Fresque romanesque, fonctionnaire international, satirique, combat donquichottesque
Comme Marguerite Yourcenar, Albert Cohen a renoué
tardivement avec son inspiration d'avant-guerre pour
donner en 1968 son chef-d'œuvre. Belle du Seigneur,
troisième volume, après Solal (1930) et Mangeclous
(1938), de la « saga » des Mangeclous qui s'achèvera
en 1969 avec Les Valeureux. Le roman-somme se prolonge et éclate.
[...] Le roman-somme se prolonge et éclate. Deux aventures parallèles L'aventure de son héros, Solal, est parallèle à la sienne. Albert Cohen est né à Corfou, dans une vieille famille juive de Céphalonie, analogue à celle des Valeureux autour desquels s'organise sa grande fresque romanesque. Il est devenu fonctionnaire international à Genève, comme Solal est sous-secrétaire général de la Société des Nations. L'émotion et l'humour Il existe apparemment deux Cohen : celui qui évoque avec une bouleversante simplicité sa mère défunte dans Le Livre de ma mère (1954) ; le satirique puissant, truculent même, qu'on a parfois présenté (dans un tout autre registre que Céline) comme un Rabelais du XXe siècle (tableau de la société internationale de Genève, légèreté des fonctionnaires internationaux, pusillanimité devant la montée du nazisme en 1936 et l'antisémitisme omniprésent). [...]
[...] La passion elle-même, qui entraîne Solal et Ariane Deume dans une aventure digne de celle de Tristan et Yseut, et dans un vertige suicidaire, ne résiste pas à ce qu'il y a de corrosif chez Cohen. Une dimension plus grande Même quand leurs interventions sont plaisantes, il faut accorder toute leur importance à l'action des Valeureux qui combattent l'injustice sociale. Solal lui-même ruine sa carrière dans un combat donquichottesque. Le dernier livre de Cohen, O frères humains, ses Carnets (1978) confirment cette dimension plus grande. vivante morte éblouie, à elle-même révélée. [...]
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