Michel Pastoureau pose d'abord la question de savoir si, au Paléolithique, l'homme dressait ou non un culte de l'ours. Il confronte les différentes thèses de ses homologues historiens, en s'appuyant sur de nombreuses recherches historiques et empiriques. Or, s'il n'apporte pas de réponse clairement définie au fait de savoir s'il existait ou non une religion de l'ours, il confère sans nul doute à l'animal de l'époque "un statut singulier (...), une place originale entre le monde des bêtes et celui des hommes" (...)
[...] Elle s'appuie sur les travaux à la fois de scientifiques, d'historiens, d'ethnologues et de linguistes. Elle ne se limite pas à un espace temps restreint, mais envisage la figure de l'ours dans son ensemble, en remontant aussi loin qu'il soit possible d'aller. Cette vision diachronique permet de voir de manière significative la dichotomie entre le culte autrefois voué à l'animal et sa déchéance. La seule limite qui pourrait être posée à cet ouvrage est le caractère un peu répétitif des informations qui nous sont livrées d'un chapitre à l'autre. [...]
[...] Dans les sagas, il est fréquent qu'un chef voie un ours en songe qui l'avertisse d'un danger. L'anthroponymie nous livre de nombreux exemples de guerriers dont le nom est construit sur celui de l'ours, en particulier en Europe du Nord. Il s'agit d'une osmose entre l'homme et l'animal, un moyen de bénéficier de sa puissance. L'étymologie du mot ours pourrait résider dans la racine germanique ghwer ou bher qui signifie le fort le violent ou encore dans la racine sanscrite bar qui signifie à la fois brun et brillant ».La dénomination du mot ours a été de bonne heure entourée de tabous et a donné lieu à différentes périphrases pour le désigner. [...]
[...] De même, la peau de l'animal qui protège du froid est recherchée et coûteuse. Malgré cette guerre menée par l'Eglise, de nombreux récits relatent des biographies de saints, accompagnés d'un ours. L'idée principale est celle de la rencontre entre l'Homme de Dieu et le roi des animaux, entre l'ordre divin et l'ordre naturel et sauvage (p.135). Le saint domine le fauve, il s'en fait obéir. Ces récits ont pour fonction première de lutter contrer les cultes païens rendus à l'ours. [...]
[...] Ainsi, lui vouer un culte n'a plus de sens. Pourtant, cela ne suffit guère. L'Eglise s'emploie donc à remplacer sur le calendrier chaque rituel païen lié au culte de l'ours par une fête de saint chrétien. A partir du Vè siècle, l'Eglise met en place un véritable réseau de fêtes chrétiennes, qui finissent par se substituer aux fêtes romaines et barbares L'ours chez le Diable A partir de l'époque carolingienne, la guerre faite à l'ours se renforce : elle se transforme en une diabolisation de l'animal. [...]
[...] A partir de l'époque carolingienne, une rupture importante s'opère : l'Eglise va s'attaquer à l'animal jugé le plus dangereux parce que le plus proche de l'Homme : l'ours. Chapitre 2. L'OURS COMBATTU de Charlemagne à St Louis 1. Le Saint plus fort que la bête Roi des animaux, redoutable et redouté, symbole de sauvagerie et de sexualité exacerbée l'ours ne pouvait que terrifier l'Eglise chrétienne du haut Moyen Age. Il lui apparaissait comme une créature du Diable (p.123) De bonne heure, l'Eglise tente de destituer l'ours de son trône de roi des animaux pour y installer le lion. Cette guerre faite à l'ours dura près d'un millénaire. [...]
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