapté au grand écran par Franklin J. Schaffner, avec Steve Mac Queen et Dustin Hoffman. Dans sa préface, Jean Pierre Castelnau cite Charrière quand il parle du livre l'Astragale d'Albertine Sarrazin (cet ouvrage raconte aussi une vie de cavales et sa lecture aurait donné au futur autobiographe l'envie d'écrire): « C'est beau, mais si la môme, avec son pied cassé et allant de planque en planque, a vendu 123 000 livres, moi, avec mes trente ans d'aventures, je vais en vendre trois fois plus ».
Impossible de savoir si ses motivations étaient purement économiques, mais il est certain que Papillon avait des choses à raconter. Plus que son histoire, ce livre raconte celle de la France qu'on n'aime pas, celle que l'on ne veut pas voir, presque aussi noire qu'à ses heures sous Vichy.
Aujourd'hui, nous pouvons nous demander si la justice républicaine était vraiment efficace en cette période et comment elle a pu construire et entretenir un système pénitencier aussi éloigné de la France que des valeurs humanistes qui ont fondé ce pays.
[...] Mais toutes n'étaient pas soumises au même régime. Il y avait les peines politiques et les peines de droit commun (peine politique : la déportation).il y avait deux relégations possibles : La relégation collective à St Jean du Maroni (les relégués travaillaient pour l'Administration Pénitentiaire), et la relégation individuelle (permettait à ceux ayant obtenu un bon classement d'être en semi-liberté et parfois même d'obtenir une concession). La transportation était le traitement réservé aux cas les plus durs relevant généralement des cours d'assises. [...]
[...] La loi de 1854, relative à l'exécution de la peine des travaux forcés et à la transportation, installe le bagne d'Outre-Mer. Assortie de l'institution du doublage de la peine de travaux forcés, elle répond à plusieurs préoccupations des décideurs de cette époque. Premièrement, éloigner définitivement les individus indésirables sur le territoire national. Deuxièment, peupler les colonies au moyen d'une main-d'œuvre qui leur fait défaut depuis l'abolition définitive de l'esclavage en 1848. Et enfin servir aux progrès de la colonisation française. Avant d'atteindre la terre Guyanaise, les forçats sont transférés depuis leur lieu d'incarcération vers le point d'embarquement, l'île de Ré. [...]
[...] À 50 ans passés, il doit renoncer à l'action parlementaire et entame une traversée du désert à laquelle l'affaire Dreyfus mettra un terme. Cette affaire politico judiciaire, bien connue de tous, a failli provoquer une guerre civile et a privé de liberté un innocent pendant de nombreuses années en l'envoyant au bagne. Ce scandale est le symbole moderne et universel de l'iniquité au nom de la raison d'État. D'autres affaires suivront telles que celles de Guillaume Seznec, Stavisky et bien d'autres. [...]
[...] La date du départ enfin arrivée, munis de leur paquetage ettondus la veille, ils embarquaient à bord d'un navire de la marine militaire. A partir de 1891 et ce jusqu'à la fin du bagne en Guyane, les condamnés sont transportés à bord de bateaux de la Société Nantaise de Navigation, les plus célèbres étant la Loire et la Martinière, ces deux bateaux étaient spécialement aménagés pour le transport des condamnés. Après un voyage de trois semaines dans des cages, malades du mal de mer et sans hygiène, la chaleur humide de l'atmosphère annonçait enfin l'arrivée aux condamnés. [...]
[...] Le lendemainil leur était distribué leur tenue: un chapeau de paille, une vareuse, et le célèbre pantalon de toile rayéede rouge. Chaque vêtement portait à l'encre indélébile le numéro de matricule, qui serait dorénavant la seule identité du condamné. Habillés, fichés, mesurés, et suivant leurs qualifications (ou capacités), ils étaient dirigés vers les différents lieux de travail. Les plus instruits se voyaient confiés des emplois de bureau de l'administration pénitentiaire, et pour les autres sans qualifications, c'était les travaux dans les camps agricoles ou forestiers ou, pour les plus chanceux, les travaux d'utilité dans la ville de St Laurent (entretien de la voirie, dockers, menuisiers).Les transportés étaient répartis sur les différents camps qui s'étendaient des Hattes, en bordure de l'océan, à la Forestière, sur le Maroni près du village d'Apatou. [...]
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