Les Onze, Pierre Michon 2009, François-Élie Corentin, Tiepolo, Comité de salut public, Robespierre, généalogie du tableau, Collot, Proli, Terreur, Danton, Révolution française, Carnot, Michelet, jacobins, cordeliers
François-Elie Corentin nous est décrit comme un homme pour l'instant inconnu ("il"), qu'aurait immortalisé, lorsqu'il avait toutefois vingt ans, sur le plafond de la résidence de Wurtzbourg, Tiepolo. Le page blond qui porte la couronne et qui est censé le représenter n'est pas un portrait ; l'homme peint par David dans le Serment du jeu de paume serait plus fidèle. Tous les autres portraits de lui sont soit des faux soit perdus.
Sa personne excita l'amour et la haine en même temps que l'imagination du narrateur, qui voit l'ensemble des personnages de la fresque de la résidence de Wurtzbourg agir par rapport au chérubin blond. Il aimerait l'évoquer dans la Venise des années 1750 ou encore en Franconie, lieux où l'inconnu aurait suivi en tant qu'apprenti Tiepolo, mais, comme il éprouve une grande hâte à raconter sa fin de vie, il s'en dispense. Toute la vie de l'inconnu mène de fait au tableau des Onze. Le commanditaire de la fresque fut Carl Philipp von Greiffenclau.
[...] Le narrateur décrit leur habillement. La plupart de ces hommes se sont enrichis en matant les révoltes qui éclatèrent dans les villes de province au lendemain de la Révolution. Ils étaient populaires et donc craints par Robespierre, Hébert et Danton. Le narrateur revient dès lors au tableau, sur lequel ils sont présents, avec bien sûr des cols alla paolesca. C. Les causes de cette commande Ramassant ses affaires, toujours en compagnie de trois dignitaires, Corentin rêve à l'argent de la commande. [...]
[...] Le narrateur aimerait voir ce spectacle de François-Elie et des deux femmes au bord de la Loire, du point de vue d'un ouvrier Limousin qui observe surtout les deux femmes. Il nous exhorte à nous imaginer dans cette boue, dans cette vie de Limousin. Une belle femme qui nous regarderait, nous, beau jeune homme limousin de vingt ans, serait alors comme une apparition divine ; les détournant, elle nous laisserait dire que « Dieu est un chien ». II. La généalogie du tableau A. [...]
[...] Le narrateur feint de s'interroger sur la nécessité de cette généalogie. Les « sirènes », chantant « mezzo voce », nous appelleraient à Combleux comme elles nous appelaient à Venise et à Wurtzbourg, pour empêcher le narrateur de parler de la toile des Onze. Alors même qu'elle devenait femme, Suzanne vivait chastement avec sa mère, sortant peu, et ce uniquement pour fréquenter de vieux abbés coincés et des poètes ou, parfois, des jeunes filles de son âge, seule occasion de rire. [...]
[...] Évidemment, cette scène à Combleux, aucunement relatée par biographes dont s'inspire le narrateur, sort de l'imagination de celui-ci. Le père de Corentin, qui aurait quitté l'Église pour épouser sa mère, serait aux abonnés absents, occupé qu'il ait été à dilapider la fortune de sa femme dans ses entreprises poétiques parisiennes. Il aurait envisagé les lettres comme une chose utile. Aussi aurait-il appartenu aux écrivains des Lumières. Il se serait inventé une particule et se serait fait Corentin de la Marche, nom que ne conserverait pas son fils. [...]
[...] Tous se mirent à rire tandis que Corentin acceptait. B. Le contexte de cette commande La Terreur dura de nivôse à thermidor. Selon Michelet, comme il n'y avait plus de Roi, les « frères » n'avaient plus que la mort pour se distinguer les uns et les autres, et ils s'entretuèrent donc. Les trois partis, sorte de trinité voulaient grosso modo la même chose : le pouvoir de la République. Chacun avait ses clubs (jacobins pour Robespierre, cordeliers tantôt pour Hébert tantôt pour Danton) et ses classes sociales propres, qui variaient au fil des périodes. [...]
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