Oscar Lewis, né à New York, au début du XXème siècle s'est toujours intéressé aux civilisations et aux différentes cultures qui peuplent le monde. Diplômé de l'Université de Columbia et professeur à l'Université de Washington et d'Illinois, il devient un ethnologue réputé. Se revendiquant comme « un écrivain qui ne fait pas de littérature », il publie en 1965, après Les enfants de Sánchez qui lui value le premier prix du meilleur livre étranger (1963), La Vida, sous titrée lors : Une famille portoricaine dans une culture de pauvreté : San Juan et New York. Cette œuvre anthropologique nous plonge dans la vie des Ríos, une famille vivant dans les taudis de ces deux grandes villes. Suivant le dicton populaire « no se puede tapar el cielo con la mano », Lewis dévoile au grand jour la misère quotidienne d'une des classes les plus pauvres de la société portoricaine à travers les portraits de certains membres de la famille sur trois générations, de la grand-mère aux petits enfants. Ainsi, chacun aborde des sujets aussi divers que la politique, l'éducation, la prostitution ou la religion, dans ce pays qui leur est si cher. Grâce à une méthode à la fois originale et précise, ces récits de vie à la première personne apportent un témoignage vivant sous une forme dramatique des terribles conditions de pauvreté et de pathologie sociale de Porto Rico vers ce milieu du XIXème siècle. La Vida apparaît alors comme la première œuvre s'intéressant à cette strate de la société.
A ce titre il est intéressant de se demander quels sont les aspects de cette culture mise en valeur par ces différents portraits empreints de spontanéité ainsi que les conclusions que l'on peut en tirer.
C'est ce que nous étudierons à travers le projet d'un Lewis anthropologue puis d'une œuvre aux allures de fenêtre avec vue sur la misère pour aboutir enfin au concept de culture de pauvreté qui émerge de ces récits.
[...] Dans un premier temps, il y a une motivation de la part de certains pour apprendre l'anglais et se familiariser avec les coutumes américaines mais cette acculturation ne perdure pas. Simplicio et Flora par exemple évoquent leur mode de vie à l'américaine, ils se déplacent en métro, prennent un copieux petit déjeuner et sautent le déjeuner, mais gardent toujours des habitudes de Porto Rico. L'espagnol reste la langue qu'ils pratiquent exclusivement, Flora recherche chez l'épicier des herbes et des fruits de sa terre natale, dans le bronx une grande partie des Portoricains sont regroupé dans le quartier d'El Barrio[7] et reproduisent ensemble les même habitudes du quotidien que celles de leur terre d'origine, on retrouve la loterie illégale, la bolita ils passent d'un appartement à l'autre pour boire jusqu'au matin. [...]
[...] Les femmes ont pour la plupart des cas recours à la prostitution pour survivre (c'est le cas de Fernanda et ses filles hormis Cruz). A la différence des mexicaines étudiées dans Les enfants de Sánchez, les femmes de cette famille ne se considèrent pas comme des victimes et prennent leur vie en mains avec ou sans mari, ce sont elles qui prennent l'initiative de rompre les unions et n'hésitent pas à traîner leur maris devant les tribunaux. Leur violence est surtout tournée vers les hommes pour qui elles n'ont aucune considération et font de l'amour maternel le seul et unique amour véridique et éternel. [...]
[...] C'est un secteur géographiquement et socialement en marge de la ville qui prend la forme d'une petite communauté quasiment indépendante avec une église, une école, un petit dispensaire, une maternité, des bars et des commerces, ce qui contribue d'avantage à la césure entre l'Esmeralda et le reste de San Juan. A l'intérieur de l'Esmeralda même, on distingue les maisons situées en haut près du grand mur qui les sépare de la ville et les taudis situés près de la plage. En partant du mur vers la mer, les maisons sont en ruines et le statut social de leurs occupants de plus en plus bas. [...]
[...] PINEAU, Les histoires de vie, Tome L'Harmattan Lewis précise au début de l'œuvre : «Afin de préserver l'anonymat des sujets de cette étude, les noms de tous les membres de la famille, ceux de leurs amis et voisins ont été changés. Lewis a discuté la valeur de cette méthode dans l'Introduction aux Enfants de Sánchez. Voir citation de Lewis dans l'introduction. La Vida est la première œuvre à s'être intéressé à la partie urbaine de Porto Rico dans la cadre d'une étude anthropologique. [...]
[...] Voir annexe 2. Les Portoricains sont citoyens américains depuis 1917. Lewis précise dans sa postface que le terme techniquement plus exact est subculture de pauvreté qui a été raccourci en culture de pauvreté Le concept de culture de pauvreté a été suggéré pour la première fois en 1959 dans l'œuvre de Lewis : Mexican case studies in the culture of poverty. [...]
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