L'or et l'azur les manuscrits de la famille Rolin, Marie Josette Perrat, Nicolas Rolin, Jean Rolin, bibliothèque
Cet article porte sur la riche bibliothèque de la famille Rolin à Autun et plus particulièrement de deux de ses membres : Nicolas Rolin (1376-1462), Chancellier de Philippe le Bon duc de Bourgogne et de Jean Rolin (1408-1483), évêque d'Autun puis cardinal. Ces deux personnages étaient des bibliophiles et des mécènes importants de leur temps. Leurs manuscrits, richement décorés, sont connus à travers les donations qu'ils firent à différentes institutions ecclésiastiques à Autun et à Beaune, notamment à leur fondation majeure : l'hôtel Dieu de Beaune.
L'article fait également le point sur les goûts des Rolin en matière de livre et tente de recenser quelques manuscrits encore existants dans les fonds publics.
[...] Le volume est décoré de 22 grandes peintures consacrées à des scènes de la vie de la vierge et du christ. Elles sont l'œuvre du Maître des Prélats bourguignons, ainsi dénommé en raison des nombreuses réalisations qu'il a faite pour de grands ecclésiastiques bourguignons. Cet ouvrage montre que sa clientèle s'étendait aussi aux laïcs. L'œuvre de cet enlumineur était déjà présente dans les collections autunoises par le beau pontifical d'Antoine de Chalon [S151 exécuté pour le successeur de Jean Rolin au siège épiscopal d'Autun. [...]
[...] Son choix du décor montre une réelle maîtrise de son art. Un contrat riche d'informations Jean Rolin fit également profiter le couvent des Célestins d'Avignon de ses largesses. Les Archives départementales du Vaucluse conservent ainsi un contrat passé entre le cardinal Rolin et un enlumineur d'Uzès en 1448 appelé Maître Jean de Planis. Les termes de cette commande apportent d'intéressantes précisions : « Le 20 mars 1448, Maître Jean de Planis, enlumineur de livres, a fait promesse audit seigneur évêque, d'enluminer un missel ( ) qu'il a fait écrire par Dominique Cousserius, célestin, avec des histoires appropriées et des lettres capitales en or pur et fin sur champ compartimenté de bleu d'Acre et de rouge, avec des jetons, bien fidèlement et décemment sans quelconque fraude, ni falsifications, et de réaliser chaque histoire, bien dessinée, en or pur, lapis et pourpre, suivant la forme et les personnages convenus, selon les instructions dudit seigneur évêque, au prix de quinze gros chaque histoire et d'un écu d'or chaque centaine d'initiales susdites ( ) ; Ici, le noble Henri Tegrini, banquier et citoyen d'Avignon, répondant au nom dudit seigneur évêque ( ) promit au dit Jean [de Planis] de lui payer le prix convenu, en proportion de l'ouvrage réalisé et selon qu'il aura besoin d'argent ; et ledit Jean promit de faire ledit ouvrage ( ) et de bien et fidèlement garder ledit missel et de le restituer ainsi enluminé et totalement achevé au dit seigneur évêque d'Autun » Ce contrat nous donne de précieuses indications sur la réalisation d'une commande : L'artisan est qualifié d'enlumineur, ce qui le distingue du peintre classique Le texte confirme que copie et enluminure étaient réalisées de manière indépendante Il y a une hiérarchie entre les différents types d'enluminures à réaliser (histoires et initiales) Les matériaux utilisés coûtent cher et nécessitent donc un investissement préalable que paiera ici le banquier Jean Rolin montre qu'il est un commanditaire pointilleux : il surveille la progression de la réalisation, il impose les thèmes enluminés et impose des règles. [...]
[...] Le seigneur évêque a fait cela, que nul l'ignore, le septième jour du mois d'Août 1473. Il ne faut pas non plus oublier que Jean Rolin est à l'origine de la première édition imprimée du Bréviaire d'Autun. Amateur de manuscrits, il possède également des imprimés dont il voit évidemment l'intérêt. Les manuscrits d'origine locale Parmi les manuscrits offerts par le cardinal tous semblent réalisés par d'honnêtes copistes plus que par des artistes. Le type d'écriture est toujours la même et pourrait avoir été réalisé à Autun ou dans la région. [...]
[...] Il est donc normal que la majeure partie des livres offerts soient des manuscrits liturgiques ; mais il semble que ces livres avaient également pour but d'affirmer le prestige du cardinal. Il avait rassemblé des missels avec l'avidité d'un collectionneur passionné. Il les fait exécuter en grand nombre dans les ateliers locaux et en confie d'autres à des artisans de Paris, notamment le maître de Jean Rolin. Tous les exemplaires regorgent des marques de possession du cardinal (armes, devise Time Deum, etc Il achète également des manuscrits ayant appartenu avant lui à d'autres bibliophiles. [...]
[...] Le livre d'heures reflète le rang social de son possesseur mais aussi son goût. Si ce n'est pas le seul livre au foyer, c'est en tous cas le plus précieux et fait l'objet d'un grand soin lors de sa réalisation. Les illustrations sont choisies de manière plus libre que les autres livres liturgiques qui répondent à des compositions quasiment immuables. Fruit d'une commande individuelle, le livre d'heure montre une dévotion particulière d'une famille à un saint, une sainte ou plus souvent la Vierge. [...]
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