Cet ouvrage, recueil de plusieurs textes de différents auteurs, tente de défendre une certaine perspective postmoderne soulevée dans les politiques des nouveaux mouvements sociaux. Il s'agira de se focaliser sur les politiques du corps, de la race, du genre et de la sexualité dans une optique postmoderniste intégrant le microcosme des nouveaux mouvements sociaux utilisant une analyse culturelle et institutionnelle en vue d'une vision politique transformative.
Au-delà de ces considérations, ce volume présente la complexité d'une approche postmoderniste des identités à travers les critiques postmodernes de la modernité, les critiques sur le postmodernisme et la déconstruction même ainsi que l'approche postmoderniste d'un point de vue social et politique de l'identité.
[...] Originaire de l'intelligentsia française des années 60 refusant cette catégorisation de leur travail, la théorie postmoderniste s'est plutôt développée dans les années 80 en territoires anglo-saxons où primaient le pragmatisme, l'empirisme et le consensus libéral. Dans un contexte de changements de systèmes de production, de technologies, d'informations, de déterritorialisation et de globalisation, un changement culturel de gauche s'éveilla en vue de repenser une théorie sociale démocrate sur base de la théorie postmoderniste. Refusant l'essentialisme et l'universalisme rationnel des Lumières, différente d'une approche cohérente théorique du social ainsi que du poststructuralisme, cette théorie se base plutôt sur la déconstruction des phénomènes (en ce qui nous concerne, l'identité) pour en relever les forces contraignantes et ainsi établir une nouvelle approche mêlant le décentrage, le multiple et l'inconscient dans son discours.
[...] De son côté, Seidman s'intéresse plutôt à la « Queer theory », apparue dans les années 80 en réponse aux deux systèmes exclusifs que sont le mouvement pro-homosexuel et l' «hétérosexualisation». Opposé à ces formes prônant une exclusion par opposition binaire (hétérosexuels ou homosexuels), ce mode alternatif prône un anarchisme et pluralisme démocratique en repensant des catégories hybrides. Cette nouvelle approche sociale et historique veut remettre en question les hiérarchies normalisées au profit d'une tolérance et d'un renouveau des politiques culturelles et pratiques linguistiques communes célébrant l'individu et la différence. (...)
[...] Rejetant quelconque déterminisme et représentation stable et hégémonique d'une classe, l'idée d'identité se traduit plutôt par un réseau complexe de caractéristiques différentes, mouvantes en fonction de la situation, en fonction des visées politiques, en fonction des intérêts, Jonglant entre l'individuel et le groupe, l'identité est un mélange instable de ces deux facettes qui ne se définit que dans une certaine optique fixée pour un moment par le sujet même. En termes de finalité, il s'agit d'utiliser cette nouvelle définition d'identité pour pouvoir changer les choses d'un point de vue hiérarchique et politique. Sur base de l'identité, une mobilisation politique peut être envisagée afin de renverser la pensée dominante patriarcale et hétérosexuelle et d'aboutir à une nouvelle démocratie radicale que les postmodernistes espèrent voir un jour s'établir. «Social postmodernism. Beyond identity politics.», Nicholson Linda & Seidman Steven, Cambridge University Press, United Kingdom, 1995. [...]
[...] Au niveau de l'identité féminine, on assiste à un même schéma passant de la subordination de la femme pour cause biologique à une conception matérialiste métaphysique liant nature, culture et genre. En effet, la séparation du privé et public, du domestique au non domestique, donne sens au corps, expression d'un ordre cosmologique préétabli. Pour Laqueur, c'est bien d'une vue unisexe du corps (différence de degré entre homme et femme sur une même échelle) à une vision bilatérale (deux échelles différentes) que nous passons. Une position gynocentrique se construit petit à petit. Apparaît dès lors un féminisme de différence se basant sur la différence des organes. [...]
[...] Le féminisme est donc un ensemble de positions liées à travers des relations sociales apolitiques devenant lieu de conflit provoquant une mobilisation politique. Il exprime les intérêts des femmes et leurs valeurs et demande des droits égaux en tant que citoyens. Les femmes s'opposent aussi à la conception mâle de la société et au libéralisme construisant une citoyenneté à 2 sphères sexuelles. En remplacement, elles proposent une éthique maternelle dont la base est la famille et non plus les individus. Mais comme dirait Dietz, aucun argument liant la pensée maternelle et la pratique sociale aux valeurs démocratiques n'est avancé. [...]
[...] En effet, ce terme suppose une échelle de normalité et donc un phénomène de déviance et d'exclusion. Une question dès lors se pose à elle : comment mobiliser à des fins politiques? Spelman préfère, quant à elle, prendre en compte chaque facette pour former des catégories d'identification tout en prenant le risque d'une dissolution dans l'individuel. De là, Patton relève une prolifération d'identités redéfinissant un espace social et politique entraînant, pour Frazer, l'idée que «public» en politique devient une identité à part entière. [...]
[...] En effet, dans la pratique, tous les citoyens ont un manque dans un espace social instable et incomplet : ils choisissent leur identité en fonction de leur situation. L'intérêt est donc toujours en mouvement et instable. Un autre problème se pose aussi via la prolifération des identités : la division des intérêts qui pousse à la fragmentation du monde social et d'une politique d'action commune via des politiques de coalitions. En termes d'efficacité politique, Young nous propose alors une reconnaissance et représentation efficace des voix distinctes et des projets de groupes opposés en veillant à la transformation de chaque intérêt inter-groupal en but commun pour arriver à une politique démocratique efficace. [...]
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