Un des grands spécialistes de Gérard de Nerval, Léon Cellier, a écrit il y aura bientôt cinquante ans : « Les Filles du Feu ne sont pas des contes bleus ou roses. Tous les thèmes romantiques sont rassemblés ici en un délicat florilège et chacun est traité en des tonalités différentes, légères parfois, graves souvent, toujours musicalement pures : la Mélancolie, la Passion, le Rêve, la Fantaisie, le Voyage, le Chant, le Souvenir, la Nostalgie de l'enfance et du paradis perdu, l'Amour de la Nature, la Magie du Théâtre, la Quête de Joie, l'Inquiétude religieuse. » (...)
[...] C'est plus simple et plus complexe, comme l'écrit Gérard le 5 novembre 1853 à Maurice Sand à qui il demandait de crayonner quelques croquis : Le sujet est un amour de jeunesse : un Parisien, qui, au moment de devenir épris d'une actrice, se met à rêver d'un amour plus ancien pour une fille de village. Il veut combattre la passion dangereuse de Paris et se rend à une fête dans le pays où est Sylvie. Voilà bien le couple aimable à ceci près que l'amour de jeunesse pour la paysanne, dont le prénom est celui d'une anémone des bois, a été contrebalancé, dès les souvenirs les plus anciens, par celui d'une jeune aristocrate, Adrienne, disparue aussitôt qu'entrevue et rappelée par l'actrice Aurélie. Comment s'y retrouver ? [...]
[...] Entre Barrès , Proust et Bachelard La critique, bien sûr aussi, a son mot à dire. Sur Sylvie, pas de meilleur commentaire ou plutôt de meilleure relance de la course que celle de Barrès et de Proust. Il y est question de Sylvie mais c'est l'ensemble des nouvelles qui méritent d'être interprétées à cette lumière. Dans son Discours de réception à l'Académie, le 17 janvier 1907, le premier déclarait : L'automne enveloppe Senlis d'une douceur et d'une tristesse incomparables. Quand les bois commencent de s'effeuiller et que les cloches résonnent à travers la brume d'octobre, les cantons de Chantilly, de Compiègne et d'Ermenonville exhalent une mélancolie tendre et chantante, celle-là même qu'a recueillie Gérard de Nerval dans sa divine Sylvie. [...]
[...] Par là nous retrouvons, sur fond d'amour et de feu et, pourquoi pas, sous le patronage de la fée Mélusine, toute la diversité des sujets, des thèmes et des lieux des Filles du Feu. N.B. : Les éditions des Filles du Feu sont nombreuses en livres de Poche. Il existe aussi des éditions à part de Sylvie. [...]
[...] J'ai l'idée d'intituler cela Mélusine ou les filles du feu. Il y aurait cinq histoires répondant à ce titre : Angélique, - Rosalie, - Jemmy, etc. Je vous donnerai en même temps Sylvie mais vous savez que je ne m'engage là que relativement peut-être faudra-t-il y intéresser Lecou. Mais n'en parlez pas encore. Tout peut paraître comme cela a été dit. En post scriptum J'ai ici la traduction allemande de Sylvie traduite très exactement. Nous en causerons. [...]
[...] La note rustique domine, comme il est indiqué que le genre du paysage est celui des Watteau et des Lancret mais on pense aussi souvent au Souvenir de Mortefontaine de Corot. On comprendra mieux la nature de l'idylle si l'on s'élève d'un cran et si, par référence à d'autres termes et textes de Nerval, on y voit la combinaison d'un couple littéraire aimable à savoir la fantaisie qui préside à un poème célèbre de Nerval et le mysticisme qui regroupe quelques poèmes dans Petits châteaux de Bohême. Le nouveau couple, promu comme catégorie littéraire, tient tour à tour de la fantaisie des apparitions féminines et du mysticisme des représentations symboliques. [...]
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