L'oeuvre
Caractéristiques générales
Le roman a été écrit en 1948. Il s'agit d'un roman d'anticipation c'est-à-dire un roman dont l'action se passe dans un monde futur, à Londres, en 1984. Le monde, depuis les grandes guerres nucléaires des années 1950, est divisé en trois grands blocs : l'Océania (Amériques, Royaume-Uni, Océanie et Afrique), l'Eurasia (Europe et Russie) et Testasia (Chine, Inde, Mongolie, Tibet et Japon) qui sont en guerre perpétuelle les uns contre les autres. Ces trois grandes puissances sont dirigées par différents régimes totalitaires revendiqués comme tels : respectivement Pangsoc (ou socialisme anglais), le néo- bolchévisme, et le culte de la mort (ou oblitération du moi).
1984 est également une contre-utopie c'est-à-dire un récit de fiction se déroulant dans une société imaginaire qui au lieu de représenter un monde parfait propose le pire qui soit. La contre-utopie est la description d'un avenir sombre, d'une dictature sans pitié. Une utopie, c'est-à-dire une société idéale, n'est pas le fruit d'un concours de circonstances mais le résultat d'un plan réfléchi. Les sociétés utopiques, comme celle de Thomas More, sont « parfaites » parce que voulues comme telles. De même, une contre-utopie n'est pas simplement la description d'un monde effrayant : elle est la description d'un monde rendu effrayant par la réalisation raisonnée et consciente d'un projet politique. Le monde de 1984, est une contre-utopie en ce sens qu'il est, de même que le monde "parfait" de l'utopie, une création visant à réaliser sur terre un certain idéal. Le champ spéculatif de la contre-utopie est ainsi, comme l'utopie, celui des conséquences possibles de changements d'ordre politique mais contrairement à cette dernière, la contre- utopie propose un contre-modèle de société en insistant sur les dangers et les dérives possibles du monde réel.
1984 se déroule en Grande-Bretagne, où à la suite d'une guerre nucléaire entre l'Est et l'Ouest censée avoir eu lieu dans les années 1950, s'est instauré un régime de type totalitaire fortement inspiré à la fois du stalinisme et de certains éléments du nazisme. La liberté d'expression en tant que telle n'existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées, et d'immenses affiches trônent dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde » (Big Brother is watching you). (...)
[...] L'auteur Né aux Indes en 1903, d'une famille anglo-indienne, George Orwell, pseudonyme d'Eric Blair, est mort à Londres en 1950. L'œuvre d'Orwell porte la marque de ses engagements, qui trouvent eux-mêmes pour une large part leur source dans l'expérience personnelle de l'auteur : contre l'impérialisme britannique, après son engagement de jeunesse comme représentant des forces de l'ordre colonial en Birmanie ; pour la justice sociale, après avoir observé et partagé les conditions d'existence des classes laborieuses à Londres et à Paris ; contre les totalitarismes nazi et soviétique, après sa participation à la guerre d'Espagne. [...]
[...] Winston et Julia rêvent d'un soulèvement, d'une résistance. Winston en particulier croit au mythe d'une Fraternité qui existerait quelque part et unirait les gens comme lui et Julia contre le Parti. O'Brien, personnage intelligent et charismatique, membre du Parti intérieur, dont Winston a l'intime conviction qu'il est un partisan de la Fraternité, va à sa rencontre. O'Brien l'invite alors à se rendre chez lui, avec le prétexte de venir chercher un exemplaire de la dernière édition du dictionnaire de novlangue. [...]
[...] Cela lui sert à anéantir définitivement les prisonniers. Dans le cas de Winston, c'est sur sa phobie des rats que va «jouer O'Brien : il approche de son visage une cage pleine de rats prêts à le dévorer vivant (p. 401). Lorsque Winston, ivre d'angoisse, hurle Faites-le à Julia ! Faites-le à Julia ! (p. 402), O'Brien sait qu'il a détruit en lui ce qui restait de sensibilité et d'humanité. La réintégration est donc accomplie. Relâché, Winston est devenu alcoolique. [...]
[...] Il est torturé et humilié pendant des jours et des semaines jusqu'à ce qu'il perde toutes ses convictions morales et soit prêt à accepter sincèrement n'importe quelle vérité, aussi contradictoire soit- elle 2 et 2 font 5 pourvu qu'elle émane du Parti (p. 363-364). O'Brien le considère comme presque guéri »sur le plan intellectuel, mais pas encore au niveau de la sensibilité (p. 395-396). La dernière étape de la «réintégration» est donc arrivée : «elle passe par la salle 101 (p. 396). Dans cette salle, on inflige aux individus la pire chose du monde (p. [...]
[...] Cette question du bon sens peut être rapprochée du slogan du Parti selon lequel «Qui commande le passé commande l'avenir ; qui commande le présent commande le passé La théorie du Parti est que le passé n'existe pas en soi. Il n'est qu'un souvenir dans les esprits humains. Le monde n'existe qu'à travers la pensée humaine et n'a pas de réalité absolue. Ainsi, si Winston est le seul homme à se souvenir que l'Océania a été une semaine plus tôt en guerre contre l'Eurasia et non contre l'Estasia, c'est lui qui est fou et non les autres. Pourtant le fait est réel, mais seulement dans la mémoire de Winston. [...]
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